Abonnés

Pierre de Coubertin : ce passionné de rugby !

Par midi olympique
  • Pierre de Coubertin : ce passionné de rugby !
    Pierre de Coubertin : ce passionné de rugby !
Publié le Mis à jour
Partager :

Le rugby fera son retour aux jeux Olympiques à Rio en 2016 par le biais du VII. On l’oublie souvent mais celui qui a lancé l’ère des jeux Olympiques modernes était aussi un grand passionné de rugby. Ce sport fut à la base du projet pédagogique et de la philosophie du baron de Coubertin. Il fut également un grand acteur de l’implantation du rugby en France à la fin du XIXe siècle.

Le baron de Coubertin a découvert les sports anglais et plus précisément le rugby par la lecture de l’ouvrage Tom Brown’s School Day, écrit par Thomas Hughes ancien élève du collège de Rugby, ainsi que lors de ses divers voyages en Angleterre dans les années 1880 au cours desquelles il a visité les grands collèges d’Eton, d’Harrow et de Rugby. Pédagogue et historien il a développé sa théorie en se basant sur les principes éducatifs et pédagogiques qu’a notamment mis en place Thomas Arnold au collège de Rugby, lorsqu’il en était le directeur entre 1828 et 1841. Ce dernier, face à une jeunesse bourgeoise et noble qui préférait se saouler et jouer de l’argent aux cartes et aux dès, considérait que les professeurs devaient aussi encadrer les loisirs des étudiants. C’est pourquoi il a encouragé la pratique du rugby amateur ainsi que la responsabilisation des élèves dans l’organisation de leurs activités. Ce sont les étudiants de Rugby qui, le 7 septembre 1846, arrêtèrent les premières règles écrites du rugby intitulées : « Règles du football joué à l’école de Rugby ». L’histoire dit que Thomas Arnold déclara : « Je préfère que mes élèves jouent vigoureusement au football plutôt qu’ils emploient leurs moments de loisirs à boire, se saouler ou se battre dans les tavernes de la ville. Le sport, c’est un antidote à l’immoralité et une cure contre l’indiscipline. » De ce fait, sous la Troisième République le Baron a particulièrement milité pour l’introduction du sport et de la compétition à l’École et notamment du rugby. Certains critiqueront la sincérité de son humanisme de par sa misogynie affichée, certains relents de racisme ainsi qu’un certain bellicisme mais personne ne peut critiquer son implication dans le développement du sport en France ainsi qu’à l’international par le biais de l’Olympisme. Pierre de Coubertin croyait en le pouvoir cathartique du sport moderne anglais. Ce ne sont pas les sociologues Nobert Elias et Eric Dunning qui le contrediront puisqu’ils ont publié en 1994 l’ouvrage Sport et Civilisation, la violence maîtrisée. Le sport moderne notamment les sports anglais comme le football et le rugby, qui sont des sports codifiés consisteraient en un exutoire de violence encadré par des règles et limité au cadre du terrain.

Le rugby est « l’image de la vie, un instrument pédagogique de premier ordre »

Le baron de Coubertin appréciait particulièrement la boxe, l’escrime et le tir au pistolet dont il a été plusieurs fois champion de France. Toutefois, il avait une affection toute particulière pour le rugby. Car il considérait ce sport comme le prototype d’outil pédagogique pour la formation des jeunes hommes. Il aurait presque pu inventer le slogan « École de rugby, École de la vie ». En témoigne son article intitulé « Notes sur le Foot-Ball » publié dans la revue «La Nature» du 8 mai 1897, dans lequel le baron Pierre de Coubertin fit l’éloge du rugby et en expliqua son utilité pédagogique ainsi que ses règles fondamentales : « Ce qui est admirable dans le foot-ball, c’est le perpétuel mélange d’individualisme et de discipline, la nécessité pour chaque homme de raisonner, de calculer, de se décider pour lui-même et en même temps de subordonner ses raisonnements, ses calculs, ses décisions à ceux du capitaine. Il n’est pas d’éléments, jusqu’au sifflet de l’arbitre l’arrêtant pour une « faute » qu’un camarade a commise et qu’il n’a pas même aperçue, qui n’exerce sa patience et sa force de caractère. Ainsi compris, le foot-ball est, par excellence, l’image de la vie, une leçon de choses vécue, un instrument pédagogique de premier ordre. » D’ailleurs, beaucoup ont trop vite lu ce texte et se targuent des louanges que le Baron de Coubertin fait à ce dit « Foot-ball » or il ne parle pas du football tel qu’on l’entend aujourd’hui en France mais uniquement du rugby. Ce passage dudit article le prouve : « En tout ceci, je n’ai parlé que du jeu dit de Rugby : le foot-ball se joue aussi sous d’autres règles appelées règles d’Association. L’Association est un sport très élégant, plein de finesse, mais qui ne saurait être comparé au Rugby. Il est interdit de toucher le ballon avec les mains, de le porter… c’est en somme un « ballon au pied » habilement réglementé (De Coubertin critique sûrement ici le ballon au pied ou barrette aquitaine notamment, dont il existait diverses versions suivant les régions en réaction à l’anglomanie de la haute société parisienne notamment adepte du rugby football. Alors que Coubertin souhaitait une uniformisation des règles anticipant l’internationalisation des rencontres, N.D.L.R.), mais ne comportant pas les combinaisons et les péripéties du rugby. Et maintenant, ce rugby porte le nom du célèbre collège d’Angleterre d’où partit, voici cinquante ans, la grandiose réforme pédagogique de Thomas Arnold. »

De Coubertin introduit à l’IRB Hall of fame depuis 2007

On évoque souvent l’implication de Pierre de Coubertin pour la rénovation de l’Olympisme mais dans le même esprit, le Baron a réellement œuvré pour le développement du rugby en France et à l’international. Ceci au sein de l’Union des Sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) née en 1889 de la réunion des initiatives respectives du Racing Club de France et du Stade français ainsi que de celle de Pierre de Coubertin. En 1890, le rugby football est le sport collectif phare de l’USFSA dont Pierre de Coubertin est le secrétaire général et fait partie de la Commission chargée du football rugby qui organise un championnat scolaire à partir de cette année-là. Initialement composée de façon majoritaire par des associations scolaires telles que les lycées parisiens, la fin de l’année 1891 marque la progression du nombre de clubs civils réunis au sein de l’Union alors que les associations scolaires reculent. Le Racing Club de France se structure également. Face à cela, Pierre de Coubertin et l’USFSA sont contraints de se rendre à l’évidence : un simple championnat scolaire n’est pas viable car il ne concerne plus les joueurs qui ont quitté le milieu universitaire. Dès lors, le 5 mars 1892 le « projet de championnat interclubs de football » est lancé. Seuls le Racing et le Stade Français se portent candidats. De ce fait, la première finale de ce championnat se joue le 20 mars 1892 sur la pelouse de Bagatelle au Bois de Boulogne. Et c’est bien le Baron de Coubertin est le juge-arbitre de cette rencontre. Après le match, au Château de Madrid, c’est aussi lui qui a remis au vainqueur de la rencontre, le Racing Club de France, le Bouclier qu’il avait dessiné. Ce dernier a donc récompensé le premier champion de France de rugby. Le Baron a donc réellement participé à jeter les bases d’un réel championnat de France de rugby. Il participa également à l’organisation du premier match international à Paris entre le Stade Français et le club de Rosslyn Park le 18 avril 1892.

Enfin, et c’est bien en ce point que Pierre de Coubertin a joué un rôle dans l’intégration du rugby au sein de l’Olympisme, ce sport fut inscrit au programme des deuxièmes Jeux olympiques de l’ère moderne à Paris en 1900. Le tournoi olympique de rugby de Paris réunit cette année-là trois nations. Avec l’Allemagne, représentée par le club du SC Frankfurt 1880, le Royaume-Uni et les Moseley Wanderers et enfin la France défendue par une sélection des meilleurs joueurs du Stade français et du Racing Club de France affiliés à l’USFSA dont le fameux Frantz Reichel. L’histoire le dit rarement mais c’est bien la France qui est devenue, le 28 octobre 1900, la première nation championne olympique de rugby grâce à deux victoires. La première contre les Allemands (27-17) et la seconde contre les Britanniques (27-8). L’histoire du rugby aux jeux Olympiques s’est ensuite inscrite en pointillé. Tout particulièrement à partir du moment où Pierre de Coubertin ne fut plus le président du Comité international olympique.

On peut donc dire que le baron a nourri une vraie passion pour le rugby et s’est réellement employé pour développer ce sport en France ainsi qu’au sein du mouvement olympique. De ce fait, tout particulièrement pour l’ensemble de son œuvre en faveur du rugby des hommages lui ont été rendus. Pour exemple, le Racing et le Stade toulousain ont décidé en 2010 de créer le trophée De Coubertin pour « saluer et souligner les valeurs fondamentales du rugby et de l’arbitrage ». Enfin, en guise de distinction suprême Pierre de Coubertin a été introduit en 2007 à l’IRB Hall of fame pour sa contribution au développement du rugby au même titre que William Webb Ellis, que la Rugby School ainsi que des grands joueurs de l’histoire de ce sport. Rien de moins ! Mathias Lenzi

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?