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La « poussette » sud-af’ : efficace ou dangereuse ?

Par Nicolas Zanardi
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    La « poussette » sud-af’ : efficace ou dangereuse ?
Publié le Mis à jour
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S’il demeure un classique de l’arsenal offensif des rugbymen (notamment sud-africains), le fait de « catapulter » un joueur en le poussant dans le dos fait plus que jamais débat en matière de sécurité. l’exemple récent du montpelliérain Wiaan Liebenberg n’a pas manqué de relancer le débat...

À tout seigneur, tout honneur : il s’agit donc de rendre à Marc Lièvremont ce qu’on lui doit, ce dernier ayant eu le mérite de relancer le débat de la sécurité du joueur sur l’antenne de Canal +. L’objet de la remarque de l’ancien sélectionneur du XV de France ? La blessure du troisième ligne montpelliérain Wiaan Liebenberg, sévèrement touché aux cervicales lors de la rencontre opposant le MHR à Grenoble (51-10). Et surtout la manière dont celle-ci a été contractée… En effet, c’est après s’être vu propulser dans le dos par son partenaire Jacques Du Plessis que Liebenberg, ne maîtrisant pas la collision, s’est blessé au contact du Grenoblois Thomas Jolmes. Involontaire, alors ? Justement, pas du tout, et c’était bien là l’objet de la critique de Lièvremont. En effet, Liebenberg avait été envoyé au contact selon une technique de « catapultage » bien établie, notamment chez les équipes sud-africaines, dont Montpellier ne fait logiquement pas l’économie en raison de sa forte colonie… Même si les Héraultais ne sont évidemment pas les seuls à utiliser cette technique, que l’on retrouve également assez souvent lors des matchs du Racing 92, Toulon, voire La Rochelle, soit autant d’équipes qui raffolent de prendre l’ascendant par le biais d’un jeu ultra-direct, fondé sur la puissance. « Cette « catapulte », c’est une technique typiquement sud-africaine, sourit l’entraîneur du FCG Bernard Jackman. On voit beaucoup en France des joueurs qui se lient avant l’impact. Mais les Sud-Africains vont plus loin, en catapultant littéralement leur partenaire sur l’adversaire. C’est très efficace, car lorsqu’on dispose de joueurs comme Bismarck Du Plessis lorsqu’il est lancé par son frère, il est quasiment impossible pour la défense de gagner la ligne d’avantage. »

« Si on continue comme ça, il n’y aura bientôt plus de limites »

En effet, en se voyant propulser de la sorte par une poussée dans le dos, le porteur du ballon opère un changement de rythme particulièrement perturbant pour le défenseur. Le problème ? C’est que ce changement de rythme implique une collision en survitesse, pas forcément évidente à maîtriser pour le porteur du ballon. La blessure de Libenberg est là pour en témoigner. « Cette « catapulte » est tout à fait légale, mais très dangereuse, juge Jackman. Je pense qu’il faudrait légiférer à ce sujet très vite, car si cette pratique continue à se répandre, il n’y aura bientôt plus de limites. Si ça se trouve, dans quelques mois, on verra des porteurs de ballon se faire carrément catapulter par deux soutiens, ou pourquoi pas jeter par-dessus la défense… »

Certes, vous nous l’accorderez, on se retrouve ici dans une imagerie plus proche de la BD Les Rugbymen ou du jeu version manga, que de la réalité du Top 14.Mais après tout, sans pousser jusqu’à l’absurde, l’argument s’entend évidemment… D’ailleurs, le législateur a récemment fait en sorte que les numéros huit, qui retenaient leurs deuxième ligne avant l’entrée en mêlée pour provoquer un « effet domino » assez similaire à la catapulte, se voient interdire cette pratique. Difficile, de fait, d’imaginer que la « catapulte sud-africaine », qui se propage sur les terrains depuis la Coupe du monde 2011, ait encore beaucoup de beaux jours devant elle. Qui plus est au moment précis ou World Rugby semble enfin décidé à se pencher sérieusement sur l’épineux dossier des commotions cérébrales…

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