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"C’était difficile d’entendre de la part de Fabien Galthié que je n’étais pas au niveau, mais ça valait le coup", assure Baptiste Couilloud (Lyon)

Par Nicolas Zanardi
  • "C’était difficile d’entendre de la part de Fabien Galthié que je n’étais pas au niveau, mais ça valait le coup"
    "C’était difficile d’entendre de la part de Fabien Galthié que je n’étais pas au niveau, mais ça valait le coup"
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Le rendez-vous avait été pris dans les couloirs du Matmut Stadium de Gerland avec Baptiste Couilloud, en cas de victoire dans le crucial derby contre Oyonnax. Un engagement finalement repoussé au lendemain, en raison des impératifs réceptifs de son club qui auraient par trop raccourci l’entrevue. Car effectivement, l’actuel meilleur marqueur d’essais du Top 14 avait beaucoup de choses à dire…

Votre équipe jouait très gros dans l’optique du maintien face à Oyonnax. On imagine que cette victoire, bonifiée qui plus est quatre minutes après la sirène, est synonyme d’une énorme satisfaction…

C’est le cas de le dire, ça a été un énorme soulagement. Nous sommes en train de négocier un bloc qui est critique et charnière pour notre saison, on savait qu’il était très important pour le Lou de bien négocier ces deux derniers matchs à la maison, en prenant un maximum de points face à La Rochelle et Oyonnax. Ça a été chose faite, malgré une physionomie du match assez particulière. Hier, j’ai vraiment eu la sensation qu’on allait laisser passer le bonus et cela m’aurait déçu, car on avait fait le nécessaire pour engranger cinq points au classement. Heureusement, le groupe a su faire preuve du caractère nécessaire pour aller le récupérer sur la dernière action.

En termes de caractère, on vous sent depuis quelques semaines particulièrement investi dans cette lutte pour le maintien. Comme si vous étiez habité par la mission de sauver votre club formateur…

Ces dernières saisons, on s’est rarement retrouvé dans la situation d’être ainsi au pied du mur, à devoir compter les matchs pour imaginer quels points on doit prendre, à quel moment… C’est vrai que ça me touche personnellement et que je prends cette situation très à cœur, je n’ai surtout pas envie qu’on baisse la tête. Comme dans ces moments où on a la capacité d’enfoncer le clou et de prendre un point de bonus, par exemple…

La situation du sport à Lyon est très particulière cette saison, puisque les autres sports collectifs masculins comme le foot ou le basket connaissent aussi de grosses difficultés. Comment le Gone pur jus que vous êtes le vit-il ?

C’est cyclique. Tous les sports collectifs lyonnais sont actuellement dans une passe difficile, mais on a aussi connu des périodes où tout le monde marchait fort en même temps, ce qui était bien plus appréciable ! Heureusement, chacun sait ce qu’il a à faire. En ce qui nous concerne, on est en train de reconstruire un projet différent de lui de l’époque Pierre Mignoni. Maintenant, il faut qu’on puisse rebondir et trouver les solutions pour que ce genre de saison n’arrive plus à l’avenir. Mais l’urgence, c’est d’abord de s’assurer une place en Top 14 la saison prochaine.

Comment le Lou, troisième de la phase régulière la saison dernière, s’est-il retrouvé dans cette situation ?

Ce n’est pas à moi, joueur, à donner des explications quant aux difficultés qu’on connaît aujourd’hui… L’évidence, c’est qu’on était en fin de cycle avec Pierre, et qu’il a fallu renouveler le discours et le projet, ce qu’on a peut-être fait d’une mauvaise façon. Ce n’est un secret pour personne : au-delà du sportif, la saison dernière a été très compliquée. Il y a des choses qui ont été construites, puis déconstruites, puis reconstruites… Au final, le projet de notre ancien manager n’a pas pris et quand l’instabilité s’installe de la sorte, tout devient toujours plus délicat à gérer.

On a la sensation que ces dernières semaines ont enfin validé l’approche de management de Fabien Gengenbacher, désireux de responsabiliser au maximum les joueurs quant à leur performance.

(il souffle) Ce n’est pas uniquement validé depuis quelques semaines… On est conscient de ce que Fabien veut mettre en place et de ce qu’il faut faire pour y arriver. Je pense juste qu’on n’était pas suffisamment investi et impliqué pour que nos résultats puissent être cohérents, surtout en déplacement. Il faut aussi dire que cette saison, beaucoup d’éléments vont contre nous : on a déploré beaucoup de blessures, des absences, à l’image de ce week-end encore avec les forfaits de Semi Radradra et Maxime Gouzou à 48 heures du match… Tout ça ne nous a évidemment pas facilité la tâche cette saison.

Toujours en termes de management, le groupe avait souffert l’an dernier. Vous le premier, qui aviez été tout proche de quitter le Lou… Comment aviez-vous vécu cet épisode dont on n’a finalement jamais trop parlé ?

C’était un déchirement pour moi. J’ai toujours été très attaché au Lou, et j’avais la sensation de ne plus être vraiment désiré par certains décisionnaires au club. Je me suis toujours dit au fond de moi que s’il fallait que je m’en aille pour le bien du club, je m’en irais, parce que la réussite du projet m’importe avant tout. J’étais prêt à mettre mon ego de côté dans ce genre de situation, pour le bien du Lou. Mais les propriétaires du club ont finalement fait le nécessaire pour que je me sente impliqué dans son projet, et que j’aie toujours envie de le faire rayonner. Je suis de nouveau investi à 100 %, partir du club n’est plus un sujet même si l’an dernier, la situation a effectivement été délicate.

Conséquence de cette mauvaise passe du Lou, c’est que vous en avez raté le coche pour le Tournoi, alors qu’une fenêtre de tir semblait ouverte en l’absence d’Antoine Dupont. Comment l’avez-vous vécu ?

C’est toujours une déception que de ne pas être convoqué. J’ai pu échanger à ce sujet avec Fabien Galthié et je dois reconnaître que c’était quelque chose d’appréciable, malgré tout. Il m’a donné des explications qui concernaient principalement mes performances, et à une moindre échelle celles du club. Il a considéré que je sous-performais et qu’en conséquence, je n’étais pas capable de répondre aux exigences du niveau international à ce moment-là. Et si je suis totalement lucide, je dois dire que ça m’a fait du bien de l’entendre… De temps en temps, c’est intéressant d’être remis en question, et d’être poussé à travailler encore un peu plus plutôt que de croire qu’on est toujours dans le coup, et d’attendre que le vent tourne… C’est toujours difficile d’entendre de la part de son sélectionneur qu’on n’est pas au niveau, mais je pense que ça valait le coup. Même si je ne partageais pas forcément son avis sur tout ce qu’il me reprochait, je préfère cette franchise plutôt qu’entendre des mots qu’il n’aurait pas vraiment pensé.

La question est un brin naïve, mais on imagine qu’entre disputer le Tournoi ou guider votre club pendant les doublons, vous êtes finalement heureux de ne pas avoir été trimballé entre les deux…

Ça, c’est sûr (sourire). Jamais je ne pourrai refuser de porter le maillot de l’équipe de France, c’est toujours une immense fierté. Mais au-delà de ça, individuellement, ça m’a fait du bien de me retrouver avec mon équipe, de ressentir la confiance de mes partenaires, mon staff et mes dirigeants. Quelque part, c’est tant mieux pour moi si j’ai pu vivre cette période de cette façon.

Par rapport à votre statut au Lou, vous aviez déjà porté les galons, avant de les rendre à l’été 2021. Vous avez de nouveau hérité du brassard de capitaine cette saison mais on a l’impression que cette fois, vous avez enfin pris la dimension de ce rôle…

Disons que j’ai toujours été très impliqué, mais les circonstances de la saison actuelle ont fait qu’il n’y avait pas vraiment d’autre option pour moi que d’endosser cette responsabilité. Cela fait très longtemps que je suis au club, je joue à un poste charnière… Naturellement, j’ai envie d’entraîner un maximum de joueurs avec moi. Peut-être que je ne suis pas la personne idéale parce que je ne suis pas toujours dans le combat ou dans le feu de l’action, mais aujourd’hui, je me sens prêt. Et surtout, je me sens légitime pour assumer ce rôle de capitaine, et emmener mes partenaires de l’avant.

Vous parliez de votre discussion avec Fabien Galthié. On imagine qu’avec lui, vous avez évoqué le sujet de votre gestion des sorties de camp, où vous avez clairement gagné en efficacité alors que vous accusiez un gros déchet il y a encore quelques mois. Notamment lors de votre défaite à domicile face au Stade français de Laurent Labit et Karim Ghezal (32-36)…

(Il soupire) Ce sujet-là, on n’en a pas parlé directement avec le sélectionneur. Évidemment, je sais qu’il s’agit d’un gros point d’amélioration me concernant. Après, pour être tout à fait transparent, la variété qu’on propose dans nos sorties de camp avec le club me facilite grandement la tâche. Je ne suis pas le seul à prendre la responsabilité des sorties : au Lou, j’ai la possibilité de passer par l’ouvreur, d’alterner… Tout ça me libère l’esprit et forcément, c’est plus facile pour moi. D’autant que par ailleurs, de mon côté, j’essaie de travailler au quotidien pour progresser, et que les situations que j’ai traversées en début de saison ne se reproduisent plus.

Au-delà d’être leader, vous restez surtout marqueur, une de vos marques de fabrique. Avec 51 réalisations en Top 14, vous avez égalé samedi le record lyonnais de Toby Arnold, tout en confortant votre première place au classement des marqueurs d’essais cette saison (9). Quelle importance y accordez-vous ?

Si je suis totalement honnête, je dois dire que c’est un gros vecteur de confiance pour moi que de franchir les lignes et marquer des essais. Ce n’est pas une finalité car ce n’est pas que cela qui fait gagner les matchs, mais je trouve ça valorisant de me considérer aussi comme un finisseur, de me dire que je suis capable de conclure des actions collectives de mon équipe. J’ai toujours été attiré par la ligne donc forcément, je suis content de marquer quelques essais en ce moment.

Vous avez grandi dans la culture foot. Porter à Gerland le numéro 9, celui des Bernard Lacombe, Florian Maurice, Sonny Anderson ou Karim Benzema, ne peut être que symbolique…

Tous ces noms, ce sont des personnes qui ont bercé mon enfance au stade ! (sourire) Sans doute que ce n’est pas tout à fait anodin, en effet…

Après ce coup de mou post-Coupe du monde qui vous a probablement coûté votre place dans le Tournoi, vous semblez désormais dans la forme de votre vie. Êtes-vous candidat par les deux derniers matchs, sachant en outre que le Crunch se disputera à Lyon ?

Franchement, la décision finale ne dépend pas de moi, donc je n’ai même pas envie de réfléchir à cette question. Aujourd’hui, je suis au service du Lou et évidemment à la disposition du XV de France, s’il a besoin de moi. Mais la seule chose qui m’anime au quotidien à 100 %, c’est le projet et surtout le maintien de mon club.

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Les commentaires (11)
Josh15 Il y a 2 mois Le 28/02/2024 à 14:49

N'oubliez pas le fameux France-Uruguay: commence avec Lucu-Hastoy puis Couilloud-Hastoy, avec d'ailleurs Moefana-Vincent sur le 2e sujet de discussion.
On a vu le résultat alors qu'on était en pleine bourre.
Je pense que Couilloud a effectivement progresse mais son jeu au pied n'est pas hyper adapte a la sélection comme il le dit lui-meme. Le Garrec est en avance sur lui pour le staff.
Je ne vois pas Hastoy revenir, et Berdeu est encore trop juste.
Le Garrec- Ramos probable: Le Garrec a autant de pêche que Couilloud, et les 2 sont plus proches, dans l'esprit, de Dupont, donc Ramos devrait être plus a l'aise.

jmbegue Il y a 2 mois Le 28/02/2024 à 13:42

Le projet de l'ancien manager...
Il pourrait au moins avoir la politesse de dire son nom...
Son projet n'avait pas pris et ils terminent 3ème. Là, ils classés combien ?

Gerpag Il y a 2 mois Le 27/02/2024 à 21:13

T'inquiètes Galthié il n'y connaît rien.
En tout cas tu es supérieur à LUCU