Top 14. Arbitrage – Info Midol : Ligue et Fédération fermement opposées au carton rouge de vingt minutes
Début mai, World Rugby pourrait entériner une série de nouvelles règles, dont le carton rouge de vingt minutes. Selon nos informations, la Fédération Française de Rugby et la Ligue Nationale de Rugby se sont fermement positionnées contre et l’ont fait savoir à la sainte mère du rugby dans le monde. Voici pourquoi…
Le 19 mars dernier, World Rugby, sainte mère de ce jeu dans le monde, a présenté une série de mesures – pour le moment appliquées de façon expérimentale dans l’hémisphère Sud- destinées à améliorer le "caractère divertissant des rencontres" et en minimiser les temps morts. Parmi celles-là, la mise à mort de la « loi Dupont » (par extension, elle vise à réduire le ping-pong rugby) ou la fin de la « prise du crocodile » (un joueur qui saisit un adversaire par le torse pour le faire rouler hors du ruck sera désormais durement sanctionné) sont notables. Mais l’évolution ayant jusqu’ici le plus monopolisé nos débats n’est autre que celle relative au carton rouge, le groupe de travail de World Rugby ayant émis l’hypothèse qu’un joueur sanctionné d’un carton rouge puisse être remplacé par un coéquipier au bout de vingt minutes, annihilant ainsi l’infériorité numérique de son équipe.
Les statistiques donnent tort à World Rugby
Bonne ou mauvaise idée ? À ce sujet, les avis divergent et selon nos informations, la France et les grandes nations du Nord (l’Angleterre, l’Irlande…) seraient largement défavorables à cette évolution : dernièrement, la Ligue Nationale de Rugby et la FFR ont même envoyé un courrier conjoint à World Rugby, missive au fil de laquelle les instances dirigeant le rugby hexagonal demandent à leurs homologues internationaux de revoir leur idée initiale. Joint au téléphone, le vice-président de la FFR Jean-Marc Lhermet explique en préambule : "Les grosses nations du Sud poussent en faveur du carton rouge de vingt minutes, arguant du fait que l’expulsion d’un joueur a un impact trop important sur le résultat final et est susceptible de provoquer un désintérêt des gens. Lors d’une première réunion, nous nous étions opposés à cette mesure avec Emmanuel Eschalier (directeur général de la LNR)."
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Dans la foulée, la fédération et les clubs pros ont sondé joueurs, arbitres et entraîneurs français, lesquels se sont montrés très majoritairement défavorables au projet. Mais les deux instances sont allées plus loin, épluchant les résultats des matchs internationaux ou des rencontres de Top 14 afin d’avoir un verdict précis quant à l’incidence d’un carton rouge sur les résultats. Lhermet poursuit : "Sur 160 matchs disputés dans le Tiers 1 depuis 2021, 30 ont été le théâtre d’un carton rouge : l’équipe en infériorité numérique s’est alors inclinée dans 60 % des cas, ce qui est très loin de ce qu’on nous avait alors annoncé en réunion, par la voix des nations du Sud notamment. In fine, l’impact du carton rouge n’est donc pas systématique." Au fil des deux dernières saisons de Top 14, la statistique est sensiblement équivalente à celle décelée dans le rugby international, soit 60 % de matchs perdus par l’équipe en infériorité numérique.
L’instance peut-elle passer en force ?
Ce n’est pas tout. Les dirigeants français voient un autre effet pervers à l’évolution du règlement. "La peur du gendarme, poursuit le bras droit de Florian Grill à la fédé, elle fonctionne. Depuis qu’on a augmenté le niveau de sanction sur des gestes déloyaux, le plaquage cathédrale ou le plaquage en l’air ont quasiment disparu. Ici, on a donc peur que la banalisation du carton rouge fasse in fine réapparaître ce genre de comportements". Il va de soi, aussi, que l’évolution perpétuelle des règles du rugby ne ferait qu’ajouter du flou à un sport dont on dit trop souvent qu’il est au mieux complexe, au pire totalement incompréhensible. "Dans l’esprit des gens, enchaîne Lhermet, un carton rouge est synonyme d’expulsion définitive. On risque donc de perdre le grand public en chemin. D’un point de vue plus philosophique, et au sein du sport collectif par excellence, on regrette aussi que l’impact collectif d’un carton rouge disparaisse : historiquement, la faute d’un joueur a toujours eu une incidence, bonne ou mauvaise d’ailleurs, sur l’équipe dans son intégralité".
Début mai, les dirigeants de World Rugby décideront d’entériner ou pas l’ensemble de ces nouvelles mesures. Mais alors, si la règle du carton rouge était votée par le « council » malgré l’opposition de la France, de l’Angleterre ou de l’Irlande, le Top 14 pourrait-il bénéficier d’une dérogation sur ce point de règle précis ? Jean-Marc Lhermet conclut ainsi : "Déjà, World Rugby peut décider de tout abandonner mais je n’y crois pas trop. L’instance peut aussi choisir de tester le carton rouge de vingt minutes avec des équipes de l’hémisphère nord, lors d’une tournée d’été du XV de France ou pour la prochaine Coupe des moins de 20 ans, par exemple. Peut-elle, enfin, nous offrir une dérogation sur ce fait-là ou cela nous sera-t-il imposé ? J’ai posé la question en réunion mais je n’ai pas encore eu de réponse précise…"
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