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Pelous : « Il y a trop de mensonges »

Par Léo Faure
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    Pelous : « Il y a trop de mensonges »
Publié le Mis à jour
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Joueur le plus capé de l'histoire du rugby français (118 sélections), Fabien Pelous a accepté de se livrer sur la campagne fédérale en cours. Sans langue de bois.

Quel regard portez-vous sur la campagne fédérale en cours ?

Le contexte est pour le moins tendu. Je trouve que cette campagne est malsaine. On peut débattre des idées, c'est même souhaitable. Mais les histoires qui sortent une fois par semaine, qui sont des attaques personnelles, ne sont pas représentatives de l'idée que je me fais d'une campagne pour notre rugby. On n'entend jamais parler du fond. C'est dommage. C'est pour cela que j'ai accepté de vous répondre. Sur le fond, il y a de quoi dire.

 

Ces affaires sont tout de même embarrassantes…

Mais je ne crois pas aux coïncidences. Je trouve qu'elles amènent cette campagne dans une bassesse que j'espérais ne jamais voir dans notre sport. Que tout ne soit pas parfait, certainement. Mais que ce soit un argument de campagne, je trouve ça assez lamentable. Surtout, cela me paraît futile. C'est de l'effet d'annonce pour pas grand-chose derrière. Elles ne touchent pas à l'honnêteté des gens et ne génèrent pas d'enrichissement.

 

Vous attendiez-vous à ce que la campagne prenne une telle tournure ?

Un peu, forcément. Quand j'ai vu les personnes qui allaient défendre des projets, je me doutais que ça déraperait…

 

Si on dit les choses clairement, vous parlez de Bernard Laporte ?

Oui, je sais qu'il est impulsif. Mais je ne veux pas rentrer dans ce débat et remettre le couvert sur des attaques personnelles. Ce n'est pas mon propos.

 

Vous êtes vous-même au soutien de Pierre Camou...

Oui, bien sûr. Il faut rétablir quelques vérités sur la qualité humaine de Pierre. Je n'admets qu'on puisse remettre en cause son intégrité, sa droiture ou sa force pour défendre ses convictions... C'est quelqu'un qui représente tous les rugby. Il a été créateur de club, puis président de comité et président de la Fédération. Il connaît par cœur tous les rugby, l'amateur mais aussi le professionnel, comme le prouve la dernière convention signée avec la LNR.

 

Pourquoi avoir accepté de prendre la parole ?

Je suis au comité directeur depuis quelques années et je vois le travail fait au quotidien. Il y a trop de mensonges qui sont répandus à ce propos, il faut les rectifier. C'est ce qui m'anime aujourd'hui.

 

Quels mensonges dénoncez-vous ?

Ceux sur la formation, par exemple. Dire qu'il n'y a rien de fait, déjà, est absolument faux et démagogique. Et les solutions qui sont opposées le sont également.

 

C'est-à-dire ?

Affirmer, comme ils le font actuellement, qu'en supprimant les pôles Espoirs on va régler tous les problèmes de la formation, c'est d'une démagogie sans nom ! Leur postulat de départ, c'est que les Pôles Espoirs entrent aujourd'hui en concurrence avec les centres de formation. C'est une énorme bêtise : les deux structures ne s'adressent pas aux mêmes catégories d'âge et ne sont donc jamais en confrontation ! Le candidat définit cette proposition comme l'objectif principal de son programme alors qu'il ne connaît même pas les catégories d'âge du rugby. C'est dire la légèreté du propos... Et plus grave encore, cette proposition ne prend jamais en compte le jeune joueur, qui est en formation.

 

Pourquoi ?

Aujourd'hui, la structure des Pôles permet d'équilibrer les masses entre la formation sportive et la formation scolaire. La formation d'un jeune joueur doit forcément prendre en compte le scolaire. Un jeune Pôle, donc dans la structure fédérale, bénéficie d'horaires aménagés. C'est-à-dire qu'il est tous les jours à 15 heures sur le terrain. Il fait deux ou trois heures de rugby et à partir de 18 heures, il est libéré pour effectuer ses devoirs scolaires puis pour mener sa vie normale d'adolescent. Cet équilibre est important. Sortir les joueurs de ces structures, c'est les laisser aux clubs. Ceux-ci sont capables d'assumer la formation d'un point de vue technique, sans aucun problème. Mais de 18 heures à 20 heures ou plus, chaque jour. Le jeune n'a donc plus de temps pour vivre sa vie, en-dehors de la scolarité et de la formation sportive. Je trouve ça grave parce qu'on va générer une « casse » terrible sur ces jeunes. Les propositions que je vois en face ne considèrent que l'aspect professionnel du rugby. Le système alors proposé fera beaucoup de dégâts. J'ai toujours pensé que nous devions former de bons joueurs de rugby mais aussi des hommes, des êtres humains responsables et capables de s'épanouir en tant que personne et pas seulement en tant que rugbyman. On ne peut pas passer à côté de cette mission.

 

Les clubs ne peuvent-ils pas assumer ces charges ?

Aujourd'hui, si bien sûr. Quand le pôle France a été créé, c'est parce que les structures de formation dans les clubs n'étaient pas satisfaisantes, pas assez « haut de gamme ». Désormais, la plupart des centres de formation se sont énormément améliorés. Ils répondent clairement aux critères du haut niveau. C'est une base solide et il est venu le temps où ils assurent, eux aussi, une formation de haut niveau. C'est pour cela que nous faisons évoluer notre pôle France. La catégorie moins de 19 ans fonctionnera bientôt par des rendez-vous ponctuels, et plus à demeure à Marcoussis. Les jeunes passeront beaucoup plus de temps en clubs, avec des entraîneurs nationaux qui seront là pour assurer le suivi des joueurs à haut potentiel. C'est une évolution qui a du sens, ce n'est pas un effet d'annonce.

 

Question annonce, celle du grand Stade n'est-elle pas le plus grand poids de la campagne de Pierre Camou ?

Mais là encore, c'est un mensonge ! Parce que ça ne devrait même pas être un sujet de campagne. L'élection, ce n'est pas dire oui ou non au Grand Stade ! Sur ce sujet, il y aura une assemblée générale et un vote en 2017. Ce sont les clubs qui décideront à ce moment si, oui ou non, ils veulent de ce Grand stade. Pour l'instant, c'est un projet et son temps actuel, c'est celui de la réflexion. Je pense que nous aurions tort de ne pas nous poser la question de le faire ou non. Ensuite, ceux qui portent ce projet iront le défendre. Mais ce sont les clubs et uniquement les clubs qui décideront. Et ce n'est pas lors de cette élection que cela se fera, quoiqu'il arrive.

 

C'est pourtant devenu un sujet de débat au cœur de la campagne...

Mais c'est complètement faux ! Ce sont ces mensonges que je veux contrer. Ce n'est pas la vérité, tout simplement. Sur les problèmes de formation, et il y en a, les solutions avancées me paraissent vraiment mauvaises. Sur le grand stade, c'est un mensonge de dire que c'est un enjeu de la campagne. C'est une vérité à rétablir.

 

Votre camp adverse a réussi à placer le grand Stade au cœur de cette élection...

Ils ont une puissance médiatique pour avancer certaines idées fausses. C'est pour ça que, à un moment, je sors de ma réserve pour porter une autre parole.

 

Le troisième point avancé, c'est de « rendre l'argent et le pouvoir aux clubs amateurs ». Cela rentre dans ce que vous qualifiez de démagogie ?

On peut difficilement faire mieux... L'argent, il est déjà rendu en partie aux clubs. La fédération a économisé 6 millions d'euros sur les licences, sur les 2 ou 3 dernières saisons. Le calcul varie en fonction de la prise en compte, ou non, de l'assurance. Mais c'est autant d'argent que les clubs n'ont pas eu à dépenser. L'engagement des licenciés auprès de la Fédération n'a pas augmenté depuis plusieurs saisons, c'est l'assurance de la licence qui a augmenté. Pourquoi ? Parce que quelques années en arrière, nous avons malheureusement connu quelques cas de grands blessés du rugby. Cela a impacté le prix de l'assurance. Par le changement des règles initiées par la FFR, nous avons contrecarré cette tendance et nous n'avons plus de grands blessés dans le rugby. On ne peut que s'en réjouir et c'est une force de la Fédération que d'avoir su faire évoluer les règles pour protéger les joueurs.

 

Mais vos adversaires promettent une redistribution des bénéfices...

On le fait déjà. C'est l'autre volet de mon discours. Au dernier comité directeur, il a été voté l'aide de la Fédération à toutes les écoles de rugby, par le biais du financement des référents FFR dans chaque école de rugby de France. La Fédération s'engage à payer ces postes, pour structurer toutes les écoles de rugby en local. Aussi pour les aider à pénétrer leur milieu scolaire. Redonner les capacités aux clubs de redevenir un acteur local important, c'est cela. C'est important que la Fédération donne les moyens de ces actions. Je crois même que c'est son rôle premier. Toutes ces choses, ce sont des dossiers de fond. C'est technique mais c'est du concret, sur tout ce que met en place la Fédération et qu'elle va continuer à mettre en place. Et c'est justement tout ce dont on ne parle pas dans cette campagne.

 

En cas de défaite aux élections, craignez-vous que tout ceci soit cassé ?

C'est ce qui est promis. Je le regrette profondément.

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