XV de France - "Anatomie d'une chute" (1/4) : Fabien Galthié, un management post-traumatique qui interpelle
Sonné et davantage par le début de compétition médiocre réalisé par le XV de France dans le Tournoi des 6 Nations, Fabien Galthié semble ne pas s’être encore relevé de l’échec du Mondial. A-t-il encore en lui l’énergie nécessaire pour réveiller la sélection tricolore ?
Fabien Galthié n’a jamais caché que la dernière Coupe du monde en France était "la mission" de sa vie. De ce fait, le sélectionneur national avait choisi d’articuler le quotidien du groupe France dans son entièreté autour de ce fabuleux projet, proposant même à ses hommes une "flèche du temps" censée s’arrêter, dans le meilleur des cas, au 28 octobre 2023, soit à la date de la grande finale du tournoi planétaire.
Passé la gifle de l’élimination, le sélectionneur national a donc accusé le coup. Et plutôt lourdement, d’ailleurs. À ce sujet, il nous confiait récemment : "Ce fut un choc traumatique… Un protocole commotion… Après ça, je suis passé par une longue période de forte introspection. J’ai alors posé à chacun des membres de mon staff et aux leaders de la sélection ces trois questions : 1) Ai-je toujours la motivation ? 2) Ai-je toujours le leadership ? 3) Ai-je toujours la compétence ? Ils m’ont répondu par l’affirmative. J’ai continué."
Orphelin de Laporte et Labit
Il a continué, certes, décidant d’honorer jusqu’au bout un contrat que Bernard Laporte, alors patron fédéral, avait logiquement décidé de consolider quelques mois plus tôt. Pour autant, "Galette" a-t-il fait le deuil de l’échec majuscule survenu cet automne ? On n’en est guère convaincu et pour lui, le retour à la besogne ordinaire des longues semaines de Tournoi semble à bien des égards difficile : d’abord groggy par la fessée irlandaise (17-38), il a ensuite feint l’extase lors du poussif succès en Ecosse (16-20) avant d’apparaître largement sonné par le match nul que l’on sait, dans le Nord (13-13). Et s’il assurait là-bas ne connaître le moindre "abattement", son langage corporel disait tout à fait autre chose.
À ce titre, on est aujourd’hui nombreux à se demander si Fabien Galthié a actuellement l’énergie nécessaire pour sortir le groupe France de la torpeur dans laquelle celui-ci semble enfermé. Désormais orphelin de l’une de ses figures paternelles (Bernard Laporte) et d’un adjoint duquel il était très proche (Laurent Labit), Galthié se sent-il isolé, fragilisé ? S’il assure "marcher main dans la main" avec Jean-Marc Lhermet, l’élu fédéral en charge du haut niveau, on est néanmoins en droit de penser que sa relation avec "Bernie" le sécurisait davantage, lorsque sonnait la tempête…
Le choix de la "calinothérapie"
Au crépuscule du Mondial, Fabien Galthié avait également fait le choix de rester fidèle à ses trentenaires, arguant que "les hommes étant tombés ensemble devaient se relever ensemble", appuyant récemment l’argumentaire en assurant que le XV de France n’était ni Koh Lanta, ni la Star Academy et qu’en ce sens, le vent de jeunisme qu’appelaient les supporters tricolores et quelques grands anciens depuis deux semaines n’était pas à l’ordre du jour. Lundi dernier, notre chroniqueur Richard Dourthe écrivait de son côté : "De mon temps, une contre-performance en équipe de France se payait cher. On était prié de laisser la place, de passer le relais à d’autres qui insuffleraient alors à l’équipe leur énergie, leur insouciance. Faisait-on vraiment fausse route ?"
Un Galthié super maternant
De toute évidence, un pan du rugby français a pris en grippe le sélectionneur national, sonné le glas de son état de grâce et pense même qu’en promettant à ses vieux fourneaux de les emmener jusqu’au Mondial 2027, le sélectionneur les a sans le vouloir enfermés dans un confort qui ne sert pas leurs performances.
Fidèle à ceux ayant fait du XV de France une nation majeure du dernier cycle, Fabien Galthié leur réitère pourtant sa confiance à l’infini et, plutôt que de faire trembler les murs du vestiaire tricolore, fait le choix de la "calinothérapie", louant à l’excès le courage et la détermination de ses hommes à Lille, soulignant leur abnégation en infériorité numérique, quitte à ce que cet élan d’amour surprenne les joueurs eux-mêmes (certains d’entre-eux nous l’ont clairement dit), après une telle sortie de route.
Mais pourquoi Galthié la joue-t-il si maternant ? Pourquoi a-t-il récemment préféré, vis-à-vis de joueurs forts conscients d’avoir commis trois purges depuis le coup d’envoi du Tournoi, le rôle du grand frère à celui du père fouettard, celui de la nounou au croque-mitaine ? Craint-il qu’en se mettant à dos les internationaux, ceux-ci ne demandent à terme sa tête ? C’est une possibilité. Toujours est-il qu’en début de semaine, le patron fédéral Florian Grill, certes fort contrit dans sa marge de manœuvre par un déficit de 40 millions d’euros, lui a une nouvelle fois réitéré sa confiance…
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