Rugby Europe Championship - Pologne, FC Barcelone, PLK... Nicolas Saborit, un Polonais à l'accent marseillais

  • Nicolas Saborit avec la Pologne.
    Nicolas Saborit avec la Pologne. Wojciech Szymanski
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Nicolas Saborit défend les couleurs de la Pologne, après avoir grandi à Marseille. Depuis Marcoussis, camp de base de la Pologne pour le Rugby Europe Championship, le centre est revenu sur cette aventure avec sa sélection avant le match du maintien contre la Belgique, ce dimanche (12h).

Une première en pro, ça marque toujours. Chaque joueur s'en souvient toute sa vie, comme sa première cape, autre moment fort dans une carrière. Nicolas Saborit, lui, a fait les deux à la fois. C'était avec la Pologne, contre la Géorgie, l'été dernier (26-56). "Je venais d’avoir 20 ans et ça me faisait bizarre de côtoyer le niveau international, de parler une autre langue, avoue le centre… Tout le pays voit nos résultats, c’est plus de pression que quand je joue en Espoirs. Ça fait bizarre de jouer contre les adultes, c’est un cran au-dessus physiquement, mais aussi dans la technique et la vitesse. Mais quand tu t’entraînes dur la semaine avec des adultes, il n’y a pas de raison que ça se passe mal avec en match." Cela s'est effectivement bien déroulé puisqu'il a marqué deux essais...

Il y a un an, le joueur des Espoirs du Stade Niçois ne s'attendait pas à se retrouver à disputer le Rugby Europe Championship, dont l'épilogue aura lieu ce dimanche à Jean-Bouin, à Paris. Retour en arrière. La saison dernière, alors chez les Espoirs de Provence Rugby, le directeur du centre de formation, Frédéric Gracianettte l'a informé lors d'un retour en bus que via sa grand-mère, il pouvait être éligible pour la Pologne. Il l'a aussi aidé à trouver les contacts pour finaliser son dossier auprès de World Rugby. "Ce n’est pas que je n’étais intéressé avant, mais je n’étais pas conscient qu’il y avait une équipe en Pologne et que j’avais le niveau pour y jouer", rejoue-t-il. Commence alors une plongée dans son histoire personnelle pour retrouver des livrets de famille ou des documents attestant de la nationalité polonaise de sa grand-mère, aujourd'hui décédée.

Le dossier validé par World Rugby, le joueur de 20 ans a pu disputer le championnat d'Europe U20 en novembre dernier avant d'enchaîner avec le Rugby Europe Championship, donc. Après quatre défaites en quatre rencontres, les Polonais défieront les Belges, dans une affiche où le vaincu sera rétrogradé en Trophy. "On aborde ce match sans pression, avoue Nicolas Saborit. Les dernières rencontres on se mettait trop de pression, en voulant trop respecter le plan de jeu. Là, on veut juste jouer, et quand on le fait, qu’on prend du plaisir, nos actions en découlent. Il ne faut pas se crisper et être trop fermé, sinon on ne va pas jouer notre jeu qui est de relancer, d’ouvrir."

Les Anglophones m’ont aidé à apprendre l’hymne sur une base phonétique anglaise plutôt que polonaise

En rejoignant les Biało-czerwoni (les Blanc et Rouge), il s'est donc rendu dans le pays d'origine de ses aïeuls. "La première fois que je m'y suis rendu, c'était beaucoup d’émotions car ma grand-mère est décédée quand j’étais jeune, rembobine celui qui a débuté le rugby à Marseille. C’était très particulier pour moi car je ressentais mon héritage. Mais c’est toujours un plaisir." La barrière de la langue est vite franchie. Avec des entraîneurs anglophones et plusieurs joueurs naturalisés, la langue principale du vestiaire est l'anglais. "Mais j’essaie d’apprendre le polonais quand je suis en sélection, et aussi de mon côté", lance le centre. En revanche, il a fallu apprendre l'hymne national, ce qui n'a pas été des plus simples selon son témoignage : "Les Anglophones m’ont aidé à apprendre l’hymne sur une base phonétique anglaise plutôt que polonaise. Maintenant, ça y est, je la connais bien. Avant certains matchs, je me retrouvais avec deux, trois coéquipiers et ils m’aidaient à l’apprendre."

Sur le terrain, c'est un mix des langues. Nicolas Saborit doit faire du rab pour mieux comprendre ses partenaires. "Le plan de jeu est en polonais avec des mots en anglais. Mais parfois, ils ont des réflexes en polonais comme "profond", "à plat". Dans le jeu courant, c’est plus compliqué à comprendre", lâche l'ancien joueur d'Aix. Lui aussi a dû s'adapter pour ne pas crier "glisse" ou "montez" à ses partenaires. "Mon premier match j’ai dû le faire mais maintenant je suis habitué. À part un petit "put***" qui peut sortir de temps en temps (rires)."

Titularisé au centre lors de trois des quatre matchs de la Pologne dans la compétition, il a vite trouvé ses marques dans le collectif polonais : "J’ai été très bien accueilli, dès le départ, même si j’étais un des plus jeunes. Il n’y a aucune guéguerre pour jouer. Les autres centres plus âgés m’ont aidé, m’ont poussé à faire des séances en plus s’il y a des choses que je ne comprenais pas dans l’apprentissage du plan de jeu en polonais. Il y a une entraide qu’il n’y a pas toujours en club."

Passé par le FC Barcelone

Pendant que Nicolas Saborit évolue en sélection, ses coéquipiers en club jouent sans lui. "C'est peu banal un joueur de cette catégorie en sélection chez les séniors", avoue Stéphane Nicouleau, entraîneur à Nice du Polonais. Le joueur est d'ailleurs récemment arrivé sur la Côte-d'Azur. À la fin de la saison dernière, il est parti à Barcelone pour un projet scolaire mais aussi rugbystique, jouant en première division locale avec le FC Barcelone, club où cela tourne en général plus rond qu'ovale. Il n'est arrivé qu'en novembre au stade des Arboras, où il n'a disputé que quatre rencontres avant de partir rejoindre les Biało-czerwoni.

C'est le revers de la médaille : son passage en sélection l'empêche de progresser en club, alors qu'il commençait à s'entraîner avec les pros avant son départ. Mais l'entraîneur niçois reste optimiste : "On n'a pas beaucoup de retours sur lui au final. Il s'est peu entraîné et n'a pas beaucoup joué. On n'a pas eu le temps de l'analyser. On attend de voir comment il a pu progresser en sélection. On sait qu'il a dû potentiel et on espère qu'il pourra retourner avec le groupe pro. Mais pour ça, on va devoir le réévaluer dès son retour."

Nicolas Saborit le sait, il se fera chambrer par ses partenaires azuréens lors des retrouvailles : "Au vu des résultats j’ai pris quelques pièces. Des fois, on m'appelle "Le Polonais" ou "PLK". On me demande de chanter du PLK (NDLR un rappeur français d'origine polonaise). C’est bon enfant." En attendant, c'est depuis Marcoussis, camp de base de la Pologne, qu'il répond. "C’est la première fois que j'y monte. D’entrée, en allant récupérer ma chambre, j’ai croisé Thomas Ramos, Gaël Fickou, Charles Ollivon…" Un avant-goût de la rencontre à Jean-Bouin ce dimanche...

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Les commentaires (1)
TchictchacJuj Il y a 1 mois Le 15/03/2024 à 14:53

Allez Nico bravo félicitations et bon match