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Graulhet, entre ombre et lumière

Par midi olympique
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    Graulhet, entre ombre et lumière
Publié le Mis à jour
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Graulhet est parvenu à arracher son maintien dans une division où il est de plus en plus difficile d’exister pour des clubs de villes modestes. Reportage.

Le coup a frôlé le cœur. Comme la saison passée, Graulhet a dû attendre la dernière journée pour se voir officiellement maintenu en Fédérale 1. Il y a un an, c’est au bout du dernier match gagné contre Auch qu’ils ont poinçonné leur ticket de maintien. Cette fois, ils n’ont pas eu besoin de jouer, dimanche dernier, contre Chalon-sur-Saône, pour empocher les cinq points d’une victoire bonifiée. Le malheur des uns fait le bonheur des autres et la faillite châlonnaise a sauvé Graulhet. C’était écrit, ce n’était pas encore l’heure des Tarnais qui, décidément, ont le cuir bien dur.

La bonne nouvelle est arrivée le 3 avril. Les Mégissiers se livraient un match à distance avec Anglet, seule équipe encore en mesure de briser leur rêve de maintien. Un duel fratricide que les Tarnais ont remporté en s’adjugeant avec courage le derby face à Lavaur tandis que les Angloys tombaient les armes à la main à Bobigny. Graulhet et Anglet, au fond, c’est un peu le même combat. Cette année, le sort a souri aux Tarnais mais qu’en sera-t-il demain ? Avec 600 000 euros de budget, Graulhet disputait aux Basques le titre de plus petit budget de la poule et comme souvent l’argent a eu raison : sans le camouflet chalonnais, les Tarnais auraient sans doute accompagné les Angloys dans leur chute en Fédérale 2.

Alors comment les clubs tels que Graulhet pourront continuer de subsister dans cette division qui ne cesse de grossir et de prendre de l’ampleur, au point de devenir presque trop grande pour eux ? « Nous devrons déjà réussir une présaison complète, ce qui ne fut pas le cas cette année, pose David Gau, le président du club tarnais. Il faut bien comprendre que la Fédérale 1 est un championnat qui ne laisse rien au hasard. Nous n’avons pas eu de chance en commençant la compétition avec un huit de devant complètement nouveau où seuls deux éléments avaient fait la transition. Nous manquions de repères. Des matchs amicaux d’intersaison ont été annulés. Nous avons entamé ce marathon avec seulement deux rencontres dans les pattes… Trop peu pour prétendre rivaliser… »

Pas résignés !

Avec ces vents contraires, l’entame de compétition fut effectivement catastrophique. Les défaites se sont enchaînées et bien vite l’objectif initial - « atteindre au moins la 5e ou 6e place, car nous savions qu’avec deux candidats au Pro D2 dans notre poule, ces places deviendraient qualificatives »- est passé sous silence. Pour laisser place à celui de la survie. Graulhet a fait confiance à ses jeunes pour s’en sortir. Bien conscient que le salut passera par la formation, c’est vers la jeunesse que le club compte orienter sa stratégie de développement pour les années à venir.

Dans cette compétition difficilement nomable (« est-ce l’élite amateur ou la troisième division professionnelle ? », dixit Gau) Graulhet s’accroche bec et ongles. Petit à petit, les jeunes pousses prennent de l’envergure. Ils commencent à cabosser leurs adversaires sur la deuxième partie de saison. Les victoires arrivent et l’espoir renaît, d’autant que l’affaire « Chalon-sur-Saône » passe par là. Dans cette poule 1, une seule équipe descendra sportivement. Tyrosse, Valence-d’Agen ou Lavaur tombent à Noël-Pélissou. Des historiques de la Fédérale 1, des habitués du haut de tableau. « Cela prouve que nous sommes légitimes à ce niveau, glisse le président. Même si nous sommes globalement pour une refonte de ce championnat. » Un championnat qui phagocyte toutes les énergies alors que la plupart des clubs évoluent dans des régions où le potentiel économique est déjà exploité à plein, sinon sinistré. David Gau prend volontiers l’exemple du Tarn : « Nous avons 350 000 habitants environ dans le 81. Là, il faut faire vivre un club de Top 14, un club de Pro D2 et deux clubs de Fédérale 1. C‘est vraiment une gageure sur un si petit territoire d’autant plus qu’il y a aussi des clubs de Fédérale 2 et 3 qui sont performants… » Et l’homme fort de poursuivre : « Il ne faut pas croire que la venue de Soyaux-Angoulême ou de Massy nous remplisse Noël-Pélissou. En billetterie, cette saison, nous avons perdu de l’argent. Auch, Tyrosse, Lavaur, là oui, nous faisons le plein. Cela reste régional. Des équipes que nos supporters suivent aussi. Mais les grosses écuries qui viennent de loin ne sont pas des vecteurs d’entrées supplémentaires. »

Les illustres anciens

Alors, comme l’argent est et restera rare à Graulhet (il y a bien longtemps que le cuir, principale manne de la ville, est passé de mode sur les podiums), David Gau et ses équipes cherchent d’autres solutions. Car le pari du club, aussi fou soit-il, est bien de rester et figurer honorablement dans cette terrible Fédérale 1. « On le sait, notre salut passera par la formation. Le SCG entend travailler sérieusement sa communication et son accueil des jeunes. Nous voulons faire comprendre que la Fédérale 1 est un très bon niveau où l’on ne s’enterre pas. Et nous voyons là un excellent moyen de faire vivre notre équipe 1 à terme. Pallier le manque de budget par une jeunesse flamboyante. » Le projet a de la gueule. Et l’homme fort du SCG d’énumérer les illustres anciens passés par le club et qui ont fini par briller au plus haut niveau. Yannick Jauzion, François Da Ros, Fabien Pelous pour ne citer que les plus jeunes d’entre eux. Preuve que le SCG peut-être un excellent tremplin vers la lumière.

Mais de la lumière, tous n’en veulent pas au SCG. Les bénévoles, anonymes, travaillent dans l’ombre pour permettre au club de vivre. De Virginie, préposée à la feuille de match et à la captation vidéo, à Serge Rigaud, « Yoye », modèle de fidélité - au club depuis 40 ans ! - en passant par Maryse ou Michel, tous ont la passion du SCG chevillée au corps. Les supporters, aussi, jouent un rôle important. Didier, la cinquantaine solide, suit le club depuis les années soixante-dix. Et a tout connu en rouge et noir : « C’était une autre époque. Nous avions une équipe incroyable. Sur un peu plus de deux décennies, nous avons fait très mal. Parmi les emblématiques, il y avait là les Revallier, Durand, Sanz, Laroussinie… C’était du rugby dur, du rugby de guerriers… Au milieu des brutes, il y avait un félin : Guy Laporte… Il fallait le voir claquer des drops ! Des quatre coins du terrain, qu’il vente ou qu’il neige. Un rugby comme on n’en fait plus. » Le supporter s’est adapté à l’évolution de son rugby d’antan et supporte toujours le SCG. « Cette saison encore j’ai aimé le courage de l’équipe. Certes, il y a eu le coup de pouce de Chalon, mais ils ont mérité leur maintien sur la pelouse. Ils ont gagné des matchs importants. Même si ce fut très dur, l’équipe nous a fait plaisir. » Didier fait partie de ceux qui auraient accompagné Graulhet au bout de l’enfer s’il avait pu. Au bout de ces déplacements interminables à Bobigny ou à Massy, où l’on rentre dans la nuit du dimanche pour être au boulot le lundi matin à huit heures. Bénévoles, supporters, dirigeants, le cœur de la ville bat pour le Sporting. Et le Sporting le leur rend bien. Tous espèrent quand même un exercice plus apaisé que celui qui vient de se terminer. Car Didier est cardiaque et ces saisons incertaines l’épuisent.

Par David Bourniquel

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