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Godignon : «Nous ne sommes pas des smicards»

Par Nicolas Augot
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    Godignon : «Nous ne sommes pas des smicards»
Publié le Mis à jour
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Le manager du CAB, Nicolas Godignon, actuellement aux portes du Top 6, ne veut pas s'enflammer et rappelle que Brive dispose d'un des plus petits budgets du Top 14. Tout en ne manquant pas d'ambitions avant d'affronter le leader clermontois.

Comme la saison dernière, Brive flirte avec la zone de qualification malgré le plus petit budget du Top 14, quelle est donc votre méthode ?

Je ne pense pas qu’il existe une méthode briviste. Le discours est de faire du mieux possible, de s’entraîner pour s’améliorer. Le staff doit faire en sorte d’être toujours plus précis sur nos exigences, sur la préparation, sur la qualité des séances. Les joueurs doivent s’impliquer aux entraînements pour progresser et devenir meilleurs. Enfin, les dirigeants sont toujours à la recherche de partenaires supplémentaires pour avoir un budget plus important et améliorer nos structures. Depuis plusieurs saisons, cela nous permet d’avoir des comptes de résultat positifs. C’est important d’avoir une bonne santé financière et rugbysitique, tout en se donnant les moyens de faire toujours mieux.

 

Gagner à Toulon, être en mesure de le faire à Bordeaux tout en restant invaincu à domicile, votre équipe est-elle en train de changer de dimension ?

Je ne suis pas sûr que nous ayons changé de dimension. À Bordeaux, les conditions de jeu étaient idéales pour pouvoir alterner notre rugby. Après, c’est la base de tous les matchs de rugby : quand tu as une conquête qui tient la route, tu arrives toujours mieux à poser ton rugby. Mais aujourd’hui, nous sommes concentrés sur Clermont, ce qui se fait de mieux en Europe, et là je n’invente rien. Il suffit de regarder les matchs, Nous ne sommes pas du tout à ce niveau-là de jeu et de maîtrise. Bien sûr, nous arrivons à faire notre petit bout de chemin. Le jour où on sera en mesure de pouvoir jouer comme Clermont le fait aussi bien à domicile qu’à l’extérieur, en Angleterre ou en France, là on pourra dire que l’on aura passé un cap. Aujourd’hui, on en est loin. Les Clermontois sont impressionnants dans la maîtrise, dans le volume, dans l’initiative, dans l’innovation. Sur leurs qualités défensives aussi même s’ils ont encaissé beaucoup de points contre Bordeaux. Ils sont beaux à voir jouer. Il faudrait être un fou pour ne pas le reconnaître.

 

Néanmoins, vos résultats sont aussi probants…

Nous avons gagné à Toulon dans un jour où le RCT n’était pas prêt. On sentait que ça n’allait pas et on le voit bien aujourd’hui. Ce n’est pas la plénitude à Toulon et il y a toujours quelques vagues. Nous sommes tombés un soir où ça ne tournait pas et nous avons su mettre les choses dans le bon ordre. Après, il y a des matchs très durs. Contre La Rochelle, où nous étions menés de douze points, c’est vraiment intéressant d’avoir eu cette capacité à repartir de l’avant. Il y a eu ce match de Bordeaux où nous sommes allés chercher un bonus et où nous aurions pu espérer un peu mieux. Nous avons vu des choses intéressantes depuis le début de la saison, mais je n’oublie pas le jour où nous sommes tombés dans le traquenard grenoblois, le jour où l’on s’est fait emporter par les Montpelliérains. Tout n’est pas rose. La seule chose dont je suis ravi, c’est la discipline. On nous a pointés du doigt en début de saison mais nous avons beaucoup travaillé. Aujourd’hui, c’est un secteur qui fonctionne.

 

Ce bloc, qui débute avec trois réceptions, va-t-il être décisif pour la saison du CABCL ?

Je ne crois pas. Quand on regarde le premier bloc, je pense que l’on n’aurait pas été nombreux à miser sur la victoire à Toulon. C’est impossible de savoir comment ça va se passer sur un bloc. On sait surtout que l’on reçoit le leader qui marche sur l’eau. Après, nous aurons seulement cinq jours pour préparer la réception de Bayonne. À Castres, ce n’est jamais une partie de plaisir et les Palois sont plus que des faire-valoir dans ce Top 14.

 

Vous parlez d’un leader qui marche sur l’eau, quelle est votre solution pour battre Clermont ?

(Rires) Je ne sais pas. On a l’impression qu’il n’y a pas vraiment de solutions. Nous avons vu le résultat face à Exeter qui a envoyé du jeu… Les Bordelais ont aussi pris ce parti. Les seuls qui ont réussi un petit peu à les faire trembler, ce sont les Toulousains. Il faudra peut-être s’inspirer du jeu de Toulouse.

 

Le Stade toulousain avait beaucoup misé sur son jeu d’avants…

Après, quand tu décides de ne pas jouer contre les Clermontois, il faut vraiment, vraiment, vraiment être costaud et avoir une pleine maîtrise car ils ont une équipe pour répondre au combat. Certes, Ils se sont fait surprendre face à Toulouse mais ce n’est pas une équipe qui se fait surprendre deux fois de suite là-dessus. Surtout, les équipes se préparent en conséquence pour venir à Brive. Encore plus les Clermontois ! S’il y a bien un secteur sur lequel ils ne nous craignent pas, c’est bien celui-là. Lors des deux dernières saisons, nous avons plus subi qu’eux. C’est une équipe qui ne craint pas ça.

 

Vous n’êtes pas très rassurant alors que vos supporters attendent un succès après deux défaites contre l’ASMCA à Brive.

Mais vous ne me croyez pas quand je vous dis que les Clermontois sont très forts ? Ils sont très forts. Après, c’est le derby du massif central. J’aime bien car je suis un gars de l’Allier. Quand j’étais minot, je regardais le derby du côté clermontois même si j’avais une grand-mère de Brive qui suivait le CAB. C’était plutôt rigolo. C’est toujours un parfum particulier avec une réelle générosité de la part des supporters des deux clubs, qui sont très fervents. C’est surtout un derby dans les tribunes avant d’être un derby sur le terrain. Je me souviens de notre dernier match à Clermont la saison où nous descendons. Nous devions gagner avec le bonus offensif pour nous maintenir, et à la fin du match, nous avions reçu des messages de soutien de la part des Clermontois.

 

Brive n’a perdu que quatre matchs à domicile sur quarante-deux depuis son retour en Top 14. Mais vous avez concédé la moitié de vos défaites face à Clermont. N’est-ce pas rageant ?

D’un côté, perdre contre une équipe de Clermont qui s’impose neuf fois à l’extérieur, c’est moins embêtant. Dans la série, il doit y avoir une défaite contre Biarritz, l’année où le BO descend, qui est déjà plus problématique. Nous ne comptons peut-être que quatre défaites, mais je me souviens aussi de victoires sur le fil, notamment contre Castres la saison dernière, ou ce match contre Toulouse où l’on arrache le nul grâce à un contre sur une transformation. Bien sûr, cette solidité à Brive est une bonne chose, mais les Clermontois sont plutôt un bon exemple sur l’invincibilité à domicile.

 

La politique de Brive est de miser sur un collectif plutôt que sur des individualités. Casser la tirelire pour un joueur mettrait-il en danger cet équilibre ?

Je pense que nous avons déjà fait des efforts. Nous ne sommes pas des smicards et nous ne payons pas nos joueurs au lance-pierre. Après, nous n’avons pas les moyens d’attirer des stars de très haut niveau comme DanielCarter. Si nous avions les moyens, peut-être que nous le ferions. C’est quoi une star ? Carter ou Wilkinson sont des stars planétaires mais nous avons des joueurs qui ont une reconnaissance importante. Si vous allez aux Fidji avec Waqaniburotu, vous ne faites pas un mètre sans vous arrêter. Même chose avec Koyamaibole. En Géorgie, beaucoup de monde connaît Karlen Asieshvili. Nous n’avons pas des garçons avec une aura internationale. Carter est reconnu partout dans le monde, les Fidjiens un peu moins. Pourtant, chez eux, ce sont des personnes qui le sont vraiment. Aujourd’hui, quand vous avez un budget pour vous acheter une voiture, c’est déjà bien. C’est vrai que vous pouvez vous dire : « Oh la la, je n’ai pas le budget pour m’acheter une Ferrari ou une Porsche. » Mais si vous avez le budget pour une Clio, elle va quand même vous amener d’un point à un autre. Un terrain, c’est comme sur la route. Il y a des choses à faire, des choses à ne pas faire, des limitations de vitesse. À vous de bien connaître le code de la route et les itinéraires pour arriver en temps et en heure sans avoir à forcer sur la mécanique. Aujourd’hui, le plus important, c’est d’avoir une voiture qui roule.

 

Votre politique a permis à des joueurs de se relancer et certains vont partir en fin de saison, comme Pointud ou Iribaren. Êtes-vous déçu ?

Tant mieux si nous arrivons à relancer des joueurs. C’est une bonne chose. J’ai envie de leur dire bonne chance, bonne route et nous sommes contents d’avoir compté pour toi. À quoi ça sert de pleurer, de nous lamenter sur notre sort ? Nous ne sommes pas malheureux. Ce week-end, le stade va être plein. Certains ont fait leurs choix mais on les accompagne. Nous savons qu’ils vont faire leur maximum pour l’équipe, pour que nous atteignions nos objectifs. C’est la vie, ça va, ça vient. C’est le professionnalisme même si ce genre de chose arrivait aussi avant.

 

Vous n’avez plus qu’un seul joueur suspendu, l’épisode grenoblois est-il oublié ?

 

On n’oublie pas, on n’oublie jamais. On le met dans un coin de nos têtes et nous savons ce que nous ne voulons pas retrouver. À partir de là, tu peux pardonner, tu peux te pardonner, t’excuser mais tu n’oublies pas. Nous avons handicapé l’équipe et le club. Cette bagarre a coûté de l’argent que nous aurions préféré mettre ailleurs. C’est comme quand tu te fais flasher sur la route, tu préférais mettre l’argent ailleurs que dans le remboursement de l’amende.

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