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Pomarel et les sept profils

Par Arnaud Beurdeley
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    Pomarel et les sept profils
Publié le Mis à jour
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Le rugby à VII n’est pas le rugby à XV. Ou comment enfoncer des portes déjà ouvertes, nous direz-vous. Sauf que. Avant l’ouverture de la saison internationale ce vendredi à Dubaï, nous vous proposons de faire connaissance plus en profondeur avec les spécificités de chacun des postes qui compose un équipe de rugby à VII. Pour l’occasion, l’entraîneur de l’équipe de France Frédéric Pomarel a accepté de jouer à découvert. Messieurs les éducateurs, merci de suivre le guide.

Préambule

« On différencie deux choses au rugby à 7 : l’endroit du terrain où sont positionnés les joueurs sur les phases statiques et les fonctions à assumer dans le jeu. Ce sont deux rôles assez distincts. On a donc essayé de définir sept profils de joueurs qui sont assez différents. Ces profils correspondent très souvent à un poste, mais ils sont interchangeables. On cherche le joueur idéal qui court vite, qui saute haut, qui résiste très longtemps. Malheureusement, ça n’existe pas. »

Numéro 1 (Pilier gauche) : l’aérien

« C’est un joueur qui a une dominante sur la conquête aérienne sur les coups d’envoi. Pour nous, c’est Jonathan Laugel. Un joueur capable d’être très bon en demi-bloc, c’est-à-dire un sauteur avec un seul « lifteur », contrairement au rugby à XV ou le sauteur a deux soutiens. Ce joueur-là doit être coordonné avec son « lifteur », capable de bouger plus vite qu’à XV et de se gainer très fort pour soulager son soutien. En général, c’est un garçon que l’on fait aussi sauter en touche, qui est le garant de la conquête aérienne. C’est un garçon que l’on souhaite rapide également, mais c’est aussi le cas pour les sept profils de poste. Ce joueur aérien, nous avons tendance à le positionner en pilier gauche. Évidemment, il existe différentes formules. Mais pour nous, il est important que ce joueur en sortie de mêlée couvre toute sa partie, c’est pourquoi il doit être rapide. On va donc souvent chercher un ailier à XV, de grande taille et avec des capacités importantes dans la lutte aérienne. »

Numéro 2 (talonneur) : l’insatiable

C’est un joueur qui doit être sur la répétition des tâches, qui ne doit jamais s’arrêter. Il doit être un lien permanent entre tous les joueurs pour colmater les brèches. Sur une sortie de mêlée à droite, il devient premier défenseur dans la ligne. C’est vraiment un poste très spécifique avec des tâches très différentes d’un instant à l’autre. Un exemple : le joueur est talonneur sur une mêlée à droite du terrain et devient demi d’ouverture défenseur dans la seconde qui suit. C’est très complexe. C’est un poste qui requiert de la polyvalence. À XV, ce serait un troisième ligne coureur. En équipe de France, c’est Manoel Dall’Igna.

Numéro 3 (pilier droit) : la poutre

C’est en général un joueur solide, très terrien, qui va accomplir les sales besognes au sol. Un « étayeur », un « ancreur ». Un joueur qui cherchera, au cœur d’une pression défensive, a faire avancer l’équipe, ne serait-ce que de dix centimètres. Sa capacité à tenir à debout et à être solide au contact est importante. À XV, c’est un profil de troisième ligne gratteur. Dans une équipe à 7, c’est le plus quinziste dans son comportement. C’est un joueur qui doit être capable d’absorber la pression en mêlée, de la manœuvrer avec ses bras, de façon à donner la bonne orientation à la mêlée. Et libérer son talonneur le plus vite possible. Pour le coup, il y a là un vrai apprentissage du travail de la mêlée. On critique souvent les joueurs français peu « septiste » et trop « quinziste », mais pour le coup c’est un avantage. Car, ce droitier-là, on le trouve facilement dans notre championnat à quinze. Notre chance est d’avoir un joueur qui maîtrise ce poste à merveille avec Jean-Baptiste Mazoué. Depuis quatre ans, tout le monde reconnaît que nous avons la meilleure mêlée du circuit.

Numéro 4 (demi de mêlée ou libéro) : le magicien

C’est un joueur très libre qui oriente, en prenant un maximum d’initiatives, le jeu de l’équipe. C’est un joueur de milieu de terrain dont la caractéristique dominante est la transmission. Un joueur à la lecture du jeu irréprochable qui doit prendre ses responsabilités. En équipe de France, c’est Terry Bouhraoua Il est le premier à intervenir dans les lancements de jeu. C’est lui qui doit permettre le déséquilibre. C’est pourquoi on parle d’un magicien, d’un créateur. Ce joueur-là doit gagner ses duels, mettre de la vitesse. En défense, il couvre le dernier rideau. Il doit donc aussi avoir les qualités d’un arrière ou d’un ailier à XV. Clairement, le numéro 4 au rugby à VII, c’est un mélange entre le demi de mêlée, le demi d’ouverture, l’ailier et l’arrière à XV.

Numéro 5 (demi d’ouverture) : le chef d’orchestre

C’est le joueur qui donne le tempo des lancements de jeu. Il accélère, il décélère, il freine un peu le magicien. Il doit être capable d’alterner le pied et la main, le large et le proche. Il a souvent le pouvoir de décider des stratégies. C’est un joueur qui doit donc être posé, réfléchi. Stephan Parez, qui est en passe de s’approprier toutes les caractéristiques du poste, et Vincent Inigo sont nos magiciens. Ce sont de bons métronomes.

Numéro 6 (trois-quarts centre) : le prédateur

Ce joueur doit être, offensivement et défensivement, capable d’abattre les lignes adverses ou anesthésier par des sorties défensives marquées, tranchantes, les attaquants. Souvent, c’est lui que l’on sollicite pour venir franchir le premier rideau. Ce joueur-là doit franchir la ligne, gagner ses duels. Pour cela, il lui faut beaucoup de vitesse pour casser les plaquages. Il doit avoir l’instinct du tueur pour impacter la ligne adverse. C’est aussi lui qui ferme les extérieurs, qui impulse la montée défensive. Quand ce joueur-là est marquant sur l’homme, c’est très intéressant. Quant au secteur offensif, c’est un joueur amené, sur le couloir des quinze mètres, à prendre l’initiative soit d’arrêter le jeu déployé pour le transformer en jeu pénétrant, soit de transformer du jeu pénétrant en déployé. Il est dans la gestion des couloirs latéraux. Et c’est lui qui est censé mettre sur orbite son ailier. Aujourd’hui, en équipe de France, c’est Steeve Barry.

Numéro 7 (ailier) : la flèche

Au rugby à VII, tous les joueurs doivent avoir des qualités de vitesse importantes. Mais ce joueur-là doit aller encore plus vite que les autres. Ce joueur-là doit être un finisseur. Il doit être capable de répéter les courses longues sans perte de vitesse, capable de finir les actions offensivement, mais aussi défensivement. Il doit aussi être en mesure de bien comprendre le système de bascule défensive pour se coordonner avec son « libéro ». Aujourd’hui, notre flèche, c’est Virimi Vakatawa, qui a aussi des qualités pour évoluer en numéro 6 en raison de sa capacité à tuer la ligne adverse sur le plan offensif. Seulement défensivement, on ne peut le placer qu’en numéro 7.

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