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Leone Nakarawa : À la lumière du réverbère

Par Marc Duzan
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    Leone Nakarawa : À la lumière du réverbère
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Le phénoménal Nakarawa est en marche. Aux Jaunards de dresser des murailles… 

On peut l’avouer, désormais. Il y a comme qui dirait prescription : on a fait partie de ceux ayant douté, un temps, de la plus-value Nakarawa. Et quoi ? C’était l’automne. La vieille tourbe de Colombes collait aux groles des Racingmen et le ballon, devenu incontrolable, semblait peser des tonnes. Cernés par les chevaliers de l’apocalypse, traqués par la guigne, les champions de France se rassuraient autour d’un jeu minimaliste, trainant leur misère d’une victoire poussive à la piaule contre Grenoble, à un revers sans relief en Béarn. Leone Nakarawa ? il débarquait de Rio avec sa médaille olympique autour du cou, ne comprenait rien aux lancements de jeu en vigueur dans sa nouvelle équipe et, seul ou presque, broyait du noir. Sur le terrain, le Fidjien multipliait les passes après contact. Celles-ci atterrissaient toutes au sol, ou débouchaient sur des en-avants. On avait alors écrit que dans le jeu proposé à l’époque par le Racing, François van der Merwe ou Manuel Carizza étaient plus utiles, plus conformes aux combats de chiens du Top 14. Laurent Labit s’en était ému, défendant à raison son joueur, star du dernier recrutement francilien, arrachée à prix d’or aux Glasgow Warriors : « Leone fait du Nakarawa, déclarait-il à l’époque. Mais c’est à nous de nous adapter à sa façon de jouer. C’est à nous de changer, pas à lui ».

Six mois plus tard, les deux Laurent ont récolté les fruits de leur persévrance et, avec eux, nous nous sommes depuis ralliés au phénomène Nakarawa, excellent depuis un mois et globalement irréel à Montpellier. « Leone peut mobiliser trois adversaires d’un seul geste, analysait Labit en conférence de presse. Regardez-le, il ne passe jamais par le sol. Le concernant, il faut pourtant savoir aussi accepter ses erreurs. Sur un ballon laché en deuxième période, il a bien failli nous coûter un essai en contre… » C’est le risque à prendre lorsque l’on fait de Leone Nakarawa le libero de son 15 majeur, l’électron libre par lequel passent six ballons sur dix. Mais dans la plupart des cas, celui que les « flying fijians » surnomment « the running lamppost » (« le lampadaire qui court ») rend au centuple la confiance qu’on lui accorde. « Il faut apprendre à lui laisser carte blanche, nous confiait dernière Gregor Twonsend, son ancien coach à Glasgow. Car Leone n’a que faire des consignes d’avant-match. Sur un terrain, il ne m’a pourtant jamais déçu. Les adversaires ont beau élaborer des plans anti Nakarawa, ils ne parviennent jamais à l’enfermer ». Dans l’Hérault, Jacques du Plessis -l’un des plus beaux athlètes du championnat- a bien tenté d’enserrer le reverbère mélanésien. Dans ce but, il s’est même fait parfois aider par Paul Willemse, un poupon de 140 kg. En vain. Ce samedi 20 mai, Leone Nakarawa a clairement prouvé que l’individu, pour peu qu’il soit entouré de ferrailleurs tels Masoe, Lauret ou Le Roux, peut transformer un collectif.

 

Ni Dieu, ni maître

Alors, il n’a pas vraiment d’explication lorsqu’on lui demande d’où lui vient cette aisance gestuelle. Au sujet de ce qu’il appelle « un don », le champion olympique nous confie simplement : « Dans la rivière au bord de laquelle nous vivions, on organisait une ou deux fois par semaine des matchs de rugby. À trois contre trois, sept contre sept… Nous jouions avec les bras hors de l’eau, en luttant contre le courant. Peut-être mes gestes viennent-ils de là… […] Quand je jouais au volley-ball, je mettais aussi les autres en position de smash. Je voulais qu’ils brillent ». Épanoui dans un rugby sans édit, libre et finalement très « Sevens », Nakarawa posera probablement une foule de problèmes aux Clermontois, à Marseille. Il conclut : « Je veux m’amuser, faire des passes, marquer des essais ! Tout le monde peut jouer au rugby si ce sport consiste à prendre la balle sous le bras et courir tout droit ! » The show must go on, alors…

par Marc Duzan

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