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Ce n’est pas du foot...

Par Emmanuel Massicard
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«This is not soccer !» En français dans le texte, Ma’a Nonu aurait pu dire : « Ce n’est pas du foot. » Ben voyons. Cette injonction, lâchée dimanche par le Toulonnais après une percussion/plaquage/sans ballon sur son adversaire clermontois Nick Abendanon, témoigne d’un principe intangible : le jeu de rugby est avant tout un sport de contact.

Même si l’évitement reste un art -désormais consommé avec trop de modération, il faut aimer l’affrontement et la confrontation physique pour goûter véritablement aux plaisirs de ce jeu. Nier une telle évidence reviendrait à s’asseoir sur ses fondements. Mais, à l’inverse, se figer tel Ma’a sur les principes d’un inévitable rapport de force, brutal et parfois bestial en faisant fi de la santé des joueurs, est un dangereux raccourci qui nous mène tout droit dans le mur. Les blessures et commotions à répétition sont là, en effet, pour témoigner de cette tendance extrêmement inquiétante que l’on ne saurait ignorer sous peine de compromettre l’avenir du rugby, quand les joueurs actuels auront fait de très « vilains vieux »…

Évidemment, ce n’est pas du foot. Mais cela ne saurait excuser l’absence de prise de conscience et plus encore de mobilisation générale. Hélas, comme souvent, le rugby français avance en ordre dispersé, porté par les ego et ouvert aux vents des conflits quand il devrait ne faire qu’un pour développer la prévention, protéger ses joueurs, et faire naître l’élan d’un jeu somme toute différent. Il y a franchement quelque chose d’indécent à voir nos instances incapables de se retrouver à Paris cette semaine autour de la table du fameux Grenelle médical du rugby, entourées par la majorité des acteurs majeurs, qu’ils soient médecins, chercheurs, techniciens, kinés ou préparateurs. Oui, il est choquant et incompréhensible de voir la santé des joueurs ainsi prise en otage quand les dangers se multiplient et que le rugby, à force d’insister sur le registre de l’intensité physique et de la violence, prend le risque d’effrayer les gamins et leurs parents. L’argent et le songe d’une carrière professionnelle n’y résisteront pas éternellement.

Mardi, l’absence des représentants de la fédération a ainsi jeté un drôle de voile sur la question primordiale que représente la santé. Le dossier France 2023, l’inquiétant retard pris dans la mise en place du système informatique fédéral (Oval-e 2) à l’aube de l’ouverture des compétitions fédérales ou les affaires qui plombent le début de mandat de Bernard Laporte ne justifient en rien à nos yeux le cavalier seul de la FFR sur ce dossier. Ce Grenelle pouvait être notre sommet de la paix, voire de l’écologie : une cause prioritaire, d’union nationale et, en cas de réussite, un signe extrêmement fort envoyé à l’adresse de tous. C’est raté. Les chaises vides témoignent directement de l’ampleur du conflit Ligue/Fédé, et de l’ambiance cours d’école qui règne toujours au sommet de la pyramide. Chez nous, contrairement au foot, il est si difficile d’accorder ses violons et de partager son pouvoir…

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