Abonnés

MMA ou rugby, quel est le plus dangereux ?

  • Will Skelton lors du dernier match face au Stade toulousain.
    Will Skelton lors du dernier match face au Stade toulousain. Icon Sport - Sandra Ruhaut
Publié le Mis à jour
Partager :

Depuis plusieurs années, le neurologue Jean-François Chermann, au cœur de la problématique des commotions cérébrales dans le rugby, s’occupe aussi des combattants de MMA. Entre ces deux pratiques qu’il connaît sur le bout des doigts, il dresse aujourd’hui un parallèle intéressant.

En tant que neurologue auprès de très nombreux rugbymen du Top 14 et de Pro D2, Jean-François Chermann est un personnage incontournable du monde ovale. Son domaine de compétences ne s’arrête pour autant pas qu’au rugby et, il y a quelques années, le toubib avait donc été mandaté par l’Ultimate Fighting Championship (la fédération internationale d’Ultimate Fighting) pour mesurer si le MMA (arts martiaux mixtes) était réellement plus dangereux qu’un autre sport de combat, que ce soit la boxe, le judo ou le rugby, par exemple. "Jusqu’à l’année 2020, explique-t-il en préambule, le MMA n’était pas autorisé en France. Il y avait à ce sujet beaucoup de jalousie de la part des fédérations de judo, de boxe ou de lutte qui sentaient bien que le jour où le MMA serait légalisé, elles perdraient des licenciés." Afin de dédiaboliser ce que les gens voyaient alors comme "un sport de sauvages" où des êtres humains "se battaient dans des cages", Chermann a notamment mis en avant que les combats de MMA, au nombre de trois par an au maximum, étaient suffisamment espacés pour permettre aux cerveaux des pratiquants une totale régénération, entre les joutes.

Six semaines d’arrêt après une commotion

Ce n’est pas tout : "Peu à peu, poursuit le neurologue, la fédération a aussi mis en place des catégories de poids, ce qui abaisse considérablement le degré de dangerosité de la pratique." Au sujet de celle-ci, Jean-François Chermann assure qu’elle reste moins traumatisante que ne l’est pour les boîtes crâniennes la boxe anglaise, pour la simple et bonne raison que la finalité du combat, au MMA, concerne autant les prises au sol que le choc à la tête, quand le noble art n’a toujours juré que par le KO. "Il y a évidemment plus de blessés en MMA qu’en boxe anglaise, enchaîne à présent Chermann. Mais la plupart de ces blessures ne concernent pas les boîtes crâniennes : on parle de fractures, de lésions diverses mais moins de commotions cérébrales proprement dites. Mon postulat a donc été le suivant : ou on fait comme les Norvégiens et on interdit tous les sports de combat, ou alors on laisse la MMA se lancer à l’intérieur de nos frontières parce que d’un point de vue cérébral, elle n’est pas plus dangereuse que d’autres pratiques sportives implantées en France depuis longtemps. Il faut simplement bien l’encadrer".

Au sujet du MMA et du parallèle qui peut exister entre cette pratique et le rugby, sport de combat collectif par excellence, Jean-François Chermann, ancien demi d’ouverture, ajoute qu’à la suite d’un KO, dans l’art martial mixte, le commotionné a l’obligation de s’arrêter pendant au minimum six semaines. On en est encore semble-t-il très loin, au rugby…

Oumiha, le boxeur-rugbyman

Au-delà d’être forcément considérées comme dangereuses, les pratiques du rugby et des sports de combat contre la boxe peuvent être complémentaires. Deux sports entre lesquels Sofiane Oumiha, médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de Rio dans la catégorie des moins de 60 kilos a toujours eu du mal à choisir : « J’ai commencé le rugby à 8 ans, et j’ai arrêté 10 ans et demi plus tard. J’ai commencé la boxe à 9 ans par l’intermédiaire de mon cousin qui boxait et j’ai mené les deux sports en parallèle », nous confiait le boxeur toulousain en 2016, à l’époque où nous lui avions consacré un reportage parce qu’il avait rechaussé les crampons avec son club, le Toulouse Université Club. En dépit de son gabarit réduit, Oumiha était un redoutable plaqueur, et répugnait à l’idée de jouer à toucher. Préférant le poste d’arrière, il adorait également les folles relances du fond de terrain, qui causaient des dégâts grâce à ses appuis électriques…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?