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Une soif de triomphe

Par Marc Duzan
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À Dublin, il est offert aux Tricolores une chance d’accrocher enfin un exploit à un tableau de marche encourageant sans être inoubliable. Viva l’Aviva ?

Guy Novès a hérité d’une ruine au jour où il prit les rênes du XV de France. À quoi ressemble son équipe nationale, un an plus tard ? Si on s’accorde tous à dire que les Bleus ont retrouvé de l’allant, un certain goût du risque et une indéniable appétence pour le jeu de passes, le bilan chiffré reste quant à lui plus contrasté : douze matchs, sept défaites et un ratio de victoires se hissant péniblement à 42 %. En grossissant le trait à l’extrême, on jurerait donc que les Bleus ont honorablement rempli leur mission, évinçant tour à tour l’Italie, l’Irlande, l’Ecosse et les Samoa au Stade de France, bousculant l’été dernier, à Tucuman, des Pumas au bout du rouleau. Jusqu’ici, l’équipe de France de Guy Novès gagne donc les matchs qu’elle doit gagner et perd lorsque l’adversaire -qu’il soit anglais, néo-zélandais, gallois ou australien- devient trop féroce pour sa tendre couenne. Alors, cette formation est-elle réellement capable de s’affranchir de ces succès d’estime ? Mérite-t-elle davantage que l’empathie dont elle est aujourd’hui l’objet à l’intérieur de ses frontières ? Par bien des aspects, ce voyage à l’Aviva Stadium, face à la seule équipe ayant battu les All Blacks ces dix-huit derniers mois, est un test à la hauteur de nos espérances. Et si la bleusaille de Novès cherche un match référence, une victoire suscitant l’admiration plus que la satiété, voire le genre de rencontre prompte à marquer la mémoire de toute une génération, Dublin et ses 50 000 soiffards lui offrent une incommensurable opportunité de concrétiser les promesses nées, ici et là, au fil d’une année et -presque- demie de campagne. Pour le XV de France, le moment est ainsi venu d’assumer son héritage. De s’affirmer enfin comme le vaisseau amiral d’une fédération recensant au dernier inventaire 450 000 licenciés. D’agir au nom d’un pays mobilisant lors du pourtant pénible France - Ecosse beaucoup plus de téléspectateurs (5,2 millions) que l’Irlande ne compte en réalité d’habitants (4,5 millions). Car les Bleus ont-ils oublié d’où ils viennent, ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent encore aux yeux du monde pour seulement « espérer rivaliser » avec les Diables Verts, jusqu’alors jamais invités à une demi-finale de Coupe du monde ?

Mission Impossible ?

Aussi hostile soit le contexte d’un match à l’Aviva, la présumée supériorité des Diables Verts sur le XV de France est aujourd’hui fallacieuse. Si l’Irlande de Joe Schmidt est une équipe méticuleuse, efficace et déterminée, elle n’a pour autant rien de génial. Et lorsque Eddie Jones assure que cette équipe joue davantage au pied que les modestes footeux de Stoke City, qu’elle se débarrasse d’environ 60 % de ses ballons d’attaque, ce n’est pas forcément pour verser dans la provocation. De fait, si le triangle du fond titularisé par le staff tricolore à Dublin se montre par bonheur plus adroit sous les ballons hauts que ne le fut Virimi Vakatawa contre l’Ecosse, le XV de France aura écarté un premier danger. Et puis, dans la mesure où la bande à Novès parvient, comme le firent Argentins et Ecossais lors des deux défaites les plus marquantes de l’ère Schmidt, à prendre de vitesse le monolithique bloc irlandais en usant et abusant des espaces persistant sur les largeurs, le maigre espoir suscité aujourd’hui pourrait devenir une farouche évidence de demain… En remportant le match de la muerte contre l’Ecosse, le XV de France a fait exploser la chape de plomb qui pesait sur son actualité et offert à Guy Novès une position moins inconfortable vis-à-vis de ses nouveaux employeurs... Aujourd’hui septièmes du classement World Rugby, les Bleus sont déjà sortis du chapeau 2 qui les aurait condamnés, au jour du tirage au sort du prochain Mondial (le 10 mai prochain à Kyoto), à s’installer dans la fameuse «poule de la mort» ayant récemment condamné Stuart Lancaster à l’exil. L’essentiel est sauf et l’armature semble fiable. Ne reste donc, pour les Bleus, à écrire les premières lignes d’une histoire commune et graver en Irlande l’incipit d’une aventure qui, en l’état, réchauffe les cœurs sans toutefois les faire chavirer.

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