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Michalak : « ne plus jouer pour ne pas perdre »

Par Marc Duzan
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    Michalak : « ne plus jouer pour ne pas perdre »
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Frédéric Michalak, demi d'ouverture du LOU, nous livre sa vision du Top 14.

Vous avez débuté samedi votre quinzième championnat de France. Cette compétition a-t-elle évolué au fil de votre carrière ?

Énormément, oui. Quand j’ai démarré (à Toulouse en 2001), quatre équipes étaient certaines d’être qualifiées au printemps : Toulouse, Biarritz, Clermont et le Stade français. Je débutais la saison en étant quasi certain d’être en demi-finale. Ce genre de projection est aujourd’hui impossible. L’an passé, La Rochelle a donné des idées à beaucoup d’équipes. Et pour avoir affronté les Brivistes en match amical, je peux vous jurer qu’ils ne font pas rire…

Quelle est la spécificité du Top 14 ?

Les joueurs qui viennent y participer, déjà : le Top 14 regorge de champions du monde et c’est excellent pour sa visibilité. La longueur de ce championnat est un autre aspect qui lui est propre. J’aime enfin l’ambiance particulière des phases finales. Il s’y passe toujours quelque chose. C’est une magie du rugby français.

Le jeu pratiqué en Top 14 est souvent décrié. Pourquoi ?

Il y a énormément de pression sur les épaules des coachs, qui jouent leur place ; des joueurs, qui se battent tous pour être titulaires ; des présidents, qui investissent beaucoup d’argent dans la structure et ont très peur du Pro D2. Au final, on a tous peur de prendre des risques ; on joue les matchs pour ne pas les perdre… Alors qu’il faudrait les jouer pour les gagner.

En clair ?

Au fil de la saison, c’est le nombre de points dont tu disposes au classement qui dicte ta façon de jouer… C’est dommage…

Le Top 14 prépare-t-il les joueurs français au niveau international ?

Oui. Demandez à Bryan Habana ou Matt Giteau ce qu’ils pensent du championnat de France, ils vous diront que c’est le plus dur auquel ils aient été confrontés. Techniquement, les joueurs français sont capables de tout faire. Mais ils s’adaptent à la situation du moment. Ils sont freinés par la pression et les discours des coachs.

Dès lors, comment améliorer la formule ?

Passer à douze équipes serait peut-être bénéfique… On gagnerait quelques dates… J’ai d’ailleurs l’impression que la Ligue et la Fédé réfléchissent beaucoup à tout ça en ce moment. Mais s’occuper de la préparation des internationaux français depuis Marcoussis, c’est bien ; les faire travailler en marge de l’équipe une de leur club, comme actuellement c’est le cas, je ne suis pas persuadé que ça fonctionne…

Comment ça ?

Les Bleus ont certes besoin de faire du physique. Mais ils ont tout autant besoin de toucher des ballons…

Est-il possible de s’épanouir dans le Top 14 ?

Encore heureux, oui ! Mais il faut que l’environnement du championnat évolue aussi un peu. On ne parle plus du tout de jeu. On cherche juste à savoir avec qui machin a trompé sa femme… Les faits divers prennent trop de place… Remettons le rugby au centre des débats ! C’est notre responsabilité à tous.

Vous avez débuté votre carrière professionnelle à 18 ans à Toulouse. Pourquoi ce genre de cas se fait-il de plus en plus rare, aujourd’hui ?

Certains présidents de clubs investissent seize millions dans un budget et veulent que cet engagement fructifie au plus vite. Je peux les comprendre et à leurs yeux, lancer un jeune est donc une prise de risque. Moi, je suis pour que ces jeunes jouent. Et si demain, on me dit : « Un espoir prend ta place, Fred ! », je lui laisserai avec plaisir.

Comment inciter les clubs à faire jouer les jeunes ?

Personnellement, je me régale devant le Pro D2. Les équipes envoient du jeu, combattent, prennent des risques. Ce championnat devrait donc être la base de lancement idéale pour les espoirs du rugby français. Ce devrait être un passage obligé.

En quoi le Top 14 est-il différent du Super Rugby, que vous avez connu sous le maillot des Sharks en 2008 et 2011 ?

C’est la préparation qui fait la différence. En Super Rugby, un joueur travaille pendant deux mois et demi avant de démarrer sa saison : il bosse la vision du jeu, les skills, le physique ; le rugby à VII fait partie intégrante de ce programme. C’est très enrichissant.

 

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