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Quelles perspectives pour le « ruck fantôme »

Par midi olympique
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    Quelles perspectives pour le « ruck fantôme »
Publié le Mis à jour
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Toujours désireux d’exploiter au mieux la règle, les techniciens de l’hémisphère sud ont, il y a deux ans trouvé une faille dans la règle du ruck. Laquelle est apparue pour la première fois au grand jour en France lors de la demi-finale opposant Clermont au Racing…

La première fois que l’on a abordé cette épineuse question du « ruck fantôme » ? Elle remonte à un peu plus d’un an, dans ces mêmes colonnes, au mois de mars 2015 exactement. Ce que l’on en disait, à l’époque ? C’est que les Chiefs de Waikato, inspirés par leur entraîneur Dave Rennie, avaient mis au point cet ingénieux système flirtant avec les limites du règlement, dont on se demandait quand il allait débarquer en France. Le couperet est donc tombé avec le délai (moyen, comme après chaque innovation venue de l’hémisphère Sud) de quinze mois, les Clermontois de Franck Azéma ayant décidé de surprendre le Racing 92 lors de la demi-finale de Rennes. Avec une certaine réussite, malgré la défaite finale, ainsi que l’admettait sportivement l’entraîneur francilien Laurent Labit. « Cela nous a beaucoup gênés, effectivement. Les joueurs ne savaient pas trop quoi faire, avec ces maillots jaunes qui arrivaient de partout autour d’eux. Nous avons bien essayé de faire passer quelques consignes sur ce sujet à la mi-temps, mais ça n’a pas été suffisant puisque les Clermontois nous ont posé des problèmes toute la partie. »

Mais en quoi consiste le ruck fantôme, exactement ? Tout simplement dans le fait de profiter de la faille du règlement, selon laquelle une ligne de hors-jeu ne se crée qu’après un ruck, et qu’un ruck ne se trouve formé qu’en présence (en contact) d’un joueur de chaque équipe au-dessus de la zone de plaquage.

Possibilités de passes coupées

Autrement dit, il suffit qu’aucun défenseur n’aille au contact de la défense après un plaquage pour permettre à ses partenaires de se « promener » dans le camp adverse en toute légalité, puisque l’on se retrouve dans une situation de jeu courant. « Cela faisait quelque temps que nous y pensions et que nous avions commencé à le travailler, mais nous voulions que cela ait un effet de surprise sur nos adversaires, nous expliquait Franck Azéma après la rencontre. C’est très simple, en fait : comme il n’y a pas de ligne de hors-jeu, on peut aller où on veut. Le seul impératif, c’est de rester dans hors d’un rayon d’environ un mètre cinquante autour de la zone de plaquage, et de ne pas intervenir sur le relayeur tant qu’il n’a pas levé le ballon. »

Mais en revanche, rien n’interdit « d’encadrer » le relayeur et lui couper toute possibilité de passe, comme les Clermontois l’ont fait à plusieurs reprises sur Maxime Machenaud. Le paradoxe ultime étant que les Auvergnats se sont fait piéger par Juandré Kruger, en prélude de l’essai d’Imhoff, sur une action exactement similaire. « Il n’y a pas ruck. Vous connaissez très bien la règle, puisque vous l’avez fait tout le match », avait lancé l’arbitre Alexandre Ruiz au capitaine Damien Chouly, venu demander des comptes. Peut-être le seul fait d’arbitrage non sujet à controverse sur cette action confuse…

Le problème ? C’est que cette interprétation de la règle ne va pas franchement dans l’esprit profond du jeu. Tant que seules certaines équipes néo-zélandaises l’utilisaient dans leur coin, cela passait encore. Mais le fait de voir cette tactique importée en France va nécessairement poser la question d’une nouvelle législation. « D’après ce que je sais, à l’avenir, World Rugby devrait légiférer rapidement pour créer une ligne de hors-jeu dès la phase de plaquage », confirmait Azéma dans la semaine.

Le ruck constitué à partir d’un seul soutien ?

Ou plutôt, selon nos informations, d’adapter au XV ce qui est entré en vigueur à VII (d’où est d’ailleurs originaire cette trouvaille) en considérant qu’un ruck se trouve formé à partir d’un seul soutien au-dessus de la zone de plaquage. Ce qui pourrait avoir pour conséquence d’accentuer ce qui se fait déjà, à savoir encore moins de joueurs dans les rucks et des premiers rideaux très fournis… « Il y aura peut-être des espaces à aller chercher par le biais du jeu au pied dans les deuxième ou troisième rideaux, mais il va devenir de plus en plus dur de franchir le premier, souriait Azéma à ce sujet. À moins d’élargir le terrain d’une quinzaine de mètres… » Ou de réduire le nombre de joueurs sur le terrain, pour fusionner les deux codes. Peut-être une idée d’illuminé mais à laquelle il faudra bien se résoudre un jour, dans vingt, cinquante ou cent ans…

Par Nicolas Zanardi

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