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Destination danger !

Par Jacques Verdier
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Nous n’avons rien, Dieu sait, contre l’Afrique du Sud dans l’absolu. On conçoit même que World Rugby, dans un souci légitime d’aider les nations fortes du rugby, singulièrement en proie à de lourds problèmes financiers, à une économie continûment en berne, ait pu se poser sérieusement la question de privilégier ce pays au détriment de la France.

Mais le moment, sérieusement, est-il le mieux choisi ? Vous lirez ci-contre l’inquiétude des joueurs Sud-Africains évoluant en France concernant les violences endémiques qui agitent le pays, donnèrent lieu au « Black Monday » et qui vont, hélas, en se multipliant. 52 morts par jour au terme de violences raciales ou de simples faits divers, le chiffre est simplement hallucinant ! Nous sommes loin des romans d’André Brink, qui dans les années 1990 stigmatisait déjà les violences innombrables qui endeuillaient son pays. Je me souviens qu’en 1995, on avait recommandé à la presse française d’éviter certains endroits réputés « chauds » ; on calfeutrait les équipes dans des coins retranchés où sévissait, nuit et jour, une police armée. On nous invitait pareillement à ne plus nous arrêter à certains feux rouges de Johannesburg – comme on le recommande aujourd’hui aux femmes du pays – afin d’éviter les agressions en tous genres qui font froid dans le dos. « Ils tuent d’abord, ils volent la voiture ensuite », nous disait-on. Excessif ? Sans doute. Las, depuis, selon tous les témoignages, les choses ont empiré dans des proportions qui laissent incrédules et incitent les joueurs Sud-Africains vivant en France à tirer la sonnette d’alarme. Comment, dans ces conditions, World Rugby, peut-il s’engager de la sorte en faveur de ce pays ?

 

On nous rétorquera, à bon droit, que la Coupe du Monde de foot s’est aussi déroulée en Afrique-du-Sud en 2010, sans trop d’encombre. On ne manquera pas de nous rassurer sur les moyens mis par l’Etat sud-africain dans la multiplication des contrôles, des surveillances en tous genres, mais mesure-t-on néanmoins les risques que cela ferait courir aux supporters du monde entier dans un pays que l’on prétend à feu et à sang, où le rugby est toujours considéré comme l’émanation du pouvoir des blancs et renvoie, bien malgré lui, aux sinistres années de l’apartheid ? La chose est d’autant plus incompréhensible que dans ce monde du business qu’est devenu le rugby moderne, le choix de la France présage un jackpot autrement salvateur pour notre jeu que celui proposé par les dossiers irlandais et sud-africains. On veut bien croire que la morgue française ait pu en indisposer certains, au premier rang desquels – et c’est un comble ! — l’ancien demi de mêlée du Stade français et du XV d’Argentine, Agustin Pichot, marionnettiste incomparable qui tient dans ses mains les voix de l’Amérique latine, sur lesquelles Laporte et ses hommes comptaient plus que tout. Mais que pèsent ces jeux politiques au regard des dangers que laisserait courir, en l’état actuel des choses, une Coupe du Monde au pays des Springboks ? Poser la question, dans une certaine mesure, c’est hélas y répondre.

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