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Soutiens offensifs : la grande répression

Par Nicolas Zanardi
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    Soutiens offensifs : la grande répression
Publié le Mis à jour
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En vue du Mondial 2015, les arbitres du panel international ont pour consigne de se montrer très vigilants sur l’attitude des soutiens offensifs, afin de maintenir l’équité entre attaque et défense. Ce que les Racingmen ont payé pour savoir en quart de finale de Champions Cup contre les Saracens.

«On your feet, on your feet ! » Sur vos pieds, sur vos pieds… Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nigel Owens avait averti les Racingmen de ce qui les attendait, eux qui multipliaient les temps de jeu dans l’espoir de ronger le chronomètre et d’attendre le coup de sifflet final. Plusieurs fois avant la dernière faute de Fabrice Metz et Virgile Lacombe, l’arbitre gallois avait déjà été tout proche de sanctionner les joueurs du Racing-Metro. À chaud, sur le coup de l’émotion, le demi de mêlée Maxime Machenaud s’était d’ailleurs emporté à l’égard de ses coéquipiers, avant de logiquement s’excuser. « Je lui ai dit quatre fois de rester sur ses appuis, on ne peut pas accepter ça… L’arbitre nous l’a dit vingt fois sur le regroupement, c’était sûr qu’il allait siffler. » Même son de cloche du côté de son entraîneur Laurent Labit : « Nous étions dans un match international et, quand on cherche à gérer la pendule, à gagner du temps, on s’expose à la sanction. Cela va contre l’esprit du jeu et chez les Anglo-Saxons, ça a du mal à passer. » Le même M. Owens s’était d’ailleurs déjà montré particulièrement sévère sur cette phase de jeu précise lors d’Angleterre - France, sifflant à l’encontre de Loann Goujon un soutien sur Bernard Le Roux qui nous avait, voilà trois semaines, déjà paru très sévère.

Supporter le poids de son corps

Alors, le « sealing-off », puisque c’est de cela qu’il s’agit, constitue-t-il un des tics d’arbitrage de Nigel Owens ? Sûrement pas si l’on veut se souvenir qu’en 2011, c’était lui qui officiait lors d’un Northampton - Munster de légende, qui avait vu les Irlandais tenir le ballon pendant six minutes et 41 temps de jeu pour inscrire un drop-goal par Ronan O’Gara.

La vérité ? Elle réside tout simplement dans le fait qu’en vue de la Coupe du monde, les arbitres souhaitent se montrer particulièrement vigilants sur ce genre de soutien, qui voit le partenaire du porteur du ballon se coucher sur son partenaire pour protéger la sortie de balle. « La grande ambition de Joël Jutge, c’est de respecter l’équité des chances sur les phases de jeu au sol », nous confiait, sous le sceau de l’anonymat, un arbitre international. « On ne veut pas empêcher un soutien de se lier à son partenaire au sol mais il doit rester sur ses appuis et montrer qu’il supporte le poids de son corps, pour éventuellement permettre à l’adversaire de contre-rucker. « Sceller » son partenaire au sol en se couchant dessus revient à empêcher l’adversaire de contester le ballon. Alors, bien sûr, certaines situations pourront peut-être passer à l’as, dans des moments non-critiques ou lorsqu’aucun défenseur n’arrive à temps ou ne manifeste l’intention de contester. Mais dès lors que l’équité n’est pas respectée, il faut siffler pénalité. » Ce que n’a pas manqué de faire Nigel Owens, en toute logique. Vis-à-vis de la règle autant que de l’esprit. n

Jackman : « Équilibrer le travail entre avants et trois-quarts »

Notez-vous, depuis quelques mois, une tendance des arbitres à regarder scrupuleusementl’attitude des soutiens offensifs ?

Oui, il y a clairement une consigne chez les arbitres depuis quelque temps, qui s’est amplifiée ces derniers mois. Sur une situation similaire à celle du Racing-Metro, il n’est plus possible de faire tourner la montre par du jeu à une passe. Les arbitres détestent ça et veulent qu’on leur montre une bonne image. Un sealing-off est toujours possible de temps en temps, s’il ne prête pas à conséquence pour le travail de la défense. Mais lorsque cette technique est utilisée plusieurs fois de suite dans le seul but d’empêcher les défenseurs de contester le ballon, qui plus est dans le cadre d’une fin de match, les arbitres ne la laissent pas passer. Ce n’est pas une bonne stratégie. Avec Grenoble, il nous est arrivé la même chose l’an dernier, lors de la réception de Bayonne qui était cruciale pour nous. Nous avons voulu faire exactement comme le Racing-Metro et la sanction avait été la même. Et le match, qui était crucial pour le maintien, s’était soldé sur un match nul (21-21).

Vous disiez qu’un sealing-off était toujours possible de temps en temps… à quelle situation précise pensiez-vous ?

Généralement, les sealing-off sont utilisés dans les stratégies de sorties de camp, lorsque l’on cherche à placer le botteur dans de bonnes conditions. Dans ce cas de figure, les arbitres sont un peu plus tolérants. Mais je le répète, dans le contexte d’une fin de match, ce n’est pas le bon plan. Face aux Saracens, on entend, à la vidéo, l’arbitre gallois prévenir plusieurs fois les joueurs du Racing-Metro, ce n’était pas par hasard.

Quelle était alors la meilleure stratégie qui s’offrait au Racing-Metro ? Occuper et défendre ?

Rendre le ballon au pied n’était pas non plus une très bonne idée car même si la pression est bien organisée, on ne sait jamais tout à fait ce qui peut se passer lorsqu’on rend le ballon à l’adversaire. Pour moi, l’idée de conserver le ballon était bonne mais il aurait peut-être fallu davantage d’alternance que ce jeu à une passe avec les avants. À mon avis, deux temps de jeu au ras, c’est le maximum. Après, il faut jouer un coup avec les trois-quarts, bien sûr sans trop s’éloigner des soutiens, mais suffisamment pour montrer qu’on a l’intention de jouer le ballon et équilibrer le travail entre avants et trois-quarts. Quitte à revenir ensuite sur deux temps au ras, puis re-écarter. Je suis d’ailleurs persuadé que s’il avait été sur le terrain à ce moment-là, c’est ce que Jonathan Sexton aurait commandé.

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