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Ciao Belleau !

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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D’une pénaltouche trouvée à cinq mètres de l’en-but rochelais à la 79e, puis d’un drop plein de sang-froid claqué à la 81e, la France du rugby a découvert un talentueux demi d’ouverture. Mais qui est vraiment Anthony Belleau ?

C’est l’histoire d’un minot de 21 ans devenu, d’un drop inscrit à la 81e minute, le sauveur du RCT. Le contexte ? Une demi-finale de Top14 au Vélodrome, devant plus de 60 000 spectateurs, face au Stade rochelais, premier de la saison régulière. Son vis-à-vis ? Brock James, plus de 300 matchs de Top14 au compteur. Son expérience ? Elle se résumait jusqu’alors à dix matchs de championnat, pour seulement deux titularisations. Pourtant, à l’heure de qualifier Toulon, celui que certains surnomment « Belitcho » n’a pas tremblé. « Quand je vois Tillous-Borde faire la passe à Antho je suis d’abord surpris, car je pensais que les Toulonnais allaient continuer au ras. Mais au moment où il reçoit le ballon je ne vois pas comment elle peut ne pas passer. Il a tant travaillé, tant répété ce geste qu’il ne pouvait pas manquer cette occasion », se remémore Clément Castets, capitaine du Toulonnais en équipe de France moins de 20 ans.

 

Le plus gros travailleur du Pôle France

Le pilier toulousain, sourire aux lèvres, poursuit : « Si sur le coup c’est magnifique, c’est une explosion, une qualification, un rêve pour lui, il faut bien se rendre compte que derrière ce drop, qui a duré une demi-seconde, il y a des heures de travail. Au pôle France (promotion 2014-2015), c’était le mec qui bossait le plus, loin devant n’importe quel autre joueur. Il faisait du cardio en plus, de la muscu en plus, du jeu au pied en plus, de la préparation mentale en plus. Presque tous les jours, lorsque nous étions au Pôle France, il se levait à 6 heures du matin pour aller botter. Le seul moment où il se laissait aller ? Le matin dans le bus pour l’Université, lorsqu’il chantait du Jeanne Mas à fond… Sinon, le moindre excès, le moindre Macdo, le hantait pendant six-sept jours. C’est vraiment un mec tracassé, mais il s’est donné les moyens de réussir. » Olivier Magne, qui l’a coaché en équipe de France moins de 20 ans confirme. « Je n’ai jamais eu besoin de lui imposer de séances supplémentaires, il le faisait tout seul. Puis il était à l’écoute, demandait des conseils tout en faisant preuve d’une autonomie incroyable. Finalement je pense qu’Anthony c’est l’anti-star : un mec simple, humble, qui a la tête sur les épaules et qui s’est accroché. Il a énormément travaillé et je pense que, même si ça ne fait pas de lui une star, ce drop lui permettra de franchir un palier. C’est un amoureux du rugby et je crois que le rugby le lui rend bien. »

 

De Montflanquin à Toulon

Mais, issue d’une famille de rugbymen, l’histoire d’amour entre Anthony Belleau et le rugby n’a évidemment pas commencé un soir de mai 2017. Sa première licence ? Il la prendra à Monflanquin (club qui fait partie de l’Entente des 4 Cantons Haut Agenais) où rapidement, sa détermination et son exigence, lui permettront de sortir du lot. Cyril Lazaro, désormais responsable de l’école de rugby du SU Agen raconte. « J’ai connu Anthony alors qu’il était encore à Monflanquin. À l’époque, je commençais à entraîner et je suis tombé sur ce jeune minime. Il n’avait pas 15 ans mais me demandait déjà des séances supplémentaires. Ses coéquipiers s’entraînaient le mercredi et le vendredi, mais Anthony se rajoutait une ou deux séances par semaine. Il avait un niveau d’exigence incroyable pour son âge. C’était de loin le joueur le plus talentueux de sa génération dans la région, mais c’était également un jeune qui travaillait trois fois plus que les autres. » Anthony Belleau rejoindra ensuite Agen en cadet première année et intégrera le pôle espoirs de Talence. Thomas Darracq, alors entraîneur des Cadets du SUA se rappelle : « Nous le suivions depuis des années, mais nous avons fait le choix d’attendre qu’il finisse sa préformation dans son club. Et s’il était déjà au dessus dans les duels ou sur son jeu de passes, Anthony a rapidement progressé dans la dimension tactique et collective. » Champion de France à VII en 2012, Anthony Belleau enchaîne les sélections de jeunes et s’impose comme l’un des grands espoirs du SUA. Pourtant, à l’intersaison 2014, il finit par rejoindre la rade.

 

Sur les traces de Jonny Wilkinson ?

Comment Mourad Boudjellal le convint ? « C’est Jonny Wilkinson qui a fait peser la balance. Lorsqu’il a eu la proposition du RCT, Anthony est venu me demander conseil, mais dans sa tête c’était déjà fait : il voulait rejoindre Toulon et côtoyer son idole. D’autant qu’il avait eu la garantie de s’entraîner avec lui », raconte Vincent Manta, manager du pôle espoirs de Talence, avant de poursuivre : « Au pôle, nous avions imposé un atelier lecture aux jeunes et certains rechignaient à s’y rendre. Mais lorsqu’est sortie l’autobiographie de Wilkinson, bizarrement, Anthony l’a avalé en une seule journée. » Olivier Magne se rappelle également d’un joueur bercé par les exploits du champion du monde anglais. « Anthony a été nourri à la mamelle de Jonny Wilkinson. C’est un joueur très réfléchi. En équipe de France nous échangions énormément, à la fois sur son approche du rugby et sur son approche mentale. Et il me confiait régulièrement avoir un rêve : imiter le drop de Wilkinson en 2003. Bon certes ce n’était pas une finale de Coupe du monde, mais c’est un drop très important pour le RCT. » Alors quand Boudjellal déclarait, après la qualification du RCT : « Sur la dernière action je pense à Jonny (Wilkinson). Je me dis que s’il était là, il passerait un drop. Je ne savais pas qu’on avait Jonny Belleau », il ne pouvait pas faire meilleur compliment à son jeune joueur. Face à Clermont, Anthony Belleau pourrait à nouveau avoir les clés du jeu Toulonnais. S’il menait son équipe à la victoire, il porterait son palmarès à un Bouclier de Brennus, soit autant qu’un certain… Jonny Wilkinson. À lui, désormais, d’écrire son destin. 

 

Par Pierrick Ilic-Ruffinatti 

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