Top 14 - Joël Rey (Bayonne) : "J’espère pouvoir continuer à l’Aviron"

  • Joël Rey entraîne les avants de l'Aviron bayonnais depuis 2017.
    Joël Rey entraîne les avants de l'Aviron bayonnais depuis 2017. Icon Sport - Icon Sport
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Joël Rey vit, actuellement, sa septième saison d’affilée sur le banc de l’Aviron bayonnais. En fin de contrat au mois de juin prochain, le technicien, en poste depuis 2017, aimerait poursuivre l’aventure sur les bords de Nive. En début de semaine, au cours d’un long entretien, il est revenu sur sa longévité du côté de Jean Dauger, sa passion intacte pour l’entraînement, a évoqué le jeu d’avants de l’Aviron, sa touche défensive particulièrement performante, et la réception du LOU samedi après-midi.

Joël, quel regard portez-vous sur le jeu d’avants bayonnais ?
Je sais qu’on attend beaucoup des avants bayonnais, car ce sont souvent eux qui arrivent à nous remettre dans le match ou à nous faire espérer. À Montpellier, si on avait été un peu plus précis, ça aurait pu être décisif. On a besoin de plus de régularité dans nos matchs. Face à Montferrand, devant, nous avons été performants, mais il faut essayer de gommer les imperfections qu’on peut avoir. Des fois, des placements en touche ou des petites fautes en mêlée nous coûtent cher. À Montpellier, un petit moment d'inattention donne une pénalité en mêlée. Sur une touche, on se met hors-jeu trop facilement. Si on arrive à enlever toutes ces petites fautes bêtes, on se rapprochera d’un paquet d’avant parfait. En tout cas, je le souhaite (sourire). Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il nous manque, à l’extérieur, un peu plus de maîtrise.

Les ballons portés sont-ils devenus votre arme préférée ?
Ce n’est pas mal, mais avec Grég (Patat), on veut plus de régularité. On marque souvent, on est efficace, on bosse, mais je pense qu’on peut faire mieux. Après, c’est facile à dire, sur le terrain, c’est un tout autre contexte.

Comment analysez-vous la force de votre touche défensive ?
La première chose, c’est une évidence, en termes de ballons contrés, nous sommes très efficaces. Je parle, là, des ballons touchés en haut. Le côté négatif, c’est que sur les touches défensives, on fait beaucoup de fautes. Nous sommes généreux dans la défense, mais souvent pénalisés sur des placements, même si on ne prend pas beaucoup d’essais, à part sur le match à Perpignan. C’est toujours pareil, c’est de la précision. [...] Sur la touche offensive, nous sommes entre la sixième et la huitième équipe du championnat. En défensive, dans les deux premiers.

Top 14 - Le contre Bayonnais fonctionne bien cette saison
Top 14 - Le contre Bayonnais fonctionne bien cette saison Icon Sport - Icon Sport

À quoi la réussite de la touche défensive, sur les ballons touchés en haut, est-elle due ?
Si tu es bon dans ce secteur, c’est que tu as des bons joueurs, je ne vais pas faire le mariole. On a des bons mecs au saut, des besogneux. Tout le monde participe. Des mecs sont responsables de la touche offensive, d’autres de la défensive. C’est la qualité des joueurs qui fait, aussi, le résultat. On travaille, comme dans tous les clubs de France, mais quand tu as des bons joueurs, c’est plus facile.

Vous êtes en fin de contrat au mois de juin. De quoi votre avenir sera-t-il fait ?
Pour l’instant, je discute avec mon président, rien de plus. Je ne connais pas mon avenir. J’espère pouvoir continuer à l’Aviron, si on arrive à trouver un accord.

Vous êtes entraîneur à Bayonne depuis 2017. C’est rare, de tenir autant sur un banc…
Je ne vous cache pas que je suis le premier surpris. On pourra dire ce qu’on veut, je suis dans un club où je me sens très, très bien. Il y a eu de très bons moments, d’autres plus compliqués, mais honnêtement, je n’ai pas vu passer les années et je suis vraiment très content d’être là. J’ai beaucoup de chance. Enfin, j’espère que ce n’est pas que de la chance…

Pourtant, votre aventure, ici, avait démarré de façon rocambolesque, avec un 66-6 encaissé à Perpignan, en août 2017…
C’est vrai, j’ai démarré très très fort (rires). 66 points et j’étais en bord de touche. Ça fait partie de mon histoire… En 7 ans, ici, j’ai eu deux titres, deux remontées, un maintien, une qualification pour la H-Cup. Honnêtement, j’ai un plus beau palmarès à Bayonne en tant qu’entraîneur, qu’à Pau, où j’ai eu un titre de Pro D2 et un maintien. C’est super ! Plein de super joueurs bayonnais sont arrivés en étant jeunes, avec moi. Ça bouge, mais il reste de la fierté. Tu entraînes des grands joueurs à Bayonne comme à Pau. Aujourd’hui (l’entretien a été réalisé mardi, NDLR), il y a des nuages, mais le ciel est bleu.

Alors que le métier d’entraîneur est toujours plus instable, est-ce un luxe de pouvoir rester autant de temps sur le même banc ?
Lorsque je dis que j’ai de la chance d’être à Bayonne, un club que j’aime beaucoup, je veux dire, dans le rugby français, arriver à rester longtemps en poste, ce n’est pas commun. Depuis que je suis à Bayonne, je ne me suis occupé que d’une chose importante, de ce qui m’intéresse : le terrain avec les joueurs et l'entraînement. Quand tu es dans un club, le plus important, c'est de s’occuper du rugby. Le reste… Le club appartient aux Bayonnais, sa gestion est faite par les Bayonnais. À Pau, comme j’étais palois, je m'occupais un peu des autres choses. Mais mon plaisir, c’est d’entraîner et d’avoir des résultats.

Quoi d’autre ?
J’espère que j’ai de la compétence, enfin, je pense que j’en ai, sinon, tu ne peux pas rester à un endroit. J’ai managé à Pau, je sais ce que c’est. Je le laisse à d'autres. J’ai toujours essayé d'être un plus pour les managers avec qui j’ai travaillé. Quand tu es entraîneur, ton rôle, c’est d’être le relais entre les joueurs, le manager, de prendre la température, d’amener des choses pour le manager, de l’aider, le rassurer. C’est un rôle particulier, mais avec mon expérience, ça peut rassurer. Du moins, je l'espère.

Vous fêterez, dans deux mois, vos 59 ans. Jusqu’à quand vous voyez-vous entraîner ?
Honnêtement, tant que je prends du plaisir à entraîner, à aller sur le terrain… Aujourd’hui, il a plu, on a pris des rafales de flotte, mais j’ai adoré, c’est le rugby, c’est l’hiver. Tout a une fin, mais tant que je peux la repousser, je le ferai. Quand tu as de la lassitude ou que tu en as marre, la fin peut arriver plus vite. Toutes ces dernières années, j’ai toujours eu de l'excitation, de la motivation. Aucune lassitude.

Il y a donc toujours la même passion depuis 2008 ?
Oui, après, je reconnais que le jour où j’ai commencé à entraîner en 2007/2008, il y avait beaucoup d’inquiétude. Aujourd'hui, l'expérience fait que je suis plus apaisé. Dans les mauvais moments, tu peux analyser un peu plus, rassurer des joueurs, en booster d’autres… J’ai autant envie qu’au premier jour où j’ai commencé.

Alors qu’est-ce qui a changé entre le Joël Rey de 2024 et celui de 2008 ?
La façon de travailler. Au début, on n’était que deux entraîneurs, il y avait beaucoup de choses à voir, il n’y avait pas de manager. Je suis un peu ébahi par le nombre de personnes dans les staffs techniques aujourd’hui, mais c’est comme ça, tant mieux. [...] Après, ça a évolué, et moi ça m’a un peu rassuré de revenir un peu plus au terrain. Quand j’ai laissé le management à Pau et que Simon Mannix l’a pris, c’était un peu un retour aux sources, ça m’a fait du bien. Maintenant, je suis un peu moins con quand je réfléchis sur des actions. À l’époque, dès qu'il y avait une erreur, je m’emportais plus facilement. Aujourd’hui, j’arrive à relativiser le choix des joueurs, d’une tactique. C’est là où j’ai le plus évolué. Avant, j’étais un peu plus impulsif…

Avant de coacher Bayonne, Joël Rey a été joueur puis entraîneur à Pau.
Avant de coacher Bayonne, Joël Rey a été joueur puis entraîneur à Pau. Manuel Blondeau / Icon Sport - Icon Sport

Revenons sur le collectif. Qu’est-ce qui est ressorti de l’analyse du revers à Montpellier ?
Sur la première mi-temps, nous avons laissé des points très faciles aux Montpelliérains. Le premier essai, on n’en parle pas, tout le monde a vu que c'est un peu “space”, mais après, il y a eu des fautes qu’on peut vraiment éviter. Si les Héraultais avaient fait des temps de jeu, avaient imposé des trucs, ça aurait pu être compréhensible, mais là…

Quid de la seconde période ?
Il y a des moments où on peut reprendre le match en main, on est très près. Je reconnais que sur un ou deux ballons, au niveau des pénaltouches, on aurait pu vraiment le faire. C’est notre point fort, il y avait moyen de passer en étant un peu plus précis. En mêlée, on fait une ou deux fautes… C’est dommage, car je crois qu’il y avait moyen de l’emporter, sans être prétentieux.

En fin de match, par deux fois, les joueurs ont voulu aller en touche, alors que le staff demandait les points. Quel est votre point de vue, là-dessus ?
Nous sommes totalement en adéquation avec eux. Les joueurs sont sur le terrain, ils font un choix. Il y a 8 jours, contre Montferrand, on se disait qu’on aurait pu prendre des points, les joueurs sont allés en touche et ils ont marqué. Tout le monde a dit bravo. Je n'ai jamais vu le type dans les tribunes ou au bord de touche gueuler comme un âne chez les Blacks ou les Sud-afs. Samedi, les joueurs voulaient gagner, ils pensaient que c’était possible. Il n’y a aucun problème, on est à fond avec les joueurs.

D’accord…
Je veux juste rappeler qu’on entraîne, on est là pour donner des solutions aux joueurs, et ce sont eux, sur le terrain, qui font les choix. Sinon, dans quelque temps, le mec en haut de la tribune dira au joueur de faire la “2-3-4-5” en touche, et le mec, sur le terrain, n’aura plus aucun choix. Il faut faire confiance à nos joueurs si on veut les faire progresser. Ce n’est pas en les pilotant, en les téléguidant, en leur disant d'accélérer ou de ralentir qu’ils vont avancer. C’est ma façon de voir et celle du staff. Je ne sais pas si vous avez vu les Irlandais se retourner vers le banc de touche pendant le Tournoi des 6 Nations pour demander au staff quoi faire. Pareil pour les All Blacks. C’est un truc, quelque part, bien français. Faisons confiance aux joueurs.

Avant chaque réception, la même musique revient avec une “défaite interdite”. Y a-t-il une forme de monotonie qui s’installe et faut-il la combattre ?
Non, ça fait partie de la saison. L’année dernière, à cette période, on avait un petit joker. Là non. Maintenant, le championnat est tellement serré… On est une des rares équipes invaincues à la maison. On a pris des belles secouées au début à l’extérieur là, on serre le score, il ne faut pas se poser de questions. Quand Montferrand est venu, tout le monde a dit que le week-end d’avant, ça avait été juste contre Oyonnax, mais nous avons gagné. Souvenez-vous que, l’année dernière aussi, il y a eu des victoires à l’arraché. Je ne dis pas qu’on maîtrise, mais on met tout ce qu'il faut à la maison et il faut arriver à faire une bonne opération à l'extérieur. [...] Notre but, c’est de rester au contact, d’être à quatre ou cinq points des qualifiables, en souhaitant qu’à un moment donné, on fasse la bascule.

À quel type de rencontre vous attendez-vous face au LOU ?
Le LOU a de grosses individualités. Il faudra faire attention à Couilloud, Radradra, Niniashvili… Ce sont des joueurs capables de faire basculer le match. Il faudra les surveiller. Ça va jouer, les Lyonnais aiment déplacer le ballon. Ce sera à nous d’être très vigilants en défense, et pendant nos temps forts, il faudra être très efficace. Je pense que ce sera un match avec un peu plus d’envolées que contre l’ASM. Si on laisse l'initiative aux Lyonnais, on se compliquera la tâche. C’est à nous d’imposer et de donner le rythme du match.

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Les commentaires (4)
JackIsa Il y a 1 mois Le 01/03/2024 à 13:16

Oui un bon mec fidèle compétent. Un vrai bras droit pour Patat

Whitelock Il y a 1 mois Le 29/02/2024 à 07:05

Un très bon mec. Fidèle à la Section Paloise pendant toute sa carrière de joueur et qui fait du très bon boulot avec les avants de l'Aviron.
Je suis curieux de voir si Tayeb va le garder

Nitrousa Il y a 1 mois Le 28/02/2024 à 22:30

Le LOU va se faire croquer