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L'édito du lundi : Mûr ou mur ?

Par Emmanuel MASSICARD
  • Gael FICKOU face à l'Angleterre
    Gael FICKOU face à l'Angleterre Icon Sport - Hugo Pfeiffer
Publié le
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À quoi tiennent la réussite d’un collectif et le destin de vies concentrées autour d’une seule quête obsessionnelle : remporter une Coupe du monde ? Vous avez trois ans pour répondre et rendre copie propre, sans rature ni brouillon. La meilleure note rejoindra le staff de Fabien Galthié à l’été 2027, afin de préparer la Coupe du monde australienne.

Un conseil en passant, n’oubliez pas un principe fondamental : le jury présidé par le sélectionneur aux lunettes noires croit dur comme fer aux vertus de la "bouteille", individuelle et collective. Pour avoir lu dans le marc des vieilles recettes usées par la concurrence, Galthié est ainsi persuadé qu’il faut avoir plus de 30 ans et au moins 60 sélections pour décrocher le Graal.

Reste l’équation ultime que vous devrez résoudre pour le convaincre : comment faire durer jusqu’à l’âge mûr des joueurs à l’échelle internationale sans qu’ils ne soient projetés dans le mur du trop par les cadences de notre rugby français addict aux matchs et aux compétitions. Essayez donc mais ne vous leurrez pas : personne n’a encore trouvé la solution…

Pour ce qui nous concerne, et au risque d’être classés hors sujet, nous ferons un pas de côté. Justement parce qu’il nous paraît dingue de vouloir faire courir toujours plus vite et plus longtemps (les fameux mètres parcourus par minutes) des joueurs dont la principale force de l’âge n’aura alors plus rien à voir avec la mobilité. À moins de les enfermer dans un congélo et de les sortir pour une petite douzaine de matchs par saison. Et encore…

Sans tomber dans la vieillophobie en tentant d’envoyer tout de go vers la maison de retraite les déjà trentenaires et futurs proches, il n’est pas certain que le rugby actuel soit davantage taillé pour les vieux experts que pour les jeunes pousses prometteuses. La preuve avec la fin du Tournoi que nous venons de vivre, quand un vent de fraîcheur réanima les Bleus.

Tout n’est donc pas perdu. Et tant de choses incitent à penser que l’avenir appartient d’abord aux Le Garrec, Depoortere, Barré, Gailleton ou Bielle-Biarrey pour ne citer qu’eux, sans oublier les Colombe (plutôt qu’Atonio), Tuilagi et Meafou (plutôt que Taofifenua).

Pour tout vous dire, on serait même prêts à manger notre chapeau si les cadres actuels (Fickou, Atonio, Taofifenua, Ollivon, Cros, Baille, Danty) étaient tous titulaires en 2027 (ce qu’on leur souhaite). D’abord parce que l’évolution actuelle du jeu est sacrément consommatrice d’énergie et de sang frais ; ensuite parce qu’il ne nous semble pas prévu que les clubs fassent sans eux.

Galthié peut bien présumer de la longévité de ses cadres, quasi de leur jeunesse éternelle. On l’imagine mal ne pas préparer une autre forme d’avenir en intégrant certains qui piaffent d’impatience en Top 14, pour qui les tournées d’été semblent désormais écrites.

D’un excès à l’autre, méfiance. Car la réussite de ce fameux dessein collectif ne se concrétisera jamais sans un mélange d’expérience et d’insouciance, de maîtrise et de culot, de puissance et de vitesse. Surtout, n’oublions pas que la maîtrise des éléments et de la stratégie à suivre viendra d’abord du staff, et plus encore du sélectionneur. Lui qui doit être le premier de tous les mûrs et de qui nous attendrons la lumière.

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