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Plaquages : ce qui va changer

Par Simon Valzer
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    Plaquages : ce qui va changer
Publié le Mis à jour
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Les nouvelles mesures visant à limiter les contacts à la tête vont avoir d’importantes conséquences techniques sur l’un des gestes de base de notre jeu, le plaquage. Décryptage.

La semaine dernière, un nouveau rapport établi par les dirigeants du Premiership (l’équivalent du Top 14 anglais) a encore tiré la sonnette d’alerte : selon le document, les commotions cérébrales représenteraient à elles seules plus de 25 % du total des blessures constatées dans l’élite anglaise depuis le début de la saison. En clair, les chocs à la tête sont aujourd’hui la principale cause de blessures outre-Manche. Et ce rapport anglais ne fait que confirmer une tendance : celle selon laquelle les commotions sont depuis plusieurs mois au cœur de la réflexion des instances dirigeantes du rugby.

À la mi-décembre 2016, World Rugby avait annoncé un durcissement de la législation avec l’apparition de deux nouvelles catégories de fautes : celle sanctionnant le plaquage « accidentel », puni par une simple pénalité, et celle du plaquage « imprudent », allant d’un carton jaune à rouge (lire ci-contre). Les deux mesures ont la même visée : dissuader les joueurs de tout contact avec la tête de l’adversaire.

Vers l’avènement de la passe après contact ?

Bien sûr, chacun sait que l’intensité d’un match de rugby est telle que les joueurs ne peuvent en toutes circonstances contrôler leurs faits et gestes. Logiquement, on imagine donc que par crainte de risquer une pénalité, les défenseurs auront tendance à plaquer plus bas. Une perspective confirmée par l’entraîneur en charge de la défense au Castres olympique, Joe El Abd : « Bien sûr, nous n’avons jamais eu le droit de plaquer haut, et c’est très bien comme ça. La différence, c’est qu’à partir de maintenant, si un défenseur va plaquer au ballon et qu’il glisse de façon non intentionnelle au-dessus de la ligne des épaules, il va risquer d’être sanctionné. »

Car même sans avoir l’intention de « couper la tête » de leurs adversaires, les défenseurs ont parfois besoin de plaquer en visant le ballon, et donc le haut du corps : pour empêcher l’adversaire d’effectuer une passe après contact par exemple, ou même dans l’optique d’un « plaquage chaise » (le fameux « choke tackle » cher aux Irlandais) visant à enfermer le porteur de balle pour se voir redonner la possession sur décision arbitrale. Ces nouvelles mesures vont-elles donc conduire à l’avènement des passes après contact ? C’est possible. Cette perspective inquiétait même il y a peu le puissant numéro 8 de Lyon, l’Anglais Carl Fearns, qui tweetait ceci : « Dans pas longtemps, il y aura des mecs de 60 kilos qui courront partout et qui marqueront des essais toutes les trente secondes. Plaquages aux jambes, offload, essai. Ce n’est plus un boulot pour moi. »

Possibles effets pervers

Surtout, on est en droit de se demander si ces mesures ne vont pas se retourner contre ceux qu’elles sont censées protéger : « Contrairement à ce que l’on croit, pas moins de 50 % des commotions concernent le plaqueur, et non le plaqué, poursuit Joe El Abd. Si l’on demande aux défenseurs de plaquer plus bas, on va donc rapprocher leurs têtes des genoux des adversaires, ce qui peut augmenter le risque de chocs. Je sais que World Rugby est en train de mener une réflexion sur ce problème. Mais ce qui est sûr, c’est que la technique de plaquage va devenir encore plus importante qu’aujourd’hui. Les joueurs devront se montrer très rigoureux, même dans les situations de fatigue intense. » Pas simple. Mais c’est pourtant l’équation qu’ils devront résoudre, sous peine de se voir sanctionnés, et ainsi pénaliser l’ensemble de leur équipe.

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