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XV de France - Avant sa 90ème sélection, Gaël Fickou raconté par Mourad Boudjellal, Yannick Nyanga, Dimitri Szarzewski...

Par Marc Duzan et Arnaud Beurdeley
  • Avant de se côtoyer au Racing 92, Gaël Fickou et Dimitri Szarzewski ont partagé plusieurs sélections avec le XV de France.
    Avant de se côtoyer au Racing 92, Gaël Fickou et Dimitri Szarzewski ont partagé plusieurs sélections avec le XV de France. Icon Sport - Anthony Dibon
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Samedi soir, Gaël Fickou (29 ans) célébrera sa 90e sélection en équipe de France. Revenu à son meilleur niveau face aux Gallois, le trois-quarts centre du Racing a tout pour un jour rejoindre Philippe Sella (111 sélections) et Fabien Pelous (118 sélections) dans le club très fermé des centurions du rugby français...

On ne vous apprendra rien en vous disant que la Coupe du monde de Gaël Fickou avait été plutôt neutre. Comme il ne vous a pas échappé que le trois-quarts centre des Bleus a sombré avec le navire dans le Tournoi 2024, face à l’Irlande (17-38) puis l’Italie (13-13). Lucide, il confiait récemment : "Contre l’Irlande, on n’a pas été au niveau et moi le premier. Contre l’Ecosse, je pense en revanche avoir été à un très bon niveau. Mais face à l’Italie, on a tous été très moyens…" A-t-il eu peur de perdre sa place dans le 15 de départ tricolore, avant ce déplacement victorieux au pays de Galles (24-45) ? S’est-il senti en danger pour la première fois depuis l’hiver 2020, date à laquelle Fabien Galthié a fait de lui un leader de jeu et le patron de sa défense ? On le croit volontiers et, le dos au mur, le capitaine du Racing 92 a alors réagi en champion, dégainant à Cardiff une performance qu’il n’avait plus produite des lunes, multipliant les plaquages positifs et, balle en mains, mordant dans la ligne galloise avec appétit.

"Je l’ai trouvé très bon, nous confiait cette semaine Yannick Nyanga, son ancien coéquipier à Toulouse et en équipe de France. C’est même l’un de ses meilleurs matchs depuis un moment. Ça faisait quelque temps que nous ne l’avions pas vu décisif dans une grosse rencontre internationale : il n’était pas mauvais mais n’excellait plus comme il nous avait habitué à le faire. Le sang frais qu’a amené Fabien Galthié dans cette équipe de France a probablement servi de catalyseur à Gaël". Frédéric Michalak, en charge de l’attaque francilienne, ne dit pas autre chose : "Gaël m’a semblé soulagé, à Cardiff. Il a pris les espaces et réalisé un vrai bon match, là-bas."

Nyanga : "Pelous n’a qu’à bien se tenir"

Yannick Nyanga, aujourd’hui dans le staff du club des Hauts-de-Seine, a beaucoup échangé avec le trois-quarts centre des Bleus lorsque celui-ci traversait une période moins faste, ces dernières semaines. Il poursuit : "La grande force de Gaël, c’est son mental. Il a d’ailleurs toujours été très juste envers lui-même et ses performances : Gaël n’est pas quelqu’un qui se cache et au fond de lui, il a toujours su qu’il rebondirait". Michalak enchaîne : "J’ai fait une Coupe du monde avec Gaël, en 2015. On a alors vécu le même traumatisme (défaite 62-13 face à la Nouvelle-Zélande, NDLR) et derrière, on a été marqués mentalement et physiquement pendant six mois. On était au fond du trou et l’an passé, dans la foulée de ce violent échec en quart-de-finale contre l’Afrique du Sud, il a évidemment été secoué. Comme tout être humain, il lui a fallu du temps pour s’en remettre."

Fickou, qui a démarré sa carrière professionnelle au Stade toulousain à 18 ans, célébrera samedi sa 90e sélection en équipe de France, égalant Olivier Magne et mordant les chevilles de Serge Blanco (93 sélections) ou Raphaël Ibanez (98 sélections). En pénétrant le saint des saints du rugby français, le capitaine du Racing 92 prouve donc qu’il est un monstre de ce jeu. Yannick Nyanga enchaîne : "Il n’a pas encore 30 ans (il les aura le 26 mars, NDLR), ça situe un peu le bonhomme. Si les petits cochons ne le mangent pas, Fabien Pelous (118 sélections, recordman français, NDLR) n’a qu’à bien se tenir !" Sur cette thématique, Michalak conclut ainsi : "Sa carrière est exceptionnelle : en quelque sorte, Gaël a traversé le temps. Et il en faut, du tempérament, pour jouer quinze ans en Top 14 et onze en équipe de France."

Yannick Nyanga estime que Gaël Fickou peut battre le record de sélections avec le XV de France de Fabien Pelous.
Yannick Nyanga estime que Gaël Fickou peut battre le record de sélections avec le XV de France de Fabien Pelous. Icon Sport

Lagisquet : "À 18 ans, il avait déjà tout"

Patrice Lagisquet, entraîneur de la ligne de trois-quarts du XV de France de 2012 à 2015 est celui qui a offert à Gaël Fickou sa première sélection. C’était contre l’Angleterre en 2014 dans le Tournoi des 6 Nations. Le natif de La Seyne-sur-Mer a alors seulement 18 ans… "Mais il avait déjà tout pour lui, se souvient « Lagisque ». Il avait un potentiel exceptionnel, un talent fou. On sentait qu’il avait une facilité déconcertante. à tous les niveaux. Fickou, c’est une présence physique, des accélérations, des feintes de corps, des appuis. Je me souviens avoir eu une discussion avec lui à la fin de la Coupe du monde 2015. Je lui avais dit qu’il aurait dû avoir plus d’ambitions sur cette compétition. Il avait le talent, le potentiel pour exploser déjà à l’époque. Seulement, le contexte n’était pas simple. Il était jeune, il découvrait vraiment le haut niveau. Et il était déjà content d’être là. Mais il aurait tellement pu faire beaucoup plus. D’ailleurs, quand je vois la suite de sa carrière, je ne suis pas surpris. On ne parvient pas à 90 sélections par hasard. J’étais convaincu qu’il avait tout pour faire une immense carrière. Tout comme je ne suis pas surpris qu’il soit devenu un taulier, un cadre. Même à 18 ans, Gaël avait déjà une intelligence très fine, il comprenait tout de ce qui se passait à l’époque".

"Szarz" lui a offert son premier essai en bleu

Dimitri Szarzewski, ancien talonneur du XV de France, est aujourd’hui l’entraîneur de Gaël Fickou au Racing 92. Mais en 2014, lors de la première sélection du Toulousain de l’époque, "Szarz" est sur la pelouse du Stade de France lors de la victoire des Bleus sur l’Angleterre (24-26). C’est même lui qui envoie "La ficke" entre dans l’en-but pour l’essai de la gagne dans les dernières minutes de la rencontre (24-26). "Je me souviens que c’est Brice Dulin qui me fait une passe un peu basse vers l’avant mais cela me permet de me lancer, de prendre de la vitesse. Et je vois Gaël sur mon extérieur. Je lui donne le ballon et il fait le reste. Il navigue un peu et termine entre les perches. C’était un moment assez exceptionnel. À l’époque, j’avais déjà senti chez Gaël un potentiel énorme. C’était un extraterrestre quand il est arrivé en équipe de France. Mais j’avais quand même une petite interrogation à son sujet. J’en rigole parfois avec lui, mais lors de la Coupe du monde 2015, j’avais vu qu’il n’aimait pas trop la préparation physique. Et ça, ça m’énervait car j’avais peur qu’il passe à côté d’une immense carrière. Mais c’est un garçon intelligent. Il s’est vite mis au diapason car les anciens du Stade toulousain lui ont fait comprendre certaines choses. Et comme Gaël a de bonnes valeurs, il a toujours écouté les conseils de ses aînés. S’il est toujours en équipe de France aujourd’hui, ce n’est pas par hasard".

Formé à Toulon, Gaël Fickou a débuté sa carrière professionnelle à Toulouse en 2012.
Formé à Toulon, Gaël Fickou a débuté sa carrière professionnelle à Toulouse en 2012. Manuel Blondeau / Icon Sport

Les regrets de Boudjellal

De 2009 à 2012, Gaël Fickou porte les couleurs du RC Toulon, son club de cœur. Natif de La Seyne-sur-Mer, sans doute se rêve-t-il dans la peau d’un minot foulant la pelouse de Mayol avec l’équipe professionnelle. À l’époque, Mourad Boudjellal est alors président du club varois."Le problème, c’est que Gaël dépendait de l’association et cette dernière ne lui avait pas fait de contrat. Surtout, à l’époque, il était tout le temps à Marcoussis au pôle France. Quand on m’a parlé de lui, il était déjà trop tard, il avait signé à Toulouse. Je dois avouer que c’est un de mes plus grands regrets car c’était un gamin de la région et j’aurais aimé le voir porter haut les couleurs du RCT. J’ai d’ailleurs, quelques années plus tard, essayé de le faire revenir. Je l’avais invité à déjeuner et je lui avais dit que je lui proposais exactement le même contrat, au centime près, que le Stade toulousain. Je ne voulais pas faire de surenchère. Il a finalement préféré rester à Toulouse. Aujourd’hui, j’ironise sur le fait qu’il ne fait jamais de passe. Mais c’est un joueur exceptionnel. Et puis, il a tellement été habitué à jouer dans une équipe de France moribonde à une certaine époque que je lui pardonne de ne pas faire de passe. À cette époque-là, quand il faisait une passe, on perdait ensuite le ballon (rires)".

Lancaster : "Il m’a brisé le cœur"

Au Racing 92, Gaël Fickou découvre depuis cette saison les méthodes de management de Stuart Lancaster. Mais, par le passé, les deux hommes s’étaient déjà croisés. La première fois ? C’était en 2014 lors de la première sélection en équipe de France du Toulousain pour le crunch au Stade de France. Le technicien anglais est alors sélectionneur du XV de la rose. Dernièrement, le manager sportif du Racing 92 est revenu sur cette page de son histoire : "J’ai gardé quelques moments merveilleux de cette aventure à la tête de l’équipe d’Angleterre, disait-il. D’autres furent aussi plus difficiles… » On a alors spontanément pensé à cette élimination en phase de poule - une première historique pour l’Angleterre - du Mondial 2015 disputé à domicile. Raté. Et Lancaster de confesser : « En 2014, quand Gaël Fickou a marqué l’essai de victoire des Bleus au Stade de France sur la dernière action, il m’a brisé le cœur. On en parlera tous les deux, un jour…" Il faut dire que dans cette rencontre, les Anglais avaient dominé physiquement les joueurs de Philippe Saint-André. à cinq minutes de la fin, ils comptaient encore 5 points d’avance. Mais dans les derniers instants de la partie, porté par des joueurs comme Yannick Nyanga ou encore Dimitri Szarzewski, le XV de France avait trouvé l’énergie pour remonter quasiment 80 mètres et inscrire l’essai de la victoire… par Fickou.

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Les commentaires (2)
envoituresimone Il y a 1 mois Le 14/03/2024 à 20:40

Fikou a bénéficier de l'embellie du pack avec une seconde ligne retrouvée et irresistible. J'aurais bien aimé le voir avec la gnacque contre l'Italie ce qui prouve bien que sa place n'est plus indispensable dans l'équipe actuelle. Faudra penser à intégrer des jeunes comme Gailleton ; Costes , faire revenir un Barassi ou un Vincent. Donner plus de place à Moéfana.
L'équipe pour 2027, c'est maintenant qu'il faut la préparer.

Chabalou Il y a 1 mois Le 15/03/2024 à 12:51

Fickou très bon centre mais qui ne pèse plus depuis 6 mois. Le dernier match l'a mis en valeur contre une équipe plus faible. Voyons contre les Anglais...mais aurait été mieux de mettre des jeunes au centre pour s aguerrir