Abonnés

Galles - XV de France. Opinion : les Bleus jouent enfin et en plus, ils s’amusent !

Par Léo Faure
  • Les Bleus ont été entreprenants face aux Gallois lors du 4e match du 6 Nations.
    Les Bleus ont été entreprenants face aux Gallois lors du 4e match du 6 Nations. Icon Sport - Sandra Ruhaut
Publié le
Partager :

La France n’a pas seulement gagné, ce dimanche au pays de Galles (24-45). Elle a mis la manière et posé les bases d’un nouveau plan stratégique autour d’un rugby plus ambitieux.

Il y a deux statistiques qu’on retiendra finalement de ce match, et cette victoire au pays de Galles. Le score, c’est évidemment le plus important (24-45), et plus particulièrement celui du nombre de points marqués par les Français. Jamais les Bleus n’avaient inscrit 45 points au pays de Galles sur ses terres et s’ils avaient bien corrigé une fois les hommes de Cardiff, en 1998 (51-0), c’était alors au Stade Wembley de Londres (le Millennium de Cardiff était en construction).

L’autre statistique est moins décisive, encore que. À Cardiff, les Français ont tenu le ballon 56 % du temps (62 % en première période). Ce qui va bien à l’encontre des préceptes de dépossession longtemps prônés par Galthié et son staff précédent, des saillies minimalistes de l’entraîneur de la défense Shaun Edwards ("quand nous avons le ballon dans notre camp, kick the fucking ball !*" dans le documentaire Netflix "6 Nations : au contact") ou des vérités arithmétiques du sélectionneur, en 2022 en tournée au Japon : "On constate que l’attaque éclair est plus efficace que le siège et qu’au-delà de 22 secondes de possession, nous ne sommes plus dans la fulgurance."

La première pierre d’une nouvelle ère ?

Ce dimanche au Millennium stadium, les Bleus ont fait tout l’inverse : des sièges installés dans les 22 mètres gallois, des ballons remontés à la main et depuis leur camp, une première longue séquence à l’entame du match (2 minutes et 26 secondes, 20 temps de jeu) et un travail d’usure, tôt entrepris pour fissurer l’édifice défensif des Gallois. Bien leur en a pris. Le score le montre. La manière aussi.

Alors, c’est ça, un rugby qui gagne ? On n’en sait fichtre rien et l’Irlande, l’Afrique du Sud ou la Nouvelle-Zélande savent bien gagner d’une toute autre manière. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que ce jeu de vitesse, "d’intensité combattue" et d’initiatives ressemble à notre rugby français, son identité profonde, son histoire et ses hommes.

Des poids lourds pour user, des dragsters pour profiter

On sait qu’il aurait été insultant et plus encore de demander à Nolan Le Garrec et Thomas Ramos de ralentir le jeu à la charnière et de taper dans les couloirs, quand ceux-ci ne s’expriment jamais aussi vertement que dans un rugby de lecture et de libertés. Sans être grand clerc ou penseur de l’Académie française du rugby, on sait qu’avec des calibres du tonnage de Uini Atonio, Emmanuel Meafou ou Grégory Alldritt, on ne franchit pas la défense à tous les coups mais on l’use franchement. Sur la longueur, elle finit même par céder et ouvrir des espaces dont les dragsters Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey finiront nécessairement par profiter.

Derrière au score à l’heure de jeu (24-23), le XV de France a donc fini par faire exploser son adversaire du jour. Justement grâce à des possessions longues, son nouveau parti pris stratégique bonifié par deux autres poids lourds entrés en jeu (Romain Taofifenua et Georges-Henri Colombes). Des espaces multiples se sont alors ouverts.

On regarde enfin devant

À Cardiff, le XV de France a donc assumé ce jeu de longueur et d’usure, avec une multiplication de temps de jeu et une variété de ses orientations : au ras ou au loin, en force ou en vitesse, à la main ou au pied. Un rugby certainement moins programmé mais plus instinctif, et surtout efficace. C’est une première dans l’ère Galthié.

Dans ce rugby, ces Bleus rajeunis ont semblé s’amuser, parfois même s’épanouir et, pour la première fois dans ce Tournoi des 6 nations 2024, ils ont semblé oublier leurs fantômes du passé pour se concentrer sur une donnée essentielle : le plaisir. Celui à combattre, à jouer, à provoquer l’adversaire, parfois l’agresser et même le battre. Pris dans l’intensité, le pays de Galles a fini par céder. Les bienfaits d’un jeu de possession, donc, et d’un rugby enfin dynamique et ambitieux. Celui qui nous permet de regarder enfin vers l’avant et de nous dire : "vite, la suite".

* "tapez dans ce putain de ballon !"

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?