Abonnés

Clermont n’oublie pas

Par Léo Faure
  • Clermont n’oublie pas
    Clermont n’oublie pas
Publié le Mis à jour
Partager :

Quatre semaines après leur élimination polémique en demi-finale, les Clermontois étaient de retour à l’entraînement, mercredi. Chose rare, ils ont entamé la saison au quasi-complet.

Paradoxalement, c’est une sale habitude qu’ont les Clermontois, chaque été. Celle de sourire, de célébrer des retrouvailles entre joueurs, staff et supporters et faire comme si de rien n’était quand, forcément, l’amertume d’une dernière saison inachevée racle encore le fond de la gorge. Une fois, ce fut à cause de l’inexpérience. Quelques fois, l’adversaire était simplement trop fort. D’autres, ce furent les Clermontois eux-mêmes qui s’étaient sabordés. Cette année, nouveauté du genre, c’est un cumul d’un peu tout ça qui aura laissé les Auvergnats sur leur faim, si rarement rassasiée. D’autant que s’est ajouté un élément extérieur, l’arbitrage, participant à la frustration de la fin de saison et désigné unique coupable, dans une ultime campagne de communication avant de partir en vacances.

Quatre semaines plus tard, du repos en famille et de petites vadrouilles sur les côtes d’émeraude, les Clermontois n’ont toujours pas digéré. En tout cas, certainement pas Camille Lopez. « Je me dis que je ne peux pas trop me plaindre. Je déteste la défaite, je ne l’accepte pas, mais quand je pense à des mecs qui sont au club depuis dix ans et qui vivent ça presque tous les ans… Mais franchement, non, je n’ai toujours pas accepté. J’ai toujours cette demi-finale dans la tête et la colère dans le ventre. En me préparant le matin pour repartir à l’entraînement, je disais à me femme que je commençais une nouvelle saison sans avoir digéré la précédente… Je crois que je ne suis pas seul dans ce cas. Je sais qu’il faut faire avec, que c’est du passé, qu’il faut avancer. Je sais aussi qu’il y a des choses plus graves dans la vie, que ce n’est que du rugby. Mais je n’y arrive pas… (il marque une pause) Je n’ai pas tourné la page, ce n’est pas vrai. Je ne l’ai toujours pas accepté et franchement, cette demi-finale, je ne l’accepterai jamais. Le défi, désormais, c’est d’avancer malgré tout. » Voilà pour l’état d’esprit. Si on ne s’habitue jamais franchement à la défaite, on peut parfois lui trouver des explications qui consolent. Pas cette fois. « L’année précédente, nous avions perdu deux finales mais j’avais eu moins de mal à tourner la page, poursuit Lopez. En Coupe d’Europe, Toulon nous était passé dessus. En Top 14, le Stade français venait en bout de course. Cette fois, il y a un fort sentiment d’injustice. » Une injustice qui aura rythmé les conversations des supporters tout l’été. Celles des joueurs également.

Du monde à la reprise

Mercredi, donc, pour leur retour sur les terrains d’entraînement, les Clermontois ont fait ce qu’ils font de mieux, depuis trop longtemps : faire comme si. Comme si de rien n’était, comme si toutes les blessures étaient refermées, pour tenter un énième rebond. Ils ont, dans ce domaine, un drôle de savoir-faire et une sacrée force mentale.

Comme chaque année à la reprise, les espoirs se sont mêlés aux affaires : Pierre Rude, Arthur Iturria, Étienne Falgoux, Enzo Sanga, Charlie Cassang, Patricio Fernandez et Alivereti Raka, qui accompagneront toute la saison le groupe professionnel. Trois de plus, intéressés en juin par la Coupe du monde des moins de 20 ans et encore en vacances, les rejoindront la semaine prochaine (Judicaël Cancoriet, Michaël Simutoga, Damian Penaud). De la jeunesse, mais pas franchement de nouvelles têtes : tous ont déjà connu leurs grands débuts en Top 14. Ils se battront pour se faire une place dans un effectif pléthorique, qui reprenait au quasi-complet mercredi (seuls Abendanon, Raka, Gear et Kayser sont à l’infirmerie). Une fois n’est pas coutume.

Au sortir d’une année de Coupe du monde et, par effet domino, d’une tournée disputée en même temps que les phases finales de Top 14, presque tous les internationaux habituels étaient présents ce mercredi sur la pelouse des Gravanches, sous les yeux de trois cents supporters. Seuls Lamerat et Jedrasiak, monopolisés à Tucumàn lors de la deuxième rencontre victorieuse face aux Pumas (27-0), manquaient à l’appel parmi les professionnels. Fofana ? Il vient de vivre sa première reprise avec l’ensemble du groupe depuis 2012. Chouly ? Il n’en avait plus connu depuis 2011 et son arrivée en Auvergne.

Et tout le monde d’y trouver un peu de confort, quand les intersaisons clermontoises sont d’habitude aussi courtes que dépeuplées. « Reprendre tous ensemble devra nous permettre de construire quelque chose de fort dès le début, positive Lopez. La saison dernière avait été délicate à gérer sur ce point. C’était du bricolage. Les absences des internationaux, je les ai vécues des deux côtés et elles sont handicapantes pour tout le monde. Quand vous êtes international et que vous revenez dans votre club, vous vous sentez presque étranger. Pendant votre absence, le groupe a continué à vivre, à se construire. Cela crée des décalages Cette fois, de commencer tous ensemble devrait nous aider. »

Savoir rebondir

Pour cet exercice 2016-2017 qui débute, il y a donc cette certitude : Clermont sera à nouveau compétitif dans le haut du tableau, offensif dans ce Top 14 verrouillé et finalement difficile à battre. Cela n’assure pas de titre, mais cela permet l’ambition. Une constante depuis dix ans, renforcée cette saison par l’idéal de stabilité. Les Auvergnats n’ont enregistré que six départs (Kotze, Van der Westhuizen, Jacquet, Cudmore, James, Davies) pour trois arrivées (Lamerat, Timani, Jarvis) auxquelles s’ajoute celle de Isaia Toeava, déjà dans la place depuis six mois.

Un gage de cohésion et d’égalité, au moins physique ? Certains, dans le domaine, concèdent un léger retard à l’allumage. Comme John Ulugia, honnête sur les réseaux sociaux : « Avec mes résultats aux premiers tests de présaison, il me semble évident que mes vacances ont été… Disons qu’elles ont été très bonnes ! » Pour rattraper le train et retrouver des standings physiques proches du Top 14, le talonneur samoan ne disposera que de quatre semaines.

« Notre problématique, chaque été, c’est le temps, analyse Lopez. À Clermont, les préparations sont très courtes. » Peu de temps pour remettre en place un jeu de mouvement exigeant sur les placements, les déplacements, les lignes de course et donc les habitudes collectives. Mais les Auvergnats maintiendront le cap. Coûte que coûte.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?