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Tameifuna : « Clermont est une menace »

Par Marc Duzan
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    Tameifuna : « Clermont est une menace »
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La guerre des gangs de South Auckland, le déhanché de Beyoncé et les affres du régime : avant d’affronter l’ASMCA, « Big Ben » se raconte…

Êtes-vous satisfait de votre première saison en France ?

Oui, ça va. Mon but était de m’intégrer rapidement dans ce groupe. Je pense y être parvenu. Je suis quelqu’un d’ouvert, d’assez bavard, même. Ça a aidé. Les kiwis boys -Chris (Masoe, N.D.L.R.), Joe (Rokocoko) et Casey (Laulala)- m’ont également pris sous leur aile.

Quid de Dan Carter ?

C’est différent. J’ai souvent affronté Dan en Super Rugby. Il était dangereux. Avec les Chiefs, nous ne pensions qu’à l’attaquer et le destabiliser. Maintenant, il faut que je le protège ! Je fais partie de ses gardes du corps ! (rires)

En quoi le Top 14 est-il différent du Super Rugby ?

En France, les mecs sont taillés pour jouer l’hiver. C’est la chose qui m’a le plus surpris à mon arrivée ici. J’ai regardé François (van der Merwe), Bernie (Le Roux) ou Wen (Lauret) et je me suis dit : merde, c’est du lourd ! En Top 14, il faut dominer devant pour gagner, marquer son adversaire en mêlée, dans les mauls pénétrants…

Avez-vous digéré la défaite en finale de Champions Cup ?

Depuis les Saracens, nous avons enchaîné quatre victoires ! L’équipe est donc bel et bien passée à autre chose.

Vous aviez pourtant semblé particulièrement touché…

J’ai un peu pleuré, oui. Il m’a fallu quelques minutes pour encaisser le choc, pour comprendre. Je me suis assis, j’ai regardé le stade et j’ai pleuré. Franchement, nous en avions bavé pour arriver jusque-là. Il y avait dans ces larmes autant de tristesse que de rage. Mais nous y reviendrons. Plus forts. Mieux préparés. Et nous gagnerons.

Regrettez-vous quelque chose, à propos de cette finale de Coupe d’Europe ?

Non. À Lyon, j’ai juste essayé d’être solide en mêlée et d’avancer au contact. Nous ne pouvions rien faire d’autre, de toute façon. Il pleuvait des cordes et je n’ai pas été très flashy, ce jour-là. Le moindre off-load pouvait provoquer un contre de quatre-vingts mètres…

Comment appréhendez-vous cette demi-finale ?

De par sa fraîcheur et sa dimension physique, Clermont est une réelle menace. Nos adversaires n’ont pas joué les phases finales de Champions Cup et se reposaient quand nous disputions le barrage. Ils sont favoris.

Vous transportez toujours une mini chaîne Hi-Fi avec vous. Qu’écoutez-vous, au juste ?

Du RNB et du hip-hop, principalement. La musique rend les gens heureux, c’est très bon pour réchauffer un vestiaire les soirs de défaite. Les mecs adorent quand je leur passe un peu de Beyoncé, après les entraînements. Ils dansent bien, vous savez ! (rires)

Brice Dulin nous disait l’autre jour que vous êtes aussi un grand danseur. Est-ce vrai ?

Brice ! C’est un poison, celui-là ! (rires) Ouais, je danse un pour rendre les mecs heureux. Si on est heureux, on gagne. Si on gagne, les supporters sont heureux. Moi, je conçois la vie ainsi. Dans une discothèque, je passe d’ailleurs mon temps sur la piste, pas au bar.

Toutai Kefu, le sélectionneur du Tonga, vous a récemment appelé en équipe nationale. Pourquoi avez-vous refusé de participer aux tests de juin ?

Mes parents sont tonguiens, mon histoire est tonguienne. Je suis un fier guerrier tonguien ! Mais je ne pouvais pas partir…

Pourquoi ?

Le Racing ne se serait pas qualifié pour les quarts de finale du Top 14, j’aurais rejoint l’équipe nationale en courant ! Mais je me voyais mal quitter la France quelques semaines après avoir perdu la finale de Champions Cup. J’aurais eu l’impression d’abandonner un livre ouvert. J’en ai donc parlé avec ma mère. Elle m’a dit de suivre mon cœur. Et je suis resté.

Jouerez-vous un jour pour le Tonga ?

Mon cœur est tonguien. J’espère donc que Toutai Kefu m’appellera pour la tournée de novembre, en Europe…

Ne craignez-vous pas de l’avoir vexé ?

Non. Toutai est un homme compréhensif. Il a aussi été rugbyman professionnel, tout comme moi, pendant très longtemps. Il connaît le contexte du rugby européen. Il sait quelles sont nos problématiques. Cette saison, le Mondial a tout déréglé ; le championnat devrait être fini depuis des semaines !

Dans quelques années, vous serez sélectionnable pour l’équipe de France. Un retour en Nouvelle-Zélande pourrait également vous ouvrir les portes des All Blacks. Alors ?

Hmm… Je ne suis pas certain que le bleu soit très seyant sur moi ! Et les All Blacks, j’ai quasiment tiré une croix dessus en quittant le pays.

Pourquoi Steve Hansen ne vous a-t-il pas sélectionné pour le dernier Mondial ?

Les All Blacks disaient que je n’étais pas assez « fit » (en forme). Ils ont préféré mon pote Charlie Faumuina. Ok… C’est bon… J’ai encaissé maintenant.

Faites-vous attention à votre régime alimentaire ?

En France, oui ! Quand je suis arrivé au Racing, je pesais 148 kg. J’en ai perdu sept !

Comment avez-vous fait ?

En Nouvelle-Zélande, la tentation est pour moi perpétuelle. Il y a des KFC, des fast-foods, des tartes à la viande et des fish and chips partout. Ici, c’est plutôt des croissants…

Ce n’est pas très « fit », les croissants…

Non ! Mais c’est toujours mieux que le KFC et les tartes à la viande ! […] Je prends soin de moi mais ne fais pas de régime. Je me dis que si je fais de bonnes courses et de gros plaquages, mes kilos rendront mes coachs heureux. Pour plaquer, j’utilise d’ailleurs mon corps comme un marteau.

Après avoir passé près d’un an en France, quelles sont vos bonnes adresses à Paris ?

Je connais un très bon resto argentin à Saint-Germain-des-Prés. Ça s’appelle le Volver. Pourquoi ne m’a-t-on pas parlé de la viande argentine avant ? C’est une expérience inoubliable ! Il n’y en a pas, d’où je viens ! (rires)

D’où venez-vous ?

Je suis né à Mangere, dans la banlieue Sud d’Auckland. Là-bas, mes parents travaillent dans une entreprise de nettoyage. Ils ont tout fait pour que j’échappe à la rue, au chômage et à la guerre des gangs.

À ce point ?

À Mangere, mes cousins se battent avec les Samoans ou les Maoris toutes les semaines. C’est comme ça, là-bas… Maman a donc toujours lutté pour que je ne finisse pas ainsi. Lorsque j’ai eu 19 ans, elle m’a envoyé à Hawke’s Bay, une petite ville de la côte Est. Mais je suis souvent revenu à Mangere.

Dans quel but ?

Je n’ai aucun diplôme mais, l’an passé, je passais tous mes dimanches après-midi à South Auckland, où je m’improvisais éducateur. J’avais un peu le rôle du grand frère, là-bas. Quand les mômes de mon quartier n’ont pas des histoires avec la police, ils ont des problèmes entre eux. Au bout du bout, nous sommes pourtant tous des Polynésiens. Maoris, Tonguiens, Samoans. On se ressemble, vous savez.

Vous êtes aussi un passionné de boxe. Avez-vous déjà combattu ?

Oui, deux fois. La première fois, c’était face à Willie Mason (treiziste australien passé par le RCT). Ce jour-là, les juges ont décidé que j’avais perdu aux points. Ce n’est pas mon avis. J’ai battu Willie et il le sait. Sur un ring, je ne vais pas très vite. Mais quand je touche, ça secoue.

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