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Jean-Pierre Garuet : « Zirakashvili, le monsieur combat »

Par midi olympique
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    Jean-Pierre Garuet : « Zirakashvili, le monsieur combat »
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Ancien pilier international sous la tunique bleue à 42 reprises, finaliste de la coupe du monde 1987, Jean-Pierre Garuet, dit « le professeur », livre ses impressions sur un poste qu’il connaît par cœur.

Que dire du poste de pilier aujourd’hui ?

Avant, un paysan de métier de 80 kilos pouvait tenir la mêlée. Aujourd’hui il y a eu des évolutions, le poste appartient à des gens gaillards. Les règles ont changé et les joueurs doivent s’adapter, pour éviter les fautes à répétition. Ça m’horripile de voir les piliers sanctionnés. Sans leur faire offense, ils ne font que leur travail, ils appliquent les règles mais les arbitres n’y connaissent rien au monde de la mêlée. Seulement, ils ont raison, alors les joueurs doivent s’adapter comme l’ont fait ceux dans l’hémisphère Sud où la mêlée est devenue aussi importante. Là-bas ils ne passent pas l’après-midi le nez à planter des pommes de terre.

Les piliers d’aujourd’hui sont donc moins bons enmêlée ?

Un pilier qui fait 150 plaquages mais qui manque deux mêlées, il entraîne la faillite de son équipe. Je suis un grand défenseur de la mêlée, il faut à mon sens que le pilier soit présent dans le jeu mais ils ne doivent pas oublier l’essentiel. On a encore cette bonne culture française de la mêlée, aux jeunes de ne pas la perdre. Ce n’est pas le rôle du pilier de rattraper le trois-quarts aile.

Comment jugez-vous le niveau de nos piliers en France ?

Cela fait plaisir de voir le jeune Cyril Baille sur le podium et il n’est qu’50 % de ses capacités. C’est un joueur que je suis et que j’apprécie. Sa belle éclosion ne me surprend pas il est appliqué et besogneux. On ne devient pas pilier en claquant des doigts, patience est longueur de temps font plus que force ni que rage. Le jeune Chaume n’a pas entendu la marseillaise, mais ça fait plaisir de voir que dans cet effectif avec Debaty, Domingo et les autres, il bouscule tout ça. La mêlée française a de l’avenir.

C’est pourtant un étranger qui domine le classement, le Clermontois Zirakashvili…

Sur les saisons qu’il fait, c’est une juste récompense. Zirakashvili s’est adapté au championnat, il s’est intégré dans le grand club de Clermont. C’est un type de devoir qui a tenu la baraque tellement de fois. Il est vraiment le monsieur combat, un gars qui doit rendre fière les gens de l’Auvergne.

Le combat est donc ce qui caractérise un bon pilier ?

J’ai joué contre et avec des grands messieurs comme Armand Vaquerin et Robert Paparemborbe. J’ai eu la chance d’apprendre avec eux et contre eux, mais toujours dans le respect de mon vis-à-vis. Pilier est un poste ingrat mais noble. Un bon pilier c’est un pilier qui enclenche jamais la marche arrière. Pour être bon, il faut être intelligent par rapport à son adversaire. J’ai joué contre des gars de 140 kilos qui n’avaient pas un brin de jugeote, c’étaient les plus faciles. Un peu d’intimidation aussi, j’ai toujours dormi correctement avant un match, parce que je savais que sur un regard, une prise un peu vive, mon adversaire aller se dire « La Garuche est là » et il avait raison. J’ai toujours voulu leur faire comprendre si tu t’oublies moi je ne m’oublierai pas. Mais il faut surtout de l’amitié avec sa première et sa seconde ligne. Si le courant passe, vous tenez une bombe atomique, personne ne vous bouge avec de l’amitié et du respect. On n’est pas des surhommes, la mêlée c’est huit contre huit. 

Une longue carrière comme la vôtre, laisse forcément de beaux souvenirs…

J’ai eu la chance de jouer des matchs magnifiques. Celui de Nantes en 1986 en fait partie. On bat les Blacks avec l’art et la manière. Ce qu’on fait en mêlée ce jour-là, on peut le montrer aux écoles de rugby. Et puis ce fameux match de 1984 où je me fais virer (Jean-Pierre Garuet se fait expulser pour une fourchette N.D.L.R), les gens me parlent de ça mais ils oublient qu’en face je joue un des meilleurs piliers du monde et qu’à la 60e il monte au sommet de la mêlée. Je m’en rappellerai toute ma vie plus que de ma sortie. Dans ce match, c’était un beau combat de piliers.

Par Felix COMANE

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