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Toulouse – Bordeaux-Bègles, les liens de la Garonne

Par midi olympique
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    Toulouse – Bordeaux-Bègles, les liens de la Garonne
Publié le Mis à jour
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Ces dernières années, l’écart entre l’historique Toulouse et l’ambitieuse UBB s’est resserré. Et les liens entre les deux sont nombreux.

Rapprochement général

Depuis quelques années, la suprématie du Stade toulousain sur le rugby français est mise à mal. Comme en atteste son absence de titre depuis 2012, année de son dernier Brennus. Aujourd’hui, ce sont les Toulon, Racing 92 ou Clermont qui dominent l’Ovalie hexagonale, voire européenne. Danns le même temps, l’Union Bordeaux-Bègles est le club qui monte dans la hiérarchie du Top 14, lequel a fini septième des deux derniers championnats, ce qui lui a offert deux billets pour la Champions Cup. Le Stade ayant terminé cinquième de l’exercice passé, l’écart entre les deux entités s’est considérablement réduit. « Comme beaucoup de clubs neufs, je pense aussi à La Rochelle, Bordeaux-Bègles a eu la chance la chance de pouvoir franchir les étapes une par une, sans risque de se brûler, juge Ugo Mola. L’UBB a su prendre le bon virage. » Lequel l’amène à talonner le club le plus prestigieux de France. « Ce n’est quand même pas la même dimension, tempère Emile Ntamack. L’UBB ne peut pas rattraper le Stade en quelques années. C’est normal. Toulouse s’est construit sur de nombreuses décennies. Il y a une grande ambition de faire évoluer ce club ici, mais ce n’est pas encore comparable. » Pour autant, l’évolution bordelaise se dessine à travers un modèle qui se rapproche de celui historique de Toulouse, qui lui permet le plus gros budget du Top 14. D’abord par le fait de générer sa propre économie, par les partenariats et évidemment les recettes guichets notamment. Si Laurent Marti a mis beaucoup de son portefeuille au départ, c’est moins le cas aujourd’hui puisque son club est celui qui génère le plus d’entrées au stade en Europe. « Bordeaux-Bègles bénéficie intelligemment d’une situation contextuelle où il a récupéré un grand stade et peut le remplir, admire Mola. Cela pèse lourd sur les plans populaire et économique. » Ntamack apprécie : « Avant de venir, je considérais Bordeaux comme une « ville football » mais je me suis trompé. Chaque fois que l’on joue, il y a en moyenne 23 000 ou 24 000 spectateurs à Chaban-Delmas. »

Le trio de la génération 73

Le match Toulouse-Bordeaux, c’est aussi la réunion de trois personnalités de la même génération, celle qui a connu le passage au professionnalisme : Raphaël Ibanez, Fabien Pelous et Ugo Mola. Ils sont tous nés la même année, en 1973. Ils ont même joué ensemble durant une saison sous les couleurs de l’US Dax (1996-1997). « On se connaît depuis l’âge de 17 ans car on fréquentait les sélections ensemble, se rappelle Ugo Mola. On a toujours gardé de bons rapports. »

S’il a retrouvé Pelous l’an passé à Toulouse pour partager l’après-Novès, Mola conserve ainsi une amitié certaine pour Ibanez. « Nous étions proches des Dourthe et, depuis mon passage à Dax, il y a toujours eu beaucoup d’affection entre nous, ajoute Mola. Rapha, je l’aurais plus vu dans une fonction d’organisation générale, fédérale par exemple, mais l’opportunité de Bordeaux s’est présentée pour lui et il participe pleinement à la mutation de ce club. » Raphaël Ibanez et Fabien Pelous ont disputé plus de 80 matchs ensemble en équipe de France entre 1996 et 2007. Tous deux en ont d’ailleurs les capitaines. La carrière internationale de Ugo Mola fut plus modeste (douze capes). Mais les trois ont participé à l’épopée du Mondial 1999 et étaient même présents sur la feuille de match du quart de finale historique remporté contre les All Blacks. Tout comme d’ailleurs Émile Ntamack, aujourd’hui en charge des trois-quarts de l’UBB, et Olivier Brouzet, actuel directeur du développement girondin. « J’ai aussi joué avec Émile à Toulouse mais, plus que cette aventure particulière de 99, je crois que ce sont des campagnes communes en club qui ont pu créer des liens entre nous tous », note Mola.

Guitoune - Poux, entre relance et conclusion

L’ailier international Sofiane Guitoune était arrivé à l’UBB à l’été 2014, derrière la relégation de l’Usap en Pro D2. Après une première saison pleine durant laquelle il a disputé 21 matchs de championnat et inscrit quatre essais, ce qui lui a permis de faire partie du groupe des Bleus pour le Mondial, il a été boudé par le staff girondin l’an passé. « À partir du moment où j’ai annoncé que je signais ailleurs, rien n’était pareil, nous expliquait-il il y a quelques semaines. Moi, je voulais jouer, pas faire de la figuration. » C’est ainsi qu’il a terminé l’exercice avec seulement neuf apparitions en Top 14 (pour trois essais). Il avait déjà décidé de rejoindre le Stade toulousain où il va tâcher de se relancer. « Quand le Stade toulousain vous appelle, vous avez l’œil qui pétille. Je me sens prêt à affronter la concurrence. J’ai 27 ans, de l’expérience et de belles années devant moi. » Il tentera de le prouver samedi à ses anciens entraîneurs et partenaires, parmi lesquels Jean-Baptiste Poux. Le pilier international est une figure historique du Stade toulousain où il a évolué de 2002 à 2013. Un club avec lequel il cumule trois Brennus et trois Coupes d’Europe. Voilà trois ans, il a décidé de participer à l’aventure bordelaise pour finir une grande carrière. Même si son temps de jeu sera certainement réduit cette saison, il a signé en janvier dernier pour une année supplémentaire. Il devrait raccrocher les crampons en juin.

Un président bordelais et toulousain

Laurent Marti incarne depuis 2008 le rugby bordelais mais il a la particularité d’avoir géré le club en vivant et en travaillant dans la périphérie de Toulouse, où se situe son entreprise. En plus, il a porté les couleurs du Stade Toulousain en tant que joueur, au poste de trois-quarts aile dans les équipes de jeunes. Depuis cette saison, il passe de plus en plus de temps à Bordeaux, mais on aura du mal à trouver quelqu’un capable de faire d’avantage la synthèse entre les deux villes. Pour la petite histoire, Ugo Mola est né en Gironde, à Sainte-Foy-la-Grande, où il a passé une partie de son enfance, et demeurent des liens étroits avec sa ville d’origine où sa famille vit toujours.

Jeu de mains, jeu de...

C’est l’adage qui poursuit le Stade depuis des décennies : « Jeu de mains, jeu de Toulousains. » Entre mythe et réalité, l’école toulousaine a toujours fait référence en matière de jeu de trois-quarts, dans cette philosophie du mouvement et de la prise d’initiatives. Des convictions avec lesquelles a débarqué Ugo Mola la saison passée, dont l’équipe est celle qui comptait le plus de passes ou de franchissements du Top 14. C’est aussi sur cette ambition que s’est construite l’UBB récemment. « Ici, il y a des choses similaires avec le Stade Toulousain que j’ai connu, que ce soit dans l’innocence, dans cette envie de jouer », reconnaît Émile Ntamack. Même si, derrière les départs de Delpoux puis Etcheto, Bordeaux-Bègles a évolué vers plus de pragmatisme. « Cette philosophie, voulue par Delpoux quand il a fait remonter le club, a évolué mais a en quelque été conservée et transformée en fonction des personnes qui sont passées, observe Ugo Mola. J’ai senti cette équipe plus en difficulté sur le rugby proposé l’an passé mais, au vu de ses matchs amicaux et de sa victoire contre le Racing, j’ai l’impression qu’elle a retrouvé un appétit offensif qui colle aux qualités de ses joueurs. »

Transferts, en concurrence sur le marché

C’est une conséquence du rapprochement du standing des deux clubs. Ils sont de plus en plus en concurrence en termes de recrutement. Ce fut particulièrement évident au sujet du deuxième ligne écossais Richie Gray. L’ancien joueur de Castres a longuement hésité avant de s’engager avec le Stade toulousain. Le géant (2,06 m), qui bénéficiait d’une proposition de prolongation du CO, a longtemps été proche de signer un contrat en faveur de l’Union Bordeaux-Bègles durant tout l’automne et l’hiver derniers. Le président Marti avait cherché à le séduire et cela s’est finalement joué à très peu de choses… La saison passée, Toulouse avait aussi reçu l’ailier Metuisela Talebula dans ses installation avant que ce dernier ne prolonge à l’UBB. Dans les années précédentes, les dirigeants du Stade s’étaient également intéressés de près à Heini Adams ou Ole Avei.

N’tamack-Broncan, destins croisés

« Aujourd’hui, je suis dans un autre club, je m’y sens bien, mais Toulouse restera ma maison. J’y ai toute ma famille. Mes enfants sont encore au club. » C’est l’entraîneur des trois-quarts de l’UBB, Emile Ntamack, qui se confiait ainsi, en mars dernier, à la veille d’effectuer son retour à Ernest-Wallon. élevé au biberon stadiste, où il a effectué toute sa carrière de joueur dans les années 90 et 2000, son nom colle à la réussite du club durant toutes ces années. Il compte notamment cinq titres de champion de France et trois de champion d’Europe avec Toulouse. à l’inverse, Pierre-Henry Broncan, actuellement en charge du recrutement et entraîneur de la défense du Stade toulousain, est passé par Bordeaux-Bègles avant de rejoindre le club le plus titré de l’Hexagone. Il y officiait durant la saison 2014-2015 en tant que responsable du recrutement et de l’annalyse des adversaires.

Sur le terrain, des affrontements serrés

Depuis trois ans, l’écart sportif entre les clubs des deux grandes villes du Sud Ouest s’est réduit. Les Bordelais ont frôlé l’Europe à deux reprises et les Toulousains ont légèrement baissé de pied. Ils ne se sont plus qualifiés pour les demi-finales directement depuis 2012. En plus, les face-à-face entre les deux équipes ont été plutôt équilibrés ces dernières saisons. L’UBB avait arraché le nul aux Sept-Deniers la saison dernière (13-13) après s’être imposé de très peu à Chaban-Delmas : 12-10. La saison précédente (2014-2015), les deux matchs avaient été aussi très serrés : victoires de Toulouse 23-22 à domicile et 21-20 à l’extérieur. En 2013-2014, les deux équipes étaient déjà à touche-touche : 31-25 pour l’UBB à domicile et 18-16 pour Toulouse à Ernest-Wallon. Encore plus incroyable, en 2012-2103, les deux duels avaient déjà été extrêmement chauds, sportivement bien sûr. 34-32, et 33-32 pour Toulouse après des matchs à rebondissements qui avaient marqué les esprits.

Par Jérémy Fadat et Jérôme Prévôt

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