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Ciao Doming’

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Joueur majeur du titre de 2010, Thomas Domingo a dit au revoir au Marcel-Michelin, samedi soir. L’épilogue d’un voyage de treize années en Jaune et Bleu. Souvenirs.

Thomas Domingo n’est pas le plus bavard, ni le plus vindicatif. Il aurait aimé rester à Clermont, bien sûr. Ce que le club lui a refusé et Domingo prendra la direction du Béarn, cet été. « Ce n’est pas comme ça que j’imaginais les choses. Je m’étais toujours dit que je finirais ma carrière ici. C’est comme ça, c’est le professionnalisme… » Hormis ce constat, fataliste, le pilier clermontois n’aura jamais eu un mot plus haut que l’autre à l’encontre de ses dirigeants. « Ce n’est pas mon genre, ni ma manière de faire ». Une histoire très clermontoise, depuis 2004.

Bière et canard

Après un crochet par les jeunes du Stade aurillacois, où son frère Fabien fit une partie de sa gloire, Thomas Domingo avait débarqué à l’ASM un jour de 2004, en plein été, sous une chaleur à crever. Un short de rugby, une paire de basket et un seul tatouage pour l’instant, qui lui remontait le long de la jambe. Un pilier, clairement, pour ceux qui se posent la question. Domingo est aussi large que haut et pas franchement dégrossi. Et ce jour-là, pour son arrivée, il est un peu paumé dans les locaux de La Gauthière, où vivent les jeunes du centre de formation clermontois. Jusqu’à ce qu’il croise un des habitués des lieux, le troisième ligne Rémy Vaquin, dans un couloir. « Claude m’envoie pour te faire visiter. Suis-moi, on va faire le tour. On ira aussi aux Gravanches, à côté, que je te montre les terrains d’entraînement. » Claude, c’était Claude Arnaud, responsable pédagogique aujourd’hui à la retraite. L’autre papa pour tous les jeunes de l’ASM qui vivent au centre de formation, éloignés de leur famille. « Un mec fabuleux, à qui je dois beaucoup. Pas seulement moi. Tous ceux de ma génération qui sont passés par le centre de formation de l’ASM lui doivent beaucoup. »

Voilà comment l’histoire de Domingo à Clermont a commencé. Question rugby ? Il vient de terminer le Pôle espoirs d’Ussel. Il compte aussi une sélection avec l’équipe de France des moins de 18 ans. Un joueur à potentiel, forcément. Pas non plus la star de sa génération. Parce que Domingo concède encore trop de surpoids. « Il faut dire les choses comme elles sont : j’étais franchement gros ! » en rigolera plus tard le joueur. C’est comme ça : Domingo aime vivre. Il aime les bières artisanales et le parmentier de canard, ce qui n’est pas franchement compatible avec le supplice de la pince à graisse. Quelque chose étonne pourtant déjà : son dynamisme. Sur cinq mètres le joueur explose, accélère étonnamment vu sa masse et gagne ainsi la majorité de ses duels. Une qualité naturelle, sur laquelle il va construire.

Cotter, la rencontre d’une carrière

Pour construire, il a aussi croisé un homme. Quand Vern Cotter débarque en Auvergne, en 2006, Domingo vient d’être champion du monde des moins de 21 ans avec les Bleuets, remplaçant et entré en jeu en finale face aux Baby Boks. Un bon joueur, dont l’entraîneur néo-zélandais va faire le meilleur gaucher de la planète. « Ça n’a pas été toujours drôle » se souvient Domingo. « Vern, il m’a mis quelques soufflantes… Quand vous rentriez dans le bureau, vous baissiez la tête et vous attendiez que ça passe. En espérant que ça ne dure pas trop longtemps. » Sauf que Cotter, qui lui promettait de lui « mettre une branlée si je t’attrape » lors des séances de course, fait de lui un athlète. Puis, lentement, un titulaire et bientôt un international. Jusqu’à cette année de 2010, exceptionnelle. En club, Domingo soulève enfin le Bouclier de Brennus. Avec l’équipe de France, il forme avec William Servat et Nicolas Mas une première ligne qui concasse tous les packs d’Europe et offre aux Bleus son dernier Grand Chelem. Celle qui doit régner sur les mêlées fermées lors du Mondial 2011, en Nouvelle-Zélande. Sauf que l’histoire déraille. Début avril 2011, Thomas Domingo se rompt le ligament croisé du genou droit. Il rate le Mondial et revient sur les terrains six mois plus tard, en Top 14. Pour se rompre le même ligament mais de l’autre genou, quelques matchs plus tard. De ces deux graves blessures, Domingo s’est relevé. Sans jamais retrouver le niveau de ses plus belles années et quitte à jouer infiltré, si besoin. « Pour ce club, j’ai toujours tout donné. Je pars avec une foule de souvenirs. Des chouettes moments plein la tête, d’autres plus douloureux », se contentera de conclure le joueur. Une dernière cicatrice se profile d’ailleurs : absent des groupes de Franck Azéma lors du quart de finale et de la demi-finale de Champions Cup, Domingo n’est en rien assuré d’enfiler le maillot samedi prochain, à Murrayfield. « Ce serait une énorme déception, évidemment. Je vais tout donner, toute la semaine à l’entraînement, pour en être. Au moins, je n’aurais pas de regret : si ça marche, tant mieux. Sinon, j’aurais au moins permis aux autres de bien travailler, avec une bonne opposition à l’entraînement pour préparer cette finale. Et être enfin champions d’Europe. » Une récompense qui conclurait superbement un voyage long de treize années en Jaune et Bleu et dont la dernière étape à Marcel-Michelin, samedi face à La Rochelle, aura laissé cette image : à la demi-heure de jeu, les Rochelais sûrs de leur force ont demandé une mêlée à cinq mètres de l’en-but clermontois. Et Domingo, pour la dernière devant son public, a emporté son vis-à-vis.

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