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Le dernier tango du Stade Français

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Pour terminer cette saison dingue en apothéose et séduire un investisseur potentiel, les soldats roses se sont promis de remporter le Challenge Européen.

Cinq matchs, quatre victoires et, en filigrane, le farouche désir de terminer une ébouriffante saison par un triomphe. Métamorphosés par les rebondissements du « Racing français », les soldats roses surfent aujourd’hui sur la vague d’un mouvement syndical les ayant vus déposer les armes, six jours durant, pour venir à bout d’un projet auquel ils étaient majoritairement opposés. « Quand tu prends une telle décision, explique le deuxième ligne Paul Gabrillagues, mieux vaut assumer derrière. En s’effondrant après avoir fait grève, nous serions tous passés pour des guignols ». Sur le chemin tortueux d’une saison dingue, les Parisiens traversent une nouvelle épreuve. En début de semaine dernière, leur entraîneur en chef Greg Cooper a ainsi dû rejoindre la Nouvelle-Zélande de toute urgence pour se rendre au chevet de sa mère. Naturellement absent lors du match contre Pau (51-16), le coach parisien était attendu dans la capitale ce vendredi. Par chance, les Parisiens n’avaient que deux entraînements prévus cette semaine : le premier pour préparer le voyage à Castres, le second pour se prêter à un bref galop d’essai, avant Bath.

En attendant l’improbable rebond que donnera à leurs vies l’annonce du futur repreneur, les Parisiens se sont ainsi promis de tordre le cou à Bath, actuel cinquième du Premiership. À quoi doivent-ils s’attendre, dimanche à Jean-Bouin ? Bruce Craig, ancien demi de mêlée du Racing Club de France et actuel président du club anglais, explique : « Notre équipe est portée par des attaquants d’exception, tels Fotuali’i, Joseph, Watson ou Rokoduguni… Mais nous avons parfois manqué de puissance dans le jeu d’avants, ces derniers mois. J’espère donc que les retours probables de Dave Attwood (deuxième ligne du XV de la Rose) et Charteris nous amèneront davantage de densité et d’agressivité dans le combat ». Très proche du président Thomas Savare (ils ont été présentés l’un à l’autre par Lucien Simon, l’ancien président d’Aix-en-Provence), Craig a conscience que son équipe a d’ores et déjà réussi sa saison, dans le sens où les « boys » de Blackadder ont quasiment décroché leur ticket pour la prochaine Champions Cup. « Malgré tout, la possibilité d’une finale à Edimbourg nous fait tous rêver et permettrait au club de tourner la page avec l’année dernière : sous les ordres de Mike Ford, la saison avait en effet été très mauvaise. Nous avions même fini le championnat à la neuvième place. Après m’être séparé de Mike (Ford), il a logiquement fallu apaiser son fils George, qui était assez inquiet. Pour nous, le retour à la normale se fera finalement cet été, puisque George Ford rentre chez lui à Leicester alors que Freddie Burns, un pur produit de notre académie, fera le chemin inverse »

Thomas Savare : « Cela ne me fait pas rire »

De l’autre côté du ring, Thomas Savare connaît l’importance de cette demi-finale européenne, une compétition que le club n’a jamais remportée. Réchauffé par la fin de saison tonitruante de ses joueurs, il a néanmoins fort peu apprécié les déclarations de Pascal Papé, lequel affirmait dernièrement que « la fusion aurait dû être annoncée en décembre », tant les soldats roses semblent depuis inarrêtables : « Cela ne me fait pas rire. J’aurais préféré qu’ils sortent de leur torpeur un an et demi plus tôt… » Bouleversé par le vent de fronde ayant suivi l’annonce du 13 février, tristement sifflé à chaque fois qu’il apparaît sur les écrans de Jean-Bouin, Savare fera ses adieux à l’enceinte de la Porte d’Auteuil le 30 avril prochain, au crépuscule du derby francilien : « L’après fusion n’a pas été agréable. C’est dur de se faire insulter quand on a donné beaucoup (45 millions d’euros ont été investis dans le club depuis 2011, N.D.L.R.), très dur d’être conseillé par des gens n’ayant jamais géré un club. » Toujours en quête d’un repreneur, le P.-D.G. d’Oberthür travaille actuellement sur trois dossiers afin d’éviter au Stade français le dépôt de bilan : « Je ne suis pas particulièrement confiant. Je ne suis pas alarmiste, non plus. De leur côté, Mathieu Blin, Roger Boutonnet (président de l’association) et d’autres travaillent sur des projets parallèles. J’ai des contacts réguliers avec eux ; j’ai même fait en sorte qu’ils se rencontrent rapidement afin d’unir leurs forces. » Il reste un mois aux uns et aux autres pour dénicher un « sugar daddy ». En cas d’échec, les loups qui tournent autour de Paris depuis des mois se partageront sa dépouille.

 

 

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