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Reportage. Top 14 - "Ça reste un grand joueur", zoom sur le retour de Romain Ntamack sur les terrains

Par Jérémy FADAT
  • Après plus de sept mois loin des terrains (suite à une rupture du ligament croisé du genou gauche) Romain Ntamack a retrouvé le maillot du Stade toulousain. Face à Pau, l’ouvreur du XV de France qui a été privé de la Coupe du monde s’est montré très à son aise pour le plus grand bonheur des Toulousains.
    Après plus de sept mois loin des terrains (suite à une rupture du ligament croisé du genou gauche) Romain Ntamack a retrouvé le maillot du Stade toulousain. Face à Pau, l’ouvreur du XV de France qui a été privé de la Coupe du monde s’est montré très à son aise pour le plus grand bonheur des Toulousains. Midi Olympique - PATRICK DEREWIANY
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Sept mois après son opération du genou gauche, l’ouvreur toulousain a retrouvé la compétition samedi soir face à Pau, avec la facilité qui le caractérise. Entré à vingt-cinq minutes de la fin, l’international – et grand absent du dernier Mondial – a déjà été déterminant et a marqué les esprits, à une semaine du huitième de finale de l’Investec Champions Cup.

La confession était signée Laurent Thuéry, l’entraîneur de la défense du Stade toulousain, en conférence de presse après le match : "La dernière fois qu’on avait gagné un bras de fer en fin de rencontre, c’était en finale de Top 14. Depuis, on les avait tous perdus…" Référence au 17 juin dernier quand Romain Ntamack avait traversé la pelouse du Stade de France, à la 78e minute, pour aller offrir le vingt-deuxième Brennus à son club de toujours. C’était aussi sa dernière apparition avec le maillot rouge et noir jusqu’à… samedi soir. Une coïncidence ? Sûrement pas. Peut-être simplement un sacré clin d’œil de l’histoire pour celui dont le genou gauche a lâché le 12 août, à Saint-Étienne contre l’Ecosse, le privant d’une Coupe du monde à domicile qui le faisait tant rêver. "Tout le monde s’inquiétait de perdre Antoine Dupont mais je pense que Romain, c’est du même acabit en termes de manque pour le XV de France durant la compétition", expliquait son entraîneur Clément Poitrenaud dans ces colonnes vendredi. Et d’ajouter : "C’est la même chose pour nous, à Toulouse." En vingt-cinq minutes, sept mois quasiment jour pour jour après son opération et alors que le score était serré face à Pau, le joueur a mis des actes sur les paroles de l’ancien arrière international. "Il n’y avait pas vraiment de questions à se poser, même si j’aurais préféré un contexte plus favorable, raconte-t-il. Les Palois nous ont mis à mal et ils étaient à deux doigts de gagner. Cela m’a permis de revenir vite dans le grand bain. Je n’ai pas eu le temps de tergiverser. Je suis entré et il fallait gérer un match serré, cravacher jusqu’à la fin."

Son meilleur pote Matthis Lebel en sourit : "C’était pas mal, non ? Ça reste un grand joueur. S’il y a bien un truc qu’il ne perdra jamais, c’est le pif pour le rugby." Un instinct et un talent qui se sont déjà avérés décisifs pour son retour à la compétition, lui qui a franchi et battu trois défenseurs sur son deuxième ballon d’attaque. Laurent Thuéry le félicite : "On l’a vu breaker plein axe, redresser des courses… On n’est pas surpris. On le voyait très bien à l’entraînement, c’est la suite logique." Et naturelle, comme toujours avec lui. Même s’il lui fallait passer cet écueil : "À l’échauffement, j’avais le souffle un peu court. J’ai retrouvé peu à peu des sensations. Je suis content, j’ai pu jouer des duels, prendre des contacts. L’appréhension est partie assez rapidement. J’en avais besoin."

Piqueronies : "Romain a toujours été là"

Romain Ntamack a pourtant traversé une semaine forcément particulière. "Il l’a abordée avec le froid qu’on lui connaît même si ça devait bouillir à l’intérieur, note Lebel. Mais il ne le montre pas. Il sait où il veut aller et ce qu’il doit faire pour le préparer." Et lui, en accord avec l’encadrement sportif, le staff médical et le chirurgien avait coché cette case de longue date. Il était prêt. "Mon objectif, c’était d’avoir du temps de jeu, confirme-t-il. […] J’ai essayé de vivre la semaine d’une manière calme et tranquille. Je ne faisais pas trop de plans sur la comète, j’ai voulu ne pas trop penser au match. J’étais concentré parce qu’il ne fallait pas que les émotions prennent le dessus. Je voulais faire une bonne entrée, pour vite évacuer tout ça."

Romain Ntamack, retour au naturel
Romain Ntamack, retour au naturel Midi Olympique - PATRICK DEREWIANY

Même si l’arrivée au stade fut intense, sous les applaudissements nourris d’un public surexcité à l’idée de retrouver l’une de ses idoles. "L’atmosphère dans le bus, la descente avec les supporters qui attendaient… C’était spécial. J’ai profité même si je restais concentré. J’avais la boule au ventre." Et le numéro 10 s’est lâché sur le terrain ensuite. "Romain incarne le fait de ne pas lâcher le morceau, de ne pas accepter de perdre, apprécie Lebel. Il a su se rassurer sur le travail qu’il avait effectué. Il a vu que le genou allait bien et il s’est fait plaisir à prendre quelques initiatives, pour mettre l’équipe dans l’avancée. Il a sûrement été rassuré de commencer sur le banc, même si c’est paradoxal à dire quand on le connaît. Cela lui a enlevé une petite pression. Quoi de plus beau que d’entrer et de contribuer à faire gagner l’équipe…"

Voilà comment, aux alentours de 23 heures samedi, il se dégageait dans les travées d’Ernest-Wallon cette surprenante et finalement rassurante sensation que le temps s’était figé ces huit derniers mois. Que le jour où Romain Ntamack avait terrassé à lui seul le Stade rochelais à Saint-Denis, c’était hier. Comme si de rien n’était… Le manager palois Sébastien Piqueronies, adversaire d’un soir qui guidait le jeune homme en 2018 quand ils étaient devenus ensemble champions du monde des moins de 20 ans, l’explicitait mieux que personne : "On a l’impression qu’il ne s’est presque pas arrêté. Sept mois, sept jours, sept semaines… On ne sait pas trop, en fait. Romain a toujours été là ! Il est en train de se faire un vrai parcours dans le rugby français, et il le mérite. Romain appartient pleinement au rugby français." Puis d’avouer, non sans ironie : "J’aurais préféré qu’Ugo (Mola) choisisse de le préserver un peu plus et de lui faire jouer moins de minutes ! Sérieusement, j’étais très heureux de revoir Romain sur un terrain et c’est la première chose que je lui ai dit avant le match."

Le Racing ? "Si le staff ne le sent pas…"

C’est aussi et quelque part le condensé, en une poignée de minute seulement, d’une carrière déjà hors du commun, alors que "NTK" ne fêtera ses 25 ans que le 1er mai prochain. Dorian Aldegheri, lequel l’avait chambré dans la semaine sur sa musculature du haut du corps au même titre que Lucas Tauzin – "Lucas me chambre parce que, pour la première fois, j’étais plus lourd que lui, il a eu du mal à le digérer", se marre Ntamack –, nous confiait après la rencontre : "C’est Romain, c’est une machine." Et Lebel de reprendre en écho : "Je ne suis pas étonné. Il a optimisé cette plage pour se régénérer mentalement et se renforcer physiquement. Il va récupérer de la caisse petit à petit et, le connaissant, il va vite basculer pour postuler sur les prochains matchs." D’autant que celui à venir n’est autre que le premier éliminatoire de la saison.

Dimanche, le Stade toulousain recevra le Racing 92 en huitième de finale de Champions Cup et, avec les incertitudes autour de Thomas Ramos (crête iliaque) et Blair Kinghorn (ischios), l’entrée détonante de Ntamack fera forcément cogiter Ugo Mola et ses adjoints au moment de définir leur XV de départ. "Mon intention, à la base, n’était pas de démarrer la semaine prochaine ou de revenir en voulant le maillot de titulaire tout de suite, plaide l’ouvreur. Le staff fera son choix, on a un effectif avec tellement de bons joueurs à tous les postes. Si j’y suis, tant mieux. Mais s’il ne le sent pas et si je dois être un suppléant, j’accompagnerai mes partenaires." Difficile pour autant de ne pas l’imaginer jouer un rôle important. Bref, c’est le retour… à l’ordinaire.

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Les commentaires (3)
Monget Il y a 25 jours Le 04/04/2024 à 09:31

C'est incroyable à quel point par son absence, il a mis tout le monde d'accord et moi le premier. Avant qu'il se blesse, on pouvait débattre de la concurrence au poste, mais lui absent, on a vu qu'il était le meilleur et surtout le plus complet.

31Decat Il y a 28 jours Le 01/04/2024 à 13:01

Un très bon joueur, bien meilleur que son père surtout défensivement.

Danilo31 Il y a 27 jours Le 02/04/2024 à 07:46

A quoi sert ce genre de commentaire? Pourquoi rabaisser Emile? Ils ne jouent même pas au même poste. C'est ridicule. Juste critiquer pour critiquer.