6 Nations 2024 - Gonzalo Quesada, sélectionneur de l’Italie, décrypte les réussites de son premier Tournoi

C’est ce qui s’appelle réussir son entrée en matière. Gonzalo Quesada, nommé sélectionneur de l’Italie au sortir d’une Coupe du monde terne et terminée par un cinglant 60 à 9 face aux Bleus à Lyon, a relancé en quelques semaines cette équipe et en a fait une sélection performante qui a réalisé le meilleur Tournoi des 6 Nations de son histoire avec deux victoires (Écosse et Galles), un nul (face à la France sauvée par un poteau) et une courte défaite de trois points (face à l’Angleterre).

Dimanche en fin d’après-midi, de retour avec son groupe de Cardiff, durant une escale à Amsterdam, l’Argentin patron sportif du rugby italien a bien voulu détailler son intégration "express" et le travail entrepris. "Même si mon contrat ne démarrait que le 1er janvier, je me suis installé en Italie deux mois avant, afin de faire connaissance avec mon futur staff et essayer de gagner du temps", glissait-il. Dès le match d’ouverture face au XV de la Rose au stade olympique de Rome, l’Italie de Quesada a d’abord voulu exister par le jeu. "Mon premier travail était de soigner les têtes. Le groupe, staff et joueurs, était comme traumatisé par les deux lourdes défaites face aux Blacks et aux Bleus en Coupe du monde. Lors du premier rassemblement à Vérone, mi-janvier, on a profité d’excellentes installations mais surtout nous avons défini ensemble ce qui devait nous définir. Ce qui nous rend différents par rapport aux autres nations historiques du rugby, quelles sont nos valeurs, l’image que nous voulions transmettre de nous en Italie, ce qui nous définissait comme Italiens. J’ai senti les joueurs marqués psychologiquement. J’ai essayé de leur rappeler qu’ils avaient le niveau pour rivaliser." Le match face à l’Angleterre servira de détonateur.

Pendant près d’une heure, la "Nazionale" fait la course en tête au score. Elle ne cède finalement que dans les dernières minutes, échouant à trois petits points (24-27). "Nous avions perdu mais cela validait notre stratégie sportive. Et nous avons poursuivi notre Tournoi crescendo. Même la perte de nos deux piliers droits, Ferrari et Riccioni, n’a pas plombé le moral de mes joueurs."

Protéger les jeunes

À l’heure du bilan de "l’effet Quesada", l’intéressé tient à saluer l’investissement de ses joueurs mais aussi de son staff. "J’ai senti beaucoup d’adhésion dans ce que j’ai proposé. J’ai trouvé des adjoints avec une grosse éthique de travail, l’envie de réussir. Je suis heureux et satisfait pour mes joueurs. Ce Tournoi doit être pris comme une marche. On doit s’inscrire dans la durée."

Comment cela ? "L’un de mes chantiers va être d’arriver à protéger les jeunes talents italiens. À ce qu’ils arrivent à jouer plus souvent à haut niveau. Il n’y a pas encore de système de Jiff comme en France, si bien que sur les postes clés de nos deux franchises, Trévise et Parme, ce sont souvent des étrangers qui jouent. Or, nous avons plusieurs générations de moins de 20 ans talentueuses qui arrivent. La FIR fait un très bon travail de formation. Il faut maintenant arriver à les développer en Italie." Le technicien argentin est donc conscient du chemin qu’il reste à parcourir pour faire définitivement de l’Italie, un grand du rugby.