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Le rituel de passage

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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16e journée de Top 14. Le Stade français vient d’écraser Castres 49 à 13. Si pour le club tarnais la maison brûle, le jeune demi de mêlée Antoine Dupont vient de se faire un nom dans le cercle fermé de l’ovalie. Retour sur sa première titularisation...

Ces derniers jours ont été rudes pour le jeune demi de mêlée. En stage à Marcoussis, il a fallu redoubler d’efforts toute la semaine. Aussi, les attentats orchestrés par les frères Kouachi à Paris le mercredi ont jetés un froid sur le pays, ont glacés les âmes des vivants. À travers le monde, on est en deuil, l’heure est à la reconstruction après le mal engendré. Antoine Dupont, assis sur le lit de sa chambre d’hôtel reçoit un appel d’un coéquipier castrais : « Toto, demain soir tu es titulaire contre le Stade français, ne t’en fais pas, tout est arrangé pour l’hôtel et l’avion, tu restes sur place, on te récupère demain ! ». Une fois le téléphone raccroché, tout se brouille dans l’esprit du joueur. « Je savais que Rory (Kockott N.D.L.R.) était dans l’impossibilité de jouer, et on attendait la réponse de Cédric Garcia qui lui aussi était dans l’incertitude quant à sa blessure, mais je ne m’attendais pas à être choisi », nous explique le jeune joueur. Antoine Dupont est un homme de l’ombre. Il ne se dévoile pas. Il possède en lui une sorte de pudeur inexplicable. De la timidité peut-être mais de l’humilité surtout. Pourtant, du côté du staff castrais, le choix est fait : Antoine Dupont, 18 ans ou pas, a les moyens d’affronter le Stade Français, premier ex-æquo avec Clermont…

« Là je me suis dit que je m’en étais peut-être bien sorti »

Le Vendredi au matin, le demi de mêlée retrouve ses coéquipiers dans leur hôtel à Paris. « Rémi Talès et Romain Cabannes m’ont beaucoup soutenu. J’ai pris un cahier et j’ai noté toutes leurs consignes, ça m’a aidé à me rassurer ». De l’assurance, Antoine semble en manquer dans la vie de tous les jours, sauf une fois la balle entre les mains. Il le sait. Alors, les notes sur son cahier peuvent bien le rassurer, l’aider à calmer sont esprit alarmiste, mais lorsque l’arbitre sifflera le début de la rencontre, tout ça ne sera qu’illusion. Il se révélera sous son vrai jour, comme intouchable au milieu des tirs. Mais à l’heure d’entrer sur le terrain, la pression, plus que celle qu’il garde enfouie en lui, est palpable à travers l’air dans cette enceinte à moitié vide. Ce stade pue la tristesse, la rancœur, la colère, la révolte de toute une nation. « Je suis Charlie » prend la place de toutes les hymnes du monde. Au milieu de tout ça, le jeune Dupont se cramponne à sa concentration pour ne pas craquer. Vient l’heure du coup de sifflet de Monsieur Marchat. Dès lors, la mutation est entreprise pour le Castrais. « Une fois que le match avait commencé toute la pression avait disparu ». La cage qui emprisonnait jusque-là son torse a disparu. Antoine n’est plus le grand timide, il est devenu la bête féroce, capable de mettre de côté Julien Dupuy et bien d’autres joueurs d’expérience. Après 75 minutes de course effrénée, il cède sa place, et une fois sur le banc, un sentiment de satisfaction l’envahi. Et à son habitude, en toute pudeur, il avoue « j’ai regardé les joueurs autour de moi me sourire, et là je me suis dit que je m’en étais peut-être bien sorti ». Effectivement, sur le gong de fin et malgré la lourde défaite du Castres Olympique, le jeune demi de mêlée est félicité par le staff et ses coéquipiers. « C’est comme si tout à coup j’avais réussi le rituel de passage » décrypte-t-il en se souvenant de cet instant. Grâce à sa prestation remarquée, Antoine se sent « plus capable, moins craintif » à l’idée de se découvrir un talent sur le plan rugbystique. Ce jour-là et pour sa première titularisation en Top 14, Antoine Dupont s’est fait une place de talent. Quoi qu’il fasse, sa double personnalité est salutaire. Romane Paulin

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