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[ France - Nouvelle-Zélande ] Laulala : « La meilleure sélection néo-zélandaise de tous les temps »

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Sélectionné avec les All Blacks de 2004 à 2006, le trois-quarts centre francilien possède un avis pertinent sur la réussite actuelle des Tout Noir.

Pourquoi les All Blacks sont-ils si forts ?

Quand tu joues pour la sélection néo-zélandaise, tu joues toujours comme si c’était la dernière fois… Je veux dire, la concurrence est tellement rude chez les All Blacks. À mon époque, il y avait au centre Aaron Mauger, Tana Umaga, Luke McAlister, Conrad Smith, Ma’a Nonu… À la moindre erreur, tu perdais ta place. Les deuxièmes chances sont rares. Chacun des All Blacks maintient donc un perpétuel niveau d’exigence. C’est l’une des grandes forces de cette équipe.

 

Quoi d’autre ?

Le système néo-zélandais encourage ses rugbymen, dès le plus jeune âge, à prendre des risques et tester ses propres limites. On t’apprend surtout, là-bas, que le rugby est une affaire de mecs responsables, une histoire de grands garçons. Cette idée là te suit jusqu’à ta mort. Regardez les All Blacks d’aujourd’hui : ils ont tous une lecture parfaite du jeu ; ils sont tous capables de prendre la bonne décision au bon moment, qu’ils soient pilier ou demi d’ouverture. Ca leur est propre.

 

Travaillez-vous davantage la technique individuelle qu’en Europe ?

Non. On la travaille différemment, c’est tout. Les coachs responsabilisent les joueurs dès le plus jeune âge. À 6 ans, un vieux sage te montre comment faire une passe, un coup de pied, un plaquage. Il y passera trois ans s’il le faut mais il t’enseignera la technique adéquate. Ce bagage t’accompagne ensuite toute ta carrière. A ce titre, je ne suis pas certain que ma façon de passer ou de défendre ait changé depuis mes débuts…

 

Est-ce vraiment tout ?

Ce que vous appelez technique individuelle fait partie de la vie de tous les jours d’un enfant néo-zélandais ! Nous avons toujours un ballon entre les mains, que ce soit à la maison ou à l’école. Les « skills » font en quelque sorte partie de notre quotidien. Il n'a  pas besoin d’être dans un stade pour les travailler.

 

Steve Hansen, le sélectionneur néo-zélandais, fut votre entraîneur aux Crusaders. Quelle image avez-vous de lui ?

Il me rassurait, à l’époque. Avec lui, il n’y avait jamais de problème insoluble. Steve Hansen a toujours une solution à vous donner. Il y a un an, on reprochait aux All Blacks de manquer de vitesse derrière. Steve a décidé d’abandonner les gros gabarits au centre, demandé à ses joueurs -avants comme trois-quarts - de couvrir toute la largeur du terrain et le jeu des Blacks a trouvé une dimension nouvelle.

 

Qui sont les joueurs clés de cette équipe néo-zélandaise, alors ?

Pfff, il y en a tellement… A l’ouverture, Beauden Barrett est un magicien. Au centre, Ryan Crotty est à la fois un bon distributeur et excellent en perce-murailles. A l’arrière, Ben Smith est le meilleur relanceur de la planète. En fait, cette équipe est peut-être la meilleure sélection néo-zélandaise de tous les temps.

 

Est-il donc impossible pour le XV de France de vaincre les All Blacks ?

Non, rien n’est impossible. Le problème des derniers adversaires des All Blacks, c’est qu’ils n’étaient pas prêts pour résister physiquement quatre-vingt minutes à la Nouvelle-zélande. Ils sont à l’aise pendant une heure puis ils explosent. Si les Bleus parviennent à gérer leurs efforts, ils tiendront le choc. Une chose est sûre : on ne peut affronter les All Blacks en se persuadant qu’on les battra juste sur une grosse mêlée ou des mauls pénétrants. Les Blacks s’adaptent. Ils sont intelligents.

 

Quelle est, selon vous, la meilleure paire de centres du Top 14 ?

Je suis un grand fan de Gaël Fickou. Je trouve ce joueur assez incroyable. Associé à un mec physique et rapide comme Wesley Fofana, ça pourrait faire très mal...

 

Que représente pour vous le maillot des All Blacks ?

C’est d’abord un héritage. En l’enfilant, on endosse aussi le poids de générations d’immenses joueurs. Il y a peu de droits lorsque l’on est All Black. En revanche, les devoirs sont légion. On ne peut être indigne de cette équipe et la pression y est donc perpétuelle. Les coachs, la presse et les spectateurs n’attendent de vous que le meilleur. Décevez-les une fois et vous êtes finis…

 

Êtes-vous d’accord avec la politique néo-zélandaise interdisant la sélection aux joueurs évoluant hors de ses frontières ?

Non.

 

Pourquoi ?

Je vais parler de mon exemple parce qu’il est celui que je connais le mieux. A 34 ans, j’ai beau joué actuellement le meilleur rugby de ma carrière, je n’aurai plus jamais la chance de le montrer aux Néo-Zélandais. À mon sens, l’expérience compte autant que l’ardeur ou la fougue…

 

Que vous reste-t-il de votre première sélection avec les All Blacks ?

Tout était allé si vite… J’avais 22 ans et deux saisons de Super Rugby dans les jambes. Pour cette tournée en Europe (novembre 2004, N.DL.R.), nous étions l’un des plus jeunes squads néo-zélandais de tous les temps. Le coach était Graham Henry. Il y avait là Dan Carter, Joe Rokocoko, Ali Williams, Doug Howlett… Richie McCaw était déjà capitaine. Nous avions réalisé le Ka Mate au Millennium de Cardiff. C’est le haka que je préfère. Je suis « old school ». Le Kapa O’Pongo est plus long et plus violent.

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