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Rio 2016 : Le rugby à la fête !

Par Nicolas Augot
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    Rio 2016 : Le rugby à la fête !
Publié le Mis à jour
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Le rugby fait son retour aux jeux Olympiques après 92 ans d’absence, non pas à XV mais à VII. Une bataille portée et remportée par l’ancien président de World Rugby, Bernard Lapasset, présent à Rio pour la grande fête mondiale du sport. Pourquoi le rugby a besoin de l’Olympisme ? Pourquoi à VII ?

Ils voulaient tous être de la fête, tous voulaient leur carton d’invitation. L’Australien Quade Cooper, le Sud-Africain Bryan Habana, le Néo-Zélandais Liam Messam, le Français Fulgence Ouedraogo. Des stars du ballon ovale déçues pendant que les meilleurs joueurs de golf de la planète refusaient de venir au Brésil, invoquant la présence du virus Zika mais aussi l’absence de Prize Money. Un contraste saisissant entre les deux sports qui effectuent leur retour aux jeux Olympiques à Rio. 92 ans d’attente pour le rugby, 112 ans pour le golf. Des promesses et des nouveautés d’un côté avec un jeu spectaculaire et pourquoi pas la première médaille olympique pour un pays comme les Fidji et des déceptions et du mépris de l’autre avec seulement quatre des dix meilleurs joueurs mondiaux présents. Autant dire tout de suite que le rugby est déjà annoncé comme une des attractions de cette quinzaine brésilienne d’autant plus que les rois de la piste en tartan seront toujours à l’entraînement quand les compétitions de rugby à VII auront rendu leur verdict.

«  Le rugby à VII a tout pour devenir un sport universel »

Le rugby à VII, voilà ce qui chagrine les puristes. Pas Bernard Lapasset, l’ancien président de la Fédération française puis de World Rugby qui a mené campagne pour que le rugby obtienne enfin son entrée en 2009. Celui qui conduit depuis février la candidature de Paris 2024 pour organiser les jeux Olympiques est au Brésil en pleine campagne de séduction a déjà prévenu toute son équipe qu’il ne faudra pas lui parler de lobbying pendant la première semaine de compétition. Il sera à Deodoro pour vivre pleinement ces moments historiques. Déjà sur place et enchaînant les réunions, Bernard Lapasset est revenu sur la longue bataille menée : « Si nous voulons que le rugby devienne un sport majeur sur la planète, il est nécessaire qu’il ait une reconnaissance internationale. Seuls les jeux Olympiques offrent une crédibilité en termes d’image au niveau international qui va permettre l’essor du rugby. Ce fut une campagne riche et intense pendant laquelle nous avons dû démontrer que le rugby pouvait devenir un sport majeur. Cela passait par le rugby à VII car la jeunesse est dans l’attente d’un jeu rapide, vif, spectaculaire, renversant, qui nécessite des références techniques mais aussi des qualités athlétiques. L’enthousiasme est grand chez les jeunes générations car il a cette faculté à intéresser aussi bien les filles que les garçons, où tout le monde peut s’exprimer. Il a tout pour devenir un sport universel. »

Une discipline dans l’air du temps pour l’entraîneur de l’équipe de France Frédéric Pomarel : « À l’heure d’internet et des réseaux sociaux où les jeunes sont friands du zapping, des formats courts, le VII est complètement adapté. Il représente une opportunité pour tous ces jeunes qui souhaitent pratiquer un sport de haut niveau ludique, sans pour autant sacrifier tous leurs week-ends. » Il était de toute façon évident que le rugby à XV ne pouvait pas prétendre à revenir aux jeux Olympiques, une compétition où l’on pratique la boxe avec un casque, où l’accomplissement de l’athlète est inscrit dans les fondements de l’olympisme. « Il est certain que les joueurs en sang ou sortant sur civière ne collent pas vraiment à l’esprit olympique. Le respect des athlètes est primordial pour le CIO (Comité international olympique, N.D.L.R.), poursuit Bernard Lapasset. Le rugby à XV est bien trop lourd pour pouvoir y prétendre avec des temps de récupération bien plus longs qui ne peuvent pas lui permettre de rentrer dans ce format de compétition. »

7,73 millions de pratiquants

Les matchs de quatorze minutes s’enchaînant sur trois jours de compétition sont un formidable avantage. Et même avant le coup d’envoi du premier match du tournoi olympique, World Rugby a réussi son pari. La présence du rugby aux jeux Olympiques a été un moteur ces dernières années puisqu’il a gagné des nouveaux territoires. Bernard Lapasset ne cache pas sa joie : « Depuis 2009, vingt nouveaux pays ont rejoint la Fédération internationale. C’est colossal. »

En effet les chiffres sont bluffants : la participation mondiale a plus que doublé en sept ans pour atteindre 7,73 millions de pratiquants, le rugby féminin a vu sa participation multipliée par dix pour atteindre 2 millions de pratiquantes, le rugby est entré dans les écoles dans des pays comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou encore le Canada. Au Brésil, plus de 100 000 enfants ont été initiés l’année dernière et l’équipe féminine fait aujourd’hui partie du Top 10 mondial. Avec les jeux Olympiques, l’essor du rugby a bien eu lieu et ne devrait pas s’arrêter puisque le VII est déjà inscrit au programme des jeux de Tokyo en 2020. Faut-il alors penser que le rugby à XV, celui inventé par un William Webb-Ellis bien taquin, a du mouron à se faire devant ce rival né dans l’imaginaire d’un boucher écossais soixante ans plus tard ? La question reste posée, même si Bernard Lapasset s’en défend : « La présence du rugby à VII aux jeux Olympiques a déjà modifié la vision du rugby à XV dans certains pays. Nous avons pu le constater lors de la dernière Coupe du monde en Angleterre au niveau des audiences télévisuelles. La France est arrivée en tête, suivie du Royaume-Uni mais c’est l’Allemagne qui complétait le podium. Devant les nations historiques de l’hémisphère Sud. »

De sorte que cette discipline pourrait bien être une formidable porte dérobée pour faire aimer le XV dans des contrées où il paraît encore austère. D’ailleurs, la fédération du Brésil, qui a, jusqu’à maintenant, tout misé sur le 7, ne cache plus son ambition : participer au plus vite à la Coupe du monde à… XV. Le 7 donne des ailes.

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