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Matthieu Lazerges : « Je suis inquiet...»

Par midi olympique
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    Matthieu Lazerges : « Je suis inquiet...»
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Entraîneur de Vienne avec Stéphane Orjollet, Matthieu Lazerges revient sur les événements à Châteaurenard. Comme beaucoup d’autres, l’ancien coach du Lou s’interroge également sur la direction que prend le rugby.

Après l’arrêt du match aller à Châteaurenard et le forfait annoncé, en fin de semaine, de votre adversaire pour le match retour prévu hier, vous êtes assurés, depuis jeudi dernier, de monter en Fédérale 1 sur tapis vert. Quel est votre sentiment ?

C’est inédit, désolant et même frustrant de décrocher une accession de cette manière. Nous n’y sommes pour rien et nous aurions préféré tenter de l’obtenir sportivement, devant notre public. La commission de discipline de la Fédération a tenu son rôle et pris sa décision après les événements qui se sont produits et je n’ai pas à commenter les sanctions prises. D’ailleurs, l’accession est secondaire et dérisoire après ces événements…

Comment les avez-vous vécus ?

Dans toute ma carrière de joueur, d’entraîneur ou de simple spectateur, je n’avais jamais assisté à une rencontre prenant une telle tournure. Je suis encore atterré et attristé par ce qu’il s’est passé, et je salue le courage et le sang-froid de l’arbitre qui a su prendre les mesures nécessaires pour que les choses n’empirent pas d’avantage. Ce match a donné une image désastreuse de notre sport. Il faut prendre conscience que nous avons la chance de pratiquer un sport magnifique, un sport de combat collectif dont les règles permettent d’assurer la sécurité des acteurs du jeu. Le respect de ces règles et de l’autorité permet que ce ne soit pas un pugilat. Et à l’intérieur des stades, nous sommes tous soumis aux mêmes lois que l’ensemble des citoyens. Le stade ne peut être pas être une zone de non-droit où tous les excès sont permis. L’enjeu d’une rencontre ne doit pas autoriser tous les débordements. Après de tels événements, tout le monde est perdant…

Les valeurs véhiculées par le rugby, respect, loyauté, solidarité, partage, entre autres, sont de plus en plus mises à mal. Qu’en pensez-vous ?

Je suis inquiet car nous sommes capables d’être choqués, révoltés, par ce qui peut se produire dans la société civile, ou dans les tribunes d’autres sports. Et, nous ne sommes même pas conscients que nous tolérons, plus ou moins, les mêmes excès dans nos propres enceintes. Ou alors nous fermons lâchement les yeux. La banalisation de la violence, physique ou verbale, que nous pouvons constater, dans plus en plus de stades, relayée dans les médias et les réseaux sociaux, est une plaie pour notre sport. Le rugby va devenir ce que nous en ferons. Nous en sommes tous responsables, du supporter au président de club. Si nous perdons ces fameuses valeurs et surtout le respect, nous y perdrons notre âme et notre singularité. Nous devons tous en être garants et ne pas tolérer ces dérives. Que ferons-nous le jour où nous n’aurons plus d’arbitres pour diriger les matchs ? Que ferons-nous quand les parents auront peur d’emmener leurs enfants au stade ? Que dirons-nous lorsqu’un drame se produira ? Nous, joueurs, dirigeants, bénévoles et supporters, devons véhiculer, par notre comportement, les valeurs du rugby. À Vienne, à Châteaurenard, ou dans n’importe quel petit club de France ! Il ne faut pas oublier ce pour quoi nous venons au stade : partager la passion commune pour notre sport et à travers lui ses valeurs, pour la transmettre à nos enfants, et passer de bons moments ensemble, que l’on soit partenaires ou adversaires, et que l’on soit vainqueur ou vaincu.

Pour revenir au sportif, vous aurez trois week-ends sans match, avant de jouer le quart de finale. Comment allez-vous gérer cette période ?

Outre les joueurs suspendus, nous avons quelques petits bobos. Nous allons essayer de bien récupérer. Cette période sans match va être longue et nous allons tenter de ne pas perdre le fil de notre saison. Les matchs de phases finales sont toujours palpitants à jouer. C’est la raison pour laquelle nous sommes déçus d’être privés du dernier prévu à domicile. Nous allons nous préparer pour vivre ce prochain match comme il se doit de l’être, un moment de plaisir.

propos recueillis par Sébastien Fiatte

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