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Battut : « J'ai encore de belles heures devant moi »

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    Battut : « J'ai encore de belles heures devant moi »
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Fin du cauchemar. De retour à la compétition à Bordeaux puis face à Pau comme remplaçant, plus de sept mois après son dernier match de Top 14 (à Clermont le 30 janvier 2016), le flanker retrouve le sourire après onze mois passés en “enfer‘ (sur deux saisons). Son opération ratée, ses doutes passés, son introspection et sa première titularisation à Bayonne ce samedi : l’homme se livre à cœur ouvert.

Voyez-vous enfin le bout du tunnel ?

Oui et je suis forcément content ! Sept mois d’indisponibilité, c’est long, c’est mentalement dur. Et ensuite, quand l’heure de la reprise sonne, on ne sait jamais si ça va tenir, surtout quand on sort d’une blessure comme la mienne. J’ai d’abord ressenti du soulagement et après, une certaine forme d’appréhension, car on se demande si on va réussir à être au niveau. Car lorsqu’ on regarde de l’extérieur, c’est toujours plus impressionnant que quand on est immergé au milieu.

 

Vos entrées à Bordeaux et contre Pau vous ont-elles permis de répondre à cette interrogation ?

C’est délicat. Mais je me suis retrouvé un peu parachuté sur le terrain à la mi-temps à Bordeaux, car « Q » (Qera, NDLR) s’était fait mal au mollet. Du coup, j ai été pris de court et je n’ai pas eu le temps d’appréhender. J’y suis allé le plus naturellement possible et au fond, c’est comme le vélo, ça ne se perd pas ! Je pense que c’était pour moi la meilleure façon de revenir. Car si on m’avait dit tu vas rentrer dans quinze minutes, je me serais réexpliqué des choses que je connais depuis tout petit, et je ne pense pas que ça aurait été la bonne solution. Et là, le fait de rentrer de façon incongrue, inattendue, c’était parfait.

 

Surtout que votre blessure a entraîné de multiples complications certainement très délicates à gérer et à surmonter…

J’ai eu une fracture d’une scaphoïde contractée le 9 mai 2015. J’ai été opéré le 12 mai, avant d’être arrêté durant toute l’intersaison, soit un peu plus de trois mois. J’étais de retour pour la reprise du championnat, mais mon opération avait complètement été ratée : une vis mise dans le mauvais sens, un morceau de broche oublié…

 

Votre nouvelle indisponibilité à partir de janvier 2016 n’a donc rien à voir avec l’arrivée de Pierre Spies, qui n’était pas qualifié avant de devenir votre joker médical ?

Absolument pas. J’ai été opéré une deuxième fois en janvier, de façon plus lourde car j’ai subi une greffe osseuse. Il y avait déjà les dégâts de la fracture plus ceux de la première intervention… On m’a donc prélevé un morceau de radius qu’on m’a greffé. On m’a enlevé la broche oubliée, nettoyé la blessure et mis la vis dans l’autre sens. Ça, c’était le 9 février 2016. Et j’ai pu retrouver les sacs de plaquages et les terrains lors de la troisième semaine d’août, dans une intersaison assez courte sous de fortes chaleurs. La plus mauvaise combinaison. Avant de me retrouver remplaçant à Bordeaux. Sans passer par la case espoirs ! Je suis passé de la case sac de plaquages le mardi d’avant de mémoire à quarante minutes jouées face à l’UBB, après une semaine seulement d’entraînements collectifs. Que demande le peuple ? Je suis heureux.

 

Êtes-vous prêt à démarrer un match ?

À Bayonne samedi par exemple, où vous êtes pressenti titulaire… J’aimerais bien. Car même si on travaille physiquement lorsqu’on est blessé, cela ne remplacera jamais l’enchaînement des contacts en match, surtout à mon poste. Je me sens prêt, surtout que j’ai été deux fois remplaçant et que j’ai donc pu me préparer pour ne pas être dépassé par le rythme du match. La question reste : comment je serai physiquement après la 30e minute de jeu ? Quelque chose de logique, car je ne vis actuellement que ma troisième semaine complète avec le groupe… Mais je ne suis pas inquiet.

 

Durant cette longue période d’indisponibilité vous avez dû avoir le temps d’analyser vos trois années montpelliéraines, un club que vous avez rejoint pour son jeu d’attaque prôné sous l’ère Galthié. Vous étiez à l’époque capitaine du Racing-Métro, frappiez à la porte du XV de France (il coupe)…

La porte du XV de France ? Non. Je pense peut-être avoir eu la chance de pouvoir postuler mais c’était plus sous l’ère Marc Lièvremont. Après, sous l’ère Philippe Saint-André et même encore aujourd’hui avec Yannick Bru, entraîneur des avants, je sais que mon profil ne correspond pas du tout aux profils de joueurs qu’il apprécie. Et de toute façon je suis désormais trop vieux et pas assez performant, je n’ai donc aucune attente à ce niveau-là. Même si j’ai bel espoir, pas pour moi mais pour les autres, quand je vois qu’on sélectionne des éléments comme Julien Ledevedec, qui est proche de mon profil. Cela prouve que tout le monde change !

 

Revenons-en à la question initiale : ne regrettez-vous pas d’avoir signé au MHR où vous n’avez jamais réussi à vous imposer réellement, alors que vous étiez un cadre du Racing 92 ?

Je n’ai en effet peut-être pas fait un choix judicieux quand je vois le Montpellier que j’ai connu lors de ma première saison (2014-2015). En apparence, il était offensivement flamboyant, mais que j’ai trouvé insuffisamment structuré professionnellement sur la partie immergée de l’iceberg. C’est-à-dire au niveau du secteur médical par exemple. À mon sens, il n’y avait que la partie préparation physique qui était structurée. Pour le reste, il y avait notamment des horaires d’entraînement aléatoires et je n’avais jamais connu ça. Je me suis alors dit, tu ne pouvais pas le savoir.

 

À ce moment-là, avez-vous demandé à être libéré de votre contrat pour rejoindre le Stade Français ou Toulouse ?

Je n’ai rien à cacher. En effet, quand j’ai découvert cette partie immergée de l’iceberg, j’ai demandé à être libéré pour aller au Stade Français. Au départ, c’était en bonne voie, presque fait  et puis Jake White a été nommé entraîneur en janvier. Cela a changé la donne. La discussion n’a rien donné par la suite avec Paris, car les négociations n’ont pas abouti entre les deux clubs. Et parce que Jake White avait reconsidéré ma position, mon avenir, après m’avoir testé à Glasgow en coupe d’Europe. Au sujet de Toulouse, ils m’ont appelé en mai 2015. Ils souhaitaient me rencontrer car ils avaient eu vent de mes envies d’ailleurs. Mais comme il y avait déjà eu l’épisode du Stade Français, cela m’avait suffi.  Je n’ai donc pas donné suite. Je suis sous contrat jusqu’en juin 2018 (prolongé en mai 2016) avec Montpellier et je compte bien profiter enfin d’une saison pleine avant de penser à la suite.

 

L’arrivée de Jake White en janvier 2015 a donc été pour vous un tournant…

Jake White est arrivé et je trouve que tout s’est structuré, avec des semaines types qui nous permettaient de performer individuellement dans tout ce qu’on peut faire en dehors du travail collectif. J’étais heureux de ce changement et ensuite je me suis blessé et j’ai profité en dents de scie de ce système-là.  Avec le recul que j’ai pu prendre durant mon indisponibilité, n’étant pas international, je pense que je n’aurais jamais pu m’exporter et j’ai donc la chance de vivre aujourd’hui l’expérience d’un rugby de province sud-africaine.

 

Vous faites ici du second degré ?

Pas du tout. Et j’en parle de manière très positive. Je sais que beaucoup le voient d’une façon négative, ce que je partage, mais moi j’aime aussi prendre le bon côté des choses. J’apprécie d’avoir découvert des méthodes de travail et des approches de match différentes. Il y a des choses auxquelles j’adhère totalement et d’autres non, comme dans toutes les cultures. C’est enrichissant rugbystiquement. Je suis donc heureux d’avoir vécu cette expérience. Cela m’a permis de me construire.  

 

Votre discours ressemblerait presque à celui d’un préretraité… Rassurez-nous, vous n’êtes pas encore “cramé” à tout juste 32 ans ?

Bien au contraire ! Quand je suis parti du Racing92, cela faisait trois saisons que je commençais à me sentir un peu “cramé”. Honnêtement, si j’étais resté une année de plus au Racing, j’aurais demandé à couper un peu ou du moins, à avoir une intersaison aménagée. J’en ressentais le besoin, toutefois le fait de changer de club ne me permettait pas de demander cela. Mais je sentais que des pépins physiques se profilaient… C’est la vie, on a été plusieurs dans mon cas. Du coup, ces onze mois passés à l’infirmerie en deux ans m’ont permis de me régénérer et je pense qu’il me reste encore de belles heures devant moi ! Si je ne dépanne pas trop en deuxième ligne, parce que les mêlées à ce poste me raccourcissent un peu la carrière (sourire) !  

 

Justement, vous devriez retrouver votre poste de prédilection à Bayonne ce samedi. Qu’attendez-vous de ce rendez-vous ?

Je suis déjà très content d’y retourner, car cela fait partie des déplacements que j’aime faire. Comme à Clermont, c’est un bonheur de jouer dans de tels stades. En plus, je trouve qu’ils ont une façon de jouer plaisante. C’est un rugby que j’apprécie en tant que spectateur, comme le travail offensif réalisé par Vincent Etcheto qui avait déjà fait ses preuves à Bordeaux. Je suis content de les affronter même si mon rôle à moi, sera justement de les empêcher d’attaquer. Après, au niveau des clés du match, les Bayonnais ont une grande capacité à tenir le ballon en attaque et à se montrer dangereux. A nous de les empêcher de lancer le jeu proprement sur phases statiques ou dans les accidents de jeu, rucks… Et après, comme tous les matchs à l’extérieur et encore plus à Bayonne, notre défense devra être consistante et disciplinée.

 

Une troisième victoire consécutive pourrait-elle servir de déclic au MHR, pour que l’équipe développe plus de jeu par la suite ?

Je n’aime pas le terme de déclic. Revenons un peu en arrière. Perdre contre Clermont à domicile, c’est à mon sens quelque chose qui arrive. Même si on avait bien habitué les gens en gagnant deux fois contre eux l’an passé. Mais je me souviens aussi qu’il y a deux ans, on avait également perdu à domicile. En revanche, ne pas avoir pris le bonus défensif à Toulouse, on n'en n’est pas à la faute professionnelle, mais je pense que c’était du mauvais travail. Cela ne validait pas le boulot réalisé lors de l’intersaison. Car même si elle a été courte, on a bossé. Et je pense qu’il est très important de valider dès le départ ces enseignements, pour enchaîner sur autre chose. On a ensuite battu Bordeaux puis Pau, et à chaque fois, on passe à la marche d’après, au niveau supérieur. Du coup, gagner à Bayonne nous permettrait de poursuivre cette ascension dans le travail. Alors que si on y perd, on restera bloqué au “level” 2.

 

Gardez-vous l’espoir de vous imposer comme un titulaire à Montpellier cette saison ?

Je reste assez lucide. Je suis plus souvent une doublure de “Fufu” (Ouedraogo) qu’autre chose. Mais j’ai toujours gardé en tête l’envie d’être titulaire. Je me lève tous les matins pour ça. Après, ce n’est pas moi qui fais les compositions… Mais je reste dans cet état d’esprit là, de manière très positive : j’aime quand on se tire vers le haut les uns et les autres.                              

 

Propos recueillis par Julien Louis

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