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[Dossier] Le Salary Cap : Salaire, magouilles, et compagnie

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Très controversé par de nombreux présidents de club, le salary cap, malgré ses mérites, n’est plus un frein aux excès de toutes sortes.

C’est l’un des sujets tabous du rugby professionnel. Comment payer ses joueurs le plus possible ? Et surtout, comment le faire en échappant au radar des charges sociales, de la DNACG et du plafond salarial ? En théorie, depuis 2010, un club n’a pas le droit de dépenser plus de 10 millions d’euros par saison pour rétribuer ses joueurs. Ce sont les présidents qui ont voté cette mesure au sein de la LNR dans un souci d’égalitarisme pour éviter que le Top 14 soit écrasé par deux ou trois écuries. Les mauvaises langues racontent que, ce jour-là, on pouvait lire à leurs physionomies que les plus riches savaient déjà tous comment contourner cette contrainte.

Au fil du temps, les « boss » du rugby professionnel ont peaufiné des techniques plus ou moins sophistiquées pour pouvoir payer grassement leurs vedettes françaises ou étrangères ou pour pouvoir, à l’inverse, économiser sur les charges sociales. Les solutions circulent sous le manteau au gré des confidences ou des dénonciations. Les prud’hommes, l’assurance chômage ou l’assurance-maladie, bien d’autres ficelles sont mises à contribution.

Contournement

Mourad Boudjellal n’a par exemple jamais fait mystère qu’il a longtemps proposé à ses joueurs des primes aux résultats qui, justement, n’entraient pas dans le calcul du fameux salary cap, jusqu’à ce que la LNR corrige la situation, ce que Boudjellal n’avait pas apprécié : « C’était, bien sûr, fait pour nous contrer. J’ai proposé à Paul Goze d’appeler ça les amendements Toulon ou les amendements Boudjellal. Ça me ferait plaisir, au moins qu’il en reste quelque chose », déclara-t-il sur le moment.

N’oublions pas on plus que le RC Toulon a été sanctionné d’une amende de 100 000 euros, en août dernier, pour un dépassement du plafond salarial à l’issue de la saison 2014-2015. Une sanction que Mourad Boudjellal a vivement contestée (il a dit vouloir faire appel) en remettant en cause la bonne foi de la DNACG mais qui, selon nos informations, aurait pu être beaucoup, beaucoup plus lourde au regard des actes reprochés. Menace qui pèse d’ailleurs toujours sur ses épaules et qui inciterait, dit-on, le président toulonnais à vendre les parts de son club pour ne pas subir les foudres financières de la DNACG qui n’aurait pas dit son dernier mot.

Les contraintes du salary cap ont été aussi brandies par le président toulousain René Bouscatel pour expliquer le départ de Vincent Clerc, enfant chéri des supporters… pour Toulon. Selon lui, la décision du joueur de prolonger d’un an sa carrière serait intervenue en février à un moment où le budget et la masse salariale de la saison suivante étaient bouclés : « J’ai étudié toutes les solutions, y compris de libérer un joueur sous contrat sollicité par un club anglais. Mais ça ne s’est pas fait », expliquait-il. Bref, on l’a compris, cette mesure partie d’une bonne intention est devenue un vrai guêpier.

Les « gros » présidents vivent dans la tentation quasi-permanente de la contourner et… le font. La Ligue fait valoir que si l’on supprimait ce fameux salary cap, les clubs les plus puissants du Top 14 s’en donneraient à cœur joie. Et les choses, alors, seraient pires ? C’est à voir, bien sûr. Il n’y aurait plus de limites vers le haut mais les plus modestes continueraient à se battre pour le maintien, ou pour l’Europe. Pour pouvoir enrôler les deux ou trois joueurs qui font la différence, la tentation des salaires déguisés persistent envers et contre tout, pour feinter les règles de la DNACG ou le système des charges sociales. La nature humaine est ainsi faite.

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