Top 14 - La Rochelle - Clermont : un grain de folie sinon rien

La statistique est éloquente. Sur les trente-quatre essais – au passage, le plus faible total du Top 14 – inscrits par les Rochelais en 16 journées de championnat, seuls quatre l’ont été par un joueur aligné… à l’aile ! Et moitié moins par un centre. Un total famélique de six réalisations à l’actif de la ligne de trois-quarts, dont trois après contres ou interception et un seul consécutif à un franchissement. Les chiffres confirment l’impression visuelle plus que jamais prégnante samedi dernier à Perpignan (27-15) : l’attaque de la caravelle maritime est en panne sèche. Et la belle parenthèse européenne de janvier n’a pas fait boule de neige. Entre un "UJ" Seuteni redevenu neutre après quelques tours de magie ou encore un Teddy Thomas trop facilement muselé bien que volontaire. Sans oublier les maladresses et imprécisions des uns et des autres. Étonnant, le rendement offensif jaune et noir l’est d’autant plus que la réorganisation du staff à l’été 2023 visait notamment à "tendre vers le jeu millimétré de l’équipe d’Irlande et du Leinster, essayer d’être difficile à lire sur un terrain", nous confiait alors Sébastien Boboul, nommé responsable de l’attaque à l’arrivée de Rémi Talès, son successeur auprès des trois-quarts. Seulement, Rome ne s’est pas faite en un jour et, dès la ligne de départ, les joueurs eux-mêmes avaient conscience de la complexité du défi.

"Ce sont les joueurs qui ont la clé"

Alors que le plan de jeu cristallise les critiques, et que Sébastien Boboul se retrouve la cible collatérale (lire ci-contre) de supporters las de ne pas percevoir d’évolutions, Rémi Talès les entend – "C’est normal, le niveau d’exigence a augmenté. Quand tu es double champion d’Europe et que tu mets plus de temps à l’allumage et fais des performances moyennes, forcément que…" – mais se refuse naturellement à jeter le bébé avec l’eau du bain. "Ce sont les joueurs qui ont la clé du jeu et de ce qu’ils produisent sur le terrain. Nous, notre job, c’est de les mettre en confiance, de répéter un maximum de situations pour qu’ils arrivent tous à lire la même chose en même temps. Quand les trois-quarts sont à leur meilleur niveau, qu’ils tentent et mettent énormément de vitesse, ils sont très dangereux, ça se retranscrit sur le terrain avec, comme par hasard, le même plan de jeu, insistait l’ancien ouvreur mi-janvier, ravi du festival offensif contre Leicester (45-12). Sur les dernières saisons, les succès se sont surtout construits avec la qualité de nos avants et si l’on veut perdurer au plus haut niveau et continuer à gagner des titres, il fallait que notre jeu évolue."

Le duo Leyds-Rhule en détonateur ?

Aux deux-tiers de la phase régulière, le staff va enfin pouvoir coucher de nouveau sur une feuille de match ces deux facteurs X sud-africains Dillyn Leyds et Raymond Rhule, hommes de base du système O’Gara, parmi les rares – ils sont six au total – à avoir disputé comme titulaires les cinq finales de La Rochelle depuis 2021. Rhule est même le seul avec Skelton à ne pas en avoir raté une miette. Ses dents rayent le parquet après huit mois éloignés des terrains et une double opération d’un ménisque du genou. "Il va nous faire du bien, sait Judicaël Cancoriet, capitaine du moment. On connaît ses capacités à prendre des intervalles et sa pointe de vitesse." À lui de contribuer à apporter ce grand de folie qui manque tant.