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[ Dossier Technique ] : Comment attaquer la « zone arbitre » ?

Par Nicolas Zanardi
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L’arbitre fait partie du jeu, on connaît la chanson… et souvent à son corps défendant, les attaques n’hésitant pas à exploiter sa zone pour perturber la défense. Mode d’emploi…

Difficile boulot que celui d’arbitre, pas vrai? Cible sempiternelle des critiques d’après-match, les directeurs de jeu doivent, en outre, se montrer d’une vigilance extrême pour leur propre santé. Entendons-nous bien: on ne vous expliquera pas ici que des joueurs rêvent (consciemment en tout cas) de se «farcir» un arbitre, par pur plaisir sadique. Mais la réalité est que la zone de l’arbitre se trouve, plus que jamais, ostensiblement visée par les attaquants. La preuve en a encore été faite samedi dernier lors du match entre le Stade français et Lyon, qui a vu le demi de mêlée rhodanien Baptiste Couilloud se frayer un chemin vers l’essai au nez et à la barbe de Paul Williams, de l’écran involontaire de l’arbitre M. Marchat. Le tout, sans qu’aucun appel à la vidéo ne soit réclamé. Eh, quoi? Après tout, la première règle tacite du rugby demeure que l’arbitre fait partie du jeu… Et, pour être plus clair, le règlement stipule que «si le ballon ou le joueur qui le porte touche l’arbitre […] et qu’une des équipes bénéficie d’un avantage sur le champ de jeu, l’arbitre ordonnera une mêlée et la dernière équipe ayant joué le ballon bénéficiera de l’introduction. » Vous avez bien lu, le règlement ne prévoit que le cas concernant un joueur porteur du ballon. En aucun cas celui d’un défenseur entrant malencontreusement en contact avec l’arbitre… Un « vide juridique » qui se trouve évidemment surexploité, le but de la manœuvre consistant à jouer sur la proximité de l’arbitre avec les défenseurs, afin que ceux-ci s’embrouillent. Et profiter évidemment de l’intervalle naturellement créé par l’arbitre lorsque celui-ci se replace derrière la défense…

«Petites habitudes » scrutées à la vidéo

Ce qui, à haut niveau, ne se fait évidemment pas par hasard. «Ce serait faux de dire que l’on bâtit des stratégies en fonction de ça, nous témoignait dans la semaine un joueur international. En revanche, lorsque le plan de jeu consiste à ne pas trop s’écarter des zones d’affrontement par du jeu direct, la zone arbitre devient forcément une option intéressante. C’est pourquoi, si on étudie en priorité à la vidéo le système défensif de l’adversaire autour des phases de ruck, on jette souvent un œil sur les habitudes de placement de l’arbitre. En fonction de cela, on peut établir des stratégies pour jouer sa zone, en faisant venir un ailier, ou en demandant au bloc d’avants de faire circuler le ballon par une passe pour décaler la zone d’affrontement. » D’où parfois des attitudes quelque peu équivoques de la part des défenseurs qui, voyant l’arbitre se positionner vers eux, ont parfois tendance à déborder. On pense, par exemple, au geste d’humeur de Kolelishvili sur Wayne Barnes en coupe d’Europe au mois de janvier dernier, ou au désormais légendaire « attention Monsieur, dégage ! » lancé deux semaines plus tôt… François Van der Merwe  à l’adresse de M. Charabas. Des comportements qui n’ont évidemment pas plu en haut lieu, et face auxquels le président de la CCA, Didier Méné, a demandé à ses homes la plus grande fermeté. Quand on vous disait qu’il n’est pas facile, le travail d’arbitre! 

Lexique

Zone arbitre: Difficile de faire dénomination plus explicite! Littéralement, la «zone arbitre » détermine la portion de terrain visée dans les attaquants autour du directeur de jeu, misant sur la densité du trafic pour gagner de précieux centimètres supplémentaires.On peut ainsi précisément déterminer la «zone arbitre » comme celle des intervalles situés entre les deux défenseurs qui encadrent l’arbitre (au moment où celui-ci, après avoir surveillé la phase de ruck, se recule derrière la défense pour ne pas gêner les transmissions de balle entre les attaquants). Une portion du terrain qui varie ainsi, évidemment, en fonction du placement de l’arbitre. Certains ayant pour habitude de se tenir très près des phases de ruck quand d’autres, soucieux d’éviter les «accidents», préfèrent se décaler de quelques mètres sur l’extérieur…

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