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Lionel Nallet : «Les clubs délaissent la reconversion»

Par midi olympique
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    Lionel Nallet : «Les clubs délaissent la reconversion»
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Ancien capitaine du XV de France (74 sélections, 16 capitanats) Lionel Nallet n’a pas attendu la fin de sa carrière pour envisager sa reconversion. Il fait figure d'exception et regrette le peu d'intérêts manifesté par certains clubs pour l'avenir de leurs joueurs. Entretien.

Après votre arrêt de carrière en juin 2014, que faites-vous aujourd’hui ?

Je bosse dans ma boîte de mécanique de précision. Je l’ai créée avec mon frère en 2007, qui l’a géré jusqu’à maintenant.

Pas trop difficile pour vous de vous occuper de votre entreprise alors que vous étiez encore joueur ?

Non ça allait, car la partie opérationnelle était bien gérée par mon associé.

Castres, le Racing 92 et le LOU, clubs pour lesquels vous avez joué à partir de 2007, vous ont-ils soutenu d’une manière quelconque dans l’élaboration de votre projet professionnel ?

Non pas spécialement. Simplement parce que je restais rugbyman professionnel. Et je dois tout donné pour le club avec lequel on a signé un contrat. Après on ne passe pas non plus quinze heures par jour dans le club donc on a toujours du temps à accorder à notre vie extra-sportive. C’est ce qui m’a permis de commencer à développer mon projet. Mais sans mon associé ça n’aurait jamais été possible. Aujourd’hui c’est impossible de gérer une entreprise seul et à temps plein en faisant du rugby.

Le fait d’avoir mené une brillante carrière (74 sélections, 16 capitanats avec l’équipe de France) vous a-t-il facilité la tâche ? Ou ce fut une contrainte, de temps notamment, supplémentaire ?

Bien entendu le fait d’être international et un peu connu ça apporte un peu de notoriété à l’entreprise et ça me permet de rencontrer du monde afin de développer un réseau peut-être un peu plus aisément.

Vous avez démarré le rugby à la genèse de l’ère professionnel. Depuis la donne à bien évolué et un jeune joueur en passe de devenir professionnel peut imaginer vivre intégralement du rugby. N’est-ce pas la première dérive de la professionnalisation ?

Si bien entendu. À mon époque les clubs avaient encore un discours de formation, de reconversion puisque les salaires étaient beaucoup moins importants. Les entraînements n’étaient pas forcément en journée, lors de mes toutes premières années, sinon certains joueurs n’auraient pas pu assister aux séances en club. Aujourd’hui, et à partir du moment où les salaires ont augmenté et que les joueurs sont complètement professionnels et dédiés au club, les clubs ont moins de responsabilités au sujet de la reconversion de leurs joueurs. Avant les joueurs signaient dans un club car ce dernier leur trouvait un emploi pour le futur ce qui facilitait leur reconversion. Aujourd’hui les joueurs se déplacent par rapport à l’attrait sportif, l’attrait financier, et enfin de compte c’est plus vraiment le joueur qui fait choisir à un joueur de s’engager avec tel club plutôt que tel club.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune joueur en passe d’intégrer le rugby professionnel ?

Aujourd’hui il est relativement seul dans sa démarche de reconversion. Il faut qu’il ait conscience que les carrières se finissent tôt. Ce sont des discours assez basiques mais qui sont réels. Après une carrière de rugbyman on n’a pas le choix, on doit continuer à travailler. Donc s’il a la possibilité de commencer à s’investir dans son emploi futur et dans quelque chose qu’il aime c’est une bonne chose. Car en vivant du rugby on vit de sa passion, alors quand ça se termine il faut savoir rebondir le plus rapidement possible.

Faites-vous de la sensibilisation auprès des jeunes ?

Si je croise un jeune joueur évidemment, mais aujourd’hui je n’ai pas réellement d’occasion de le faire. J’ai moins de temps à accorder à ma famille depuis que j’ai mis un terme à ma carrière de rugbyman.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’avoir complètement quitté le monde du rugby ?

Depuis toujours j’avais ce désir d’entreprendre. J’avais envie de créer quelque chose. Dans le rugby tout existe donc il n’y avait pas d’opportunités de faire d’entreprenariat. Donc pendant que certains préparaient leurs diplômes d’entraîneur moi je bossais sur d’autres sujets, sur mon entreprise, son développement avec mon associé. Je n’ai donc pas fait le choix de quitter le rugby mais plutôt de fonder ma propre entreprise. Après qui sait, je reviendrais peut-être dans le monde du rugby plus tard mais pour le moment j’ai l’ambition réussir dans un autre domaine.

Aujourd’hui, en fin de carrière, les joueurs sont-ils prêts à quitter le monde du rugby professionnel pour se projeter pleinement dans leur après-carrière ?

Les clubs délaissent la reconversion des joueurs. Ce sont nos employeurs et ils nous rémunèrent plutôt bien donc ils n’ont pas forcément envie d’entendre parler de reconversion. C’est comme si on était salarié d’une entreprise X et qu’on nous soutenait pour préparer notre avenir qui se dessine dans une entreprise Y. Il y a un problème. Le rugby est vraiment devenu professionnel et les clubs ne veulent plus avoir à gérer ça, ce que je conçois. Nous les joueurs on ne peut pas prétendre à avoir des salaires de plus en plus élevés et demander à se faire border pour notre futur. Par rapport aux salaires qu’ils nous donnent je considère qu’ils n’ont plus forcément besoin de couver les joueurs. Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti

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