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Les Barbarians ont bien changé

Par Jérôme Fredon
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Publié le Mis à jour
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Les Barbarians qui affrontent les Pumas argentins ce samedi 21 novembre à Twickenham, ont dû renoncer à certains principes comme celui de l’amateurisme, pour survivre.

C’est le privilège de l’âge. Pour les célébrations de leur 125e anniversaire, les Barbarians britanniques ont eu droit, cette année, à un calendrier aux petits oignons. Le match face aux Pumas argentins organisé dans le temple de Twickenham est en effet la cinquième rencontre disputée par les Baa-Baas en 2015.

En avril dernier à Édimbourg, les Barbarians ont croisé le fer avec le club écossais d’Heriots qui fêtaient également ses 125 printemps. Ils ont donné la réplique à l’Irlande à Limerick et à l’Angleterre à Twickenham au mois de mai. Les Baa-Baas ont ensuite eu l’insigne honneur de disputer le premier match de rugby de l’histoire dans l’enceinte du stade Olympique face aux Samoa en août dernier. Depuis le passage au professionnalisme en 1995, les Barbarians ont pourtant vu, à l’instar de leurs cousins français, leur calendrier fondre comme neige au soleil. Face au renforcement des compétitions et l’indisponibilité croissante des vedettes, ils ont totalement se réinventer. « Si note institution avait continué à fonctionner de la même façon, elle aurait disparu », prévient sans fard le vice-président Geoff Windsor-Lewis. Les Baa-Baas ont été amputés de leur tournée de Pâques au pays de Galles. Devant l’appétit grandissant des clubs professionnels, ils ont également dû céder la date du Boxing Day où ils se frottaient à la formation de Leicester. Instituée en 1909, cette tradition ovale a toutefois été éphémèrement ressuscitée en décembre 2014.

Les nouveaux missionnaires du rugby

125 ans après leur formation à Bradford, les Barbarians se montrent toujours très actifs dans les arcanes du rugby. À travers leur fondation du Barbarians Rugby Charitable Trust créée en 2004, les Baa-Baas s’évertuent désormais à prêcher la parole sacrée de l’ovale dans le monde entier. Ils demeurent ainsi cet ultime bastion de liberté, cher à leur père fondateur, William Percy Carpmel. « Quand nous avons perdu la tournée de Pâques, nous avons pris la décision d’effectuer plus de rencontres à l’étranger, se justifie ainsi Micky Steele-Bodger, le gardien de cette vénérable institution depuis 1988. Les Barbarians se sont rendus en Uruguay, en Russie, au Japon et au Portugal pour effectuer à ce qui ressemble plus à un travail de missionnaires. »

Les Baa-Baas sont ainsi régulièrement invités par des Fédérations étrangères pour fêter des anniversaires ou renforcer la popularité d’un sport en plein boom dans ces nations du tier 2. Les Barbarians se sont servis de leur fondation pour laisser une empreinte durable dans les pays visités en finançant des structures. « Les Barbarians reçoivent de nombreuses invitations à travers le monde, assure Micky Steele-Bodger. Il y a tant de centenaires à célébrer que nous ne pouvons pas jouer toutes les rencontres. Je me refuse absolument à dévaluer le maillot des Baa-Baas et à envoyer des équipes de deuxième zone. Les joueurs adorent jouer pour nous au moins une fois dans leur carrière. Ils le font pour le cachet, le plaisir et la cravate des Barbarians. »

7 150 euros par match

Tradition oblige, les Baa-Baas refusent d’avouer publiquement qu’ils ont rompu avec l’amateurisme pur. Les Victor Matfield, Bakkies Botha et consorts ne seraient pas venus se frotter aux urticants Pumas pour des clous. Selon plusieurs sources outre-Manche, chacun des 24 joueurs retenus face à l’Argentine par Michael Cheika toucherait près de 7 150 euros (5 000 livres) pour cette partie. Les Baa-Baas ont dû faire preuve de pragmatisme. Voilà pourquoi ils ont chargé depuis une quinzaine d’années une personne chargée de promouvoir leurs rencontres. Illustre avocat du barreau londonien, Stephen Berrick se porte garant du match. Il négocie un défraiement auprès des clubs et des Fédérations mais aussi des accords pour la location du stade et les droits télé.

Les joueurs reçoivent en retour de leur participation un pourcentage sur les profits réalisés. Les Baa-Baas ont également associé leurs rencontres à un sponsor désireux d’accroître sa visibilité. Depuis 2009, les matchs internationaux des Barbarians sont officiellement baptisés « Coupe Killick » pour le plus grand bonheur de la puissante entreprise d’aéronautique partenaire. La survie des romantiques Barbarians, à l’heure du rugby business, était à ce prix.

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