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Rokocoko : « J’étais comme noyé… »

Par Marc Duzan
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    Rokocoko : « J’étais comme noyé… »
Publié le Mis à jour
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La semaine dernière, Joe Rokocoko brisait le silence et donnait sa version de « l’affaire des corticos ». Entretien.

Comment avez-vous vécu ces deux dernières semaines ??

J’ai l’impression de sortir tout juste d’un cauchemar. Ces deux dernières semaines furent très dures, en particulier pour ma famille. […] Un matin, je me suis réveillé et j’ai constaté que j’avais vingt appels en absence et une dizaine de messages. Ça venait des Fidji, de Nouvelle-Zélande et même d’Australie ! Je me suis dit : « Mais il se passe, quoi, encore ? » Ma mère avait entendu la nouvelle à la radio néo-zélandaise. Elle était dévastée et pleurait sur mon répondeur. (soupir) Ce genre de situation est très délicat à gérer à 15 000 kilomètres de distance. J’étais comme noyé. Je ne savais pas comment leur expliquer…

Qu’avez-vous dit, au juste ?

Je leur ai seulement expliqué que les injections de cortisone faisaient partie d’un processus post-traumatique normal. Ma cheville me faisait souffrir et on me l’avait soignée en respectant les règles. Point barre. Mais chez moi, ils ont mis des heures à le comprendre. Ils s’inquiétaient pour moi et je m’inquiétais pour eux. J’avais peur que tout ça leur retombe dessus. Mon nom est assez connu, là-bas…

Pourquoi a-t-on relevé des traces de corticoïdes dans vos urines ?

Je me suis blessé à la cheville contre Toulouse (21-16, N.D.L.R.) quinze jours avant la finale. Les jours suivants, l’inflammation tardait à se résorber alors le doc (Sylvain Blanchard) m’a bandé la cheville. La douleur ne diminuait toujours pas alors il a décidé de me faire une piqûre de cortisone. Je le revois prendre des photos de ma cheville au moment de l’injection. Maintenant, je comprends pourquoi il faisait ça. Il gardait des documents, des preuves de tous les traîtements qu’il me prodiguait.

Que vous reste-t-il de cette affaire ?

Beaucoup de choses. Je revois Juan Imhoff rigoler en me disant : « T’es blanchi, Joe ? Tout blanc, toi ? C’est une blague ! » Il y a des choses moins drôles qui reviennent, aussi. Dans tous les pays anglo-saxons, on a traduit « corticoïdes » par « stéroïdes » et les gens ont fait des amalgames. Lorsque la nouvelle s’est répandue aux Fijis, les gens ont dit : « Oh mec ! Rokocoko est dans une histoire de drogues ! » C’est fou comme les choses ont tourné. Ce fut comme une traînée de poudre.

Dormez-vous mieux ?

Oui, ça va. Je n’ai rien fait de mal et que je ne suis plus le seul à le croire. Malgré la disculpation, ces choses-là ne s’effaceront jamais. Je n’ai plus vingt ans et ce scandale sera une tache indélébile sur ma carrière.

Qu’avez-vous dit à vos enfants ?

Rien, ils sont trop jeunes. Mais viendra le jour où ils feront des recherches sur internet pour savoir qui était leur père et ils tomberont là-dessus. Cela m’attriste. (il soupire) C’est même affreux, quand j’y pense…

Y a-t-il aussi de la colère ?

Oui. Si j’avais fait quelque chose de mal, j’aurais accepté d’être puni. Mais le doc n’est pas sorti du cadre… (il soupire) Je veux dire… On est testé tout le temps. En Nouvelle-Zélande, les mecs de l’anti-dopage frappaient à ma porte à 6 heures du mat. Après le derby francilien (le 8 octobre dernier), Juan (Imhoff) et moi avons même une nouvelle fois été contrôlés. Comment voulez-vous que l’on cache des choses ?

Êtes-vous désormais libéré ?

Oui, en partie. Je crois que l’un des moments les plus difficiles fut le match contre le Stade français, en championnat (29-22). L’affaire était sortie deux jours plus tôt et sur le terrain, je n’arrivais pas à me concentrer. J’avais l’impression qu’autour de moi, les gens me regardaient et me jugeaient comme un enfant coupable. […] Tout ça est derrière moi, aujourd’hui. J’ai décidé d’avancer.

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