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[ Dossier France - Nouvelle-Zélande ] Cooper : « Les Bleus doivent continuer à jouer comme ça »

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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L’ancien arrière des Blacks et actuel entraîneur des trois-quarts du Stade français ne peut pas être plus clair: pour lui, les Bleus doivent rester fidèles à leur jeu s’ils veulent vaincre les Blacks. Décryptage.

Avez-vous été surpris par la défaite des All Blacks face à l’Irlande il y a deux semaines ?

Par tant que ça, car nous savons tous que l’Irlande dispose d’une très bonne équipe, taillée pour faire déjouer les Blacks. Ils les ont pris où ils ne s’y attendaient pas : sur les zones de rucks, sur la possession, et même sur le jeu au pied, ils les ont constamment mis sous pression. Ils ont été intelligents. Et puis il fallait bien que la série néo-zélandaise s’arrête un jour. Souvenez-vous, il y a deux ans, les Irlandais avaient déjà été ceux qui les avaient poussés dans leurs derniers retranchements.

Les Blacks ont-ils été suffisants à Chicago ?

Ils n’ont jamais l’habitude de manquer de respect de à leurs adversaires. Vraiment, les Irlandais avaient les moyens de les battre. Mais techniquement et mentalement, ils ont été en dessous des Celtes. Il leur manquait également quelques joueurs, comme Whitelock et Retallick, mais bien sûr, ils ne pouvaient pas se réfugier derrière cette excuse.

Qu’ont-ils fait pour prendre leur revanche ?

Clairement, ils ont changé leur attitude. Celle-ci s’est traduite dans leur défense, qui a été plus efficace et agressive : à Chicago, ils avaient encaissé cinq essais. À Dublin, pas un seul. Sur les zones de rucks aussi, ils ont repris l’avantage sur les Irlandais. J’ai aussi trouvé qu’ils ont été bien plus rapides dans leur réorganisation défensive. À Chicago, certains ont tardé à se remettre sur leurs pieds. Ils ont corrigé cela à Dublin.

Ont-ils changé leur façon d’attaquer à Dublin ?

Non, du moins pas fondamentalement. En revanche, j’avais trouvé un petit peu prévisibles à Chicago, dans la mesure où ils jouaient souvent dans le sens de l’attaque. Du coup, les Irlandais ont souvent réussi à les contrer en montant très vite. À Dublin, ils ont réintroduit des renversements qui ont déstabilisé la défense et leur ont permis de gagner la ligne d’avantage. De fait, ils ont obtenu des libérations de balles plus rapides, et ont pu accélérer le jeu à leur guise. Leurs porteurs de balles ont été meilleurs, aussi.

L’équipe de France développe un jeu ambitieux, riche en passes après contact, une des forces des Néo-Zélandais. Pensez-vous que les Bleus sont en mesure de s’imposer avec ce jeu ?

Il faut prendre les choses dans l’ordre. Déjà, la conquête. Les Bleus possèdent une très bonne conquête. Qu’il s’agisse de la touche ou de la mêlée, les Français peuvent dominer les Blacks. Pour gagner contre eux, ils ne doivent pas avoir le ballon. Or, les Français peuvent gagner la bataille de la conquête et les priver de quelques munitions. Ensuite, il faut regarder la défense. En individuel, les Français sont également très forts et peuvent prendre le dessus s’ils restent rigoureux dans leurs attitudes. Ensuite, le jeu au sol. Pour éviter de prendre la marée, il faut agresser les Néo-Zélandais dans le jeu au sol pour les empêcher d’avoir des balles rapides, tout en évitant de se consommer. C’est ça le plus difficile. Maintenant, sur le plan offensif, les Bleus doivent absolument continuer à jouer comme ils le font. Certes, s’ils font tomber des ballons en manquant leurs passes après contact, les Français seront contrés. Mais si les Français parviennent à gagner la ligne d’avantage, ils auront des opportunités de faire ces passes et de franchir la défense. Je suis totalement d’accord avec l’orientation qu’a donné le XV de France à son jeu.

Ces derniers mois, les seules équipes qui les ont provisoirement mis à mal sont celles qui ont produit beaucoup de jeu…

C’est vrai : l’Argentine, l’Australie ont suivi cette voie. Les Français ont choisi leur voie. Celle-ci n’est pas celle des Irlandais, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne les mènera pas à la victoire ! Je suis persuadé que les Bleus ont les moyens de vaincre les Blacks. Ils ont les joueurs pour. Après, ils n’auront pas le droit à l’erreur. Mais si l’on veut vaincre les Blacks, il ne faut pas les regarder et faire un complexe d’infériorité. Les Bleus n’ont pas à en faire un.

L’erreur serait donc d’être frileux ?

Tout à fait. Les Français ne jouent pas un rugby aveugle. Il est contrôlé, structuré, calculé, et orienté vers l’attaque. Qu’ils continuent comme ça.

Ce jeu de passes après contact ne serait-il pas risqué ?

Il est risqué, certes. Mais ce n’est que le début. Pour l’instant, les Bleus en sont toujours à jauger toujours le niveau de risque qu’ils peuvent assumer. Peut-être que dans deux ans, ils pourront décider de réduire la voilure. Mais pour l’instant, les joueurs apprennent, et réussissent plutôt bien. Alors pourquoi arrêter ? Le seul truc, avec ce jeu de passe après-contact, c’est la vitesse de réaction. S’il y a un couac, il faut que tout le monde réagisse dans la seconde.

Avez-vous noté un changement dans leur façon de jouer depuis l’arrivée de Guy Novès ?

Bien sûr ! Le changement est évident. Guy Novès a apporté un équilibre entre le jeu d’avant et celui des trois-quarts. Les Bleus n’en sont encore qu’au début de leur apprentissage de ce nouveau système, donc tout ne peut pas être parfait. Mais j’aime beaucoup ce qu’ils montrent. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, ils doivent rester fidèles à leurs convictions.

Face à l’Australie, ils ont été dominés dans le jeu au sol et ont manqué de réalisme. Sont-ce là les deux principaux chantiers du staff ?

Oui mais cela va venir avec le travail. C’est le problème quand on veut développer un jeu debout, riche d’off-loads. C’est un style qui peut être très efficace mais qui demande beaucoup de continuité entre le porteur et les soutiens, sinon on s’isole. C’est donc une chose sur laquelle les Bleus doivent bosser : la précision et la rapidité de leurs courses de soutiens, ainsi que des interventions au sol si besoin est.

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