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De Paris à Clermont

Par Jacques Verdier
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Publié le Mis à jour
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On a aimé la victoire de Paris, ce cri du cœur sublime d’une équipe comme on n’en fait pas deux, historiquement frondeuse, anarchique, batailleuse. L’histoire de la fusion ratée l’aurait révélée à elle-même, comme le départ de Laporte au chevet du XV de France et le limogeage de Conolly, étaient parvenus à transcender le groupe des Dominici, Blin, Marconnet et compagnie au début des années 2000. 

Il est d’ailleurs frappant de constater combien le Stade français d’aujourd’hui ressemble à celui de naguère, dans cette capacité toute personnelle à fédérer sa révolte autour d’une histoire d’hommes. On attendrait plutôt ça d’un club de province, arc-bouté sur ses valeurs, ses principes. Il est piquant de constater que c’est à Paris que se véhiculent encore les doutes et les certitudes du rugby des villages. Une histoire de potes qui puisent dans une adversité sans réel fondement, les raisons de sa survie. Comme un couple au bord de la crise de nerfs, les Parisiens ont éternellement besoin d’un coup de couteau dans le contrat de mariage pour resserrer les cœurs. On voudrait que ça dure, quel que soit le futur président, le futur entraîneur, les futurs joueurs. Un esprit pareil, ne se galvaude pas.

On a aussi aimé la mâle fierté des Clermontois face à une équipe des Saracens ébouriffante de maîtrise, de technique, de puissance. Ce n’est pas une défaite de plus qu’ont obtenue les « jaunards », samedi, à Edinbourg, mais une défaite somme toute logique face à une formation aujourd’hui sans égale sur le front européen. Pas de quoi rougir. Vraiment. C’est à peine si l’on peut regretter tous ces ballons rendus en première période, comme cette incapacité des Clermontois à garder la possession, à prolonger son rugby par des temps de jeu adaptés, vibrionnants, ainsi qu’il leur arrive de le faire en Top 14. C’est un mal très français d’ailleurs cette infortune dans la continuité du jeu que l’on a aussi vu, l’hiver dernier, au XV de France. Messieurs les techniciens du Top 14, l’heure est peut-être venue de vous interroger sur les raisons profondes de pareil déficit et la teneur d’un jeu qui, chez nous, n’atteint jamais ce degré d’intensité dans l’ordre double de la vitesse et de l’engagement. On ne conduit pas impunément un véhicule à 200kmh, quand on est habitué, semaine après semaine, à rouler sur un train de sénateur. C’est là un progrès essentiel dans la future tenue de tout notre rugby, que ce défi de la mobilité et du rythme, au service du combat. Dans le jeu méthodique, parfaitement huilé des Saracens, passait tout un réseau de réflexes collectifs auquel le rugby de France n’assigne pas nos équipes.

Pour Clermont, toutefois, ce n’est pas un coup d’arrêt, un traumatisme de plus. Aucune raison, après ça, de culpabiliser en boucle ou de sombrer dans la dépression. C’est un passage, comme il en existe toujours, qui doit juste permettre aux hommes de Franck Azéma de progresser en vue des joutes domestiques. On apprécie trop le jeu de Clermont tout au long de l’année, pour ne pas lui souhaiter bon vent dans la course au Brennus.

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