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Jeux dangereux

Par Emmanuel Massicard
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À votre avis, quel pourrait être le point commun entre la stratégie politique de Bernard Laporte, France 2023 et le souvenir de la demi-finale du Top 14 qui avait opposé Toulon et La Rochelle en mai dernier à Marseille ?

N’en déplaise à ses détracteurs, ce ne saurait être « Bernie » en personne même s’il ne reniera jamais ce rugby de déménageurs, qui fit du sommet marseillais un combat dantesque joué à des niveaux rarement atteints en termes d’intensité et de violence dans les collisions. Au petit jeu des similitudes, tous se retrouveront au chapitre des jeux dangereux, voire classés à hauts risques comme en témoigne le grand oral de France 2023 qui s’est tenu lundi à Londres.

Si la délégation française semble avoir marqué des points et même confirmé son avantage économique, elle a prêté le flanc aux critiques en conviant sur scène les jeunes fils de Jonah Lomu, timides et dépassés par les événements. Du pain béni pour nos détracteurs, dont la Nouvelle-Zélande (soutien à peine masqué de la candidature irlandaise) qui s’est offusquée de voir ces gamins ainsi instrumentalisés. La leçon est facile, gratuite… N’empêche, et pour être totalement franc, il est difficile de ne pas ressentir une certaine gêne en les voyant porter un maillot et une cause trop grands pour eux. Au final, même si la France ne jouera pas sa victoire sur leur seule présence  au contraire des affaires franco-françaises, elle a troublé son image. Même chose, pour Bernard Laporte lui-même.

Si le président de la FFR a su jongler avec les chiffres pour transformer le dernier vote des clubs (portant sur la décentralisation et la création des ligues régionales) en un plébiscite à l’endroit de sa politique et du projet France 2023, il emprunte un terrain glissant quand il tombe dans la caricature et l’opposition trop systématique entre les mondes professionnels et amateurs. Le discours est connu. Teinté de populisme. Il souffle sur les braises du conflit ligue/fédé pour camper une lutte des classes en version ovale. Afin d’asseoir sa propre légitimité, Laporte fédère ainsi un rugby d’en bas qui souffre contre une élite argentée qui foulerait du pied les sacro-saintes valeurs de ce jeu.

Aussi caricaturales soient-elles, ces positions creusent aujourd’hui un fossé extrême entre deux univers qui, ne vous leurrez pas, ne pourrons jamais vivre l’un sans l’autre. L’affaire est sérieuse. Et le rugby a tant à perdre dans toutes ces affaires qui ternissent aujourd’hui son image, que le « boss » lui-même (Laporte) aurait tout à gagner en s’extirpant du combat qu’il chérit par-dessus tout, pour poser un message fédérateur. On n’espère pas autre chose de son magistère, comme on attendra un trait de lumière du Toulon La Rochelle qui s’annonce. Histoire de confirmer la tendance nouvelle d’un Top 14 porté par le jeu et le mouvement… Histoire, enfin, de dépasser le jeu si dangereux des demi-finales et de prouver que Toulonnais et Rochelais sont bien accrochés aux sommets.

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