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Michael Cheika : « Il n’existe aucune recette miracle »

Par Jérémy Fadat
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    Michael Cheika : « Il n’existe aucune recette miracle »
Publié le Mis à jour
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Samedi, après la victoire de ses hommes face au Japon à Yokohama, Michael Cheika a accepté de se confier sur l’attitude à adopter pour espérer dominer les All Blacks, qu’il a battus voilà deux semaines à Brisbane (23-18).

Quelle est la méthode pour battre les All Blacks ?

Je ne crois pas qu’on puisse parler de méthode. La Nouvelle-Zélande est la meilleure équipe de la planète pour de multiples raisons. Il faut déjà être prêt à la défier. Je veux dire par là qu’on ne peut pas espérer dominer les All Blacks sans une attitude exemplaire, que ce soit dans le jeu ou dans les comportements. Cela commence par une mise en condition mentale dans la préparation, durant laquelle on se doit d’être positif et d’avoir un état d’esprit irréprochable. Si, avant la rencontre, vous vous permettez le moindre laxisme, vous serez aussitôt punis. Après, une fois que le coup d’envoi est donné, il faut savoir se sacrifier et donner le maximum de soi…

Mais sur le plan stratégique, quel fut votre secret pour dominer une formation présumée invincible ?

Très franchement, il n’y a aucune formule magique, ou aucune recette miracle, qui permette de battre les All Blacks. La meilleure preuve ? Ils ne perdent quasiment jamais. Alors si je le savais, je l’appliquerais à chaque fois (sourires). Sérieusement, le problème est simple : si vous êtes décidés à fermer le jeu, les Néo-Zélandais sont capables de le resserrer encore plus que vous et d’être redoutables. Mais ils sont aussi capables de vous attaquer au large avec brio ou encore d’occuper le terrain grâce à un jeu au pied parfait. Ces mecs savent absolument tout faire.

Le cliché veut pourtant que ce soit dans le combat qu’ils peuvent être friables…

Et c’est, à mon sens, une grossière erreur. Cette idée reçue est justement quelque chose qui les rend encore meilleurs que leurs adversaires. Vous ne pouvez pas vous concentrer uniquement sur le combat car, croyez-moi, ils sont effrayants aussi dans ce secteur et vous leur rendriez service. Ils peuvent, en une minute, vous faire la guerre puis vous sortir une action de grande classe. Les Néo-Zélandais possèdent cette capacité à réaliser des gestes et des mouvements hors normes parce qu’en termes de qualités techniques, ils ont des joueurs remarquables.

Y a-t-il tout de même un secteur dans lequel votre équipe vous avait impressionné lors de cette victoire il y a deux semaines ?

Aucun en particulier car nous l’avons été sur tous les secteurs ! Vous n’avez pas le choix pour gagner. Bien sûr, il faut être efficace dans les contests car, si ce n’est pas le cas, leur puissance naturelle va leur permettre peu à peu de prendre le dessus. Mais, sur les trois derniers matchs face aux Néo-Zélandais, je dirais que l’entame de rencontre et la première mi-temps ont toujours eu une importance considérable sur le déroulement des choses. Si je peux donner une clé pour espérer les battre, c’est de s’interdire le moindre relâchement, sinon il sera fatal. Il faut toujours rester au contact au score contre eux. C’est votre seule chance de semer le doute dans leur esprit. Si vous ne parvenez pas à le tenir, vous pouvez ramasser un 30-0 sans même comprendre ce qu’il vient de se passer…

Comment parvenir à museler Beauden Barrett, le cerveau de cette équipe ?

Là, on prend l’exemple d’un joueur mais je crois que l’approche doit être la même que lorsqu’on évoquait la stratégie globale. Je suis persuadé que la principale force des All Blacks réside dans leur système de communication. Les joueurs présents sur les extérieurs de Barrett sont toujours en contact avec lui. Quand on observe de près, on voit à quel point ils l’informent constamment : « Coup de pied ici, retour par là. » Sonny Bill Williams et Ryan Crotty, ou même les ailiers, sont aussi des cerveaux et communiquent en permanence avec Barrett. Si lui est bloqué, la zone de décision va être décalée mais, surtout, ils lui permettent de se déplacer pour se retrouver en mesure de prendre la décision. C’est d’ailleurs en cela que c’est une immense équipe. On a tendance à croire qu’il suffit d’enfermer Barrett ou encore de museler Read. C’est une erreur. Oui, ce sont des joueurs exceptionnels, les meilleurs à leurs postes. Mais s’ils n’ont pas la solution, ils vont monopoliser l’attention pour en offrir d’autres à leurs partenaires autour. N’oublions pas que la Nouvelle-Zélande est avant tout un collectif superbe, qui sait merveilleusement jouer ensemble.

Selon vous, la France a-t-elle les atouts pour l’emporter ?

C’est difficile à dire mais, à mes yeux, cela va être un match très intéressant. Malgré ses résultats, je trouve que la France grandit petit à petit dans son jeu et cela va porter ses fruits. La Nouvelle-Zélande est l’équipe dominante du rugby mondial, il n’y a qu’à voir son nombre de défaites ces quatre dernières années. On peut les compter sur les doigts d’une seule main… Mais le rugby est ainsi fait que tout peut arriver sur un match. Quand on entre sur le terrain, il y a 0-0. Contre les Blacks, il est essentiel de comprendre que, même si ce sont les plus forts, on ne part pas avec du retard au score. Je peux vous assurer que, quand on a l’habitude de jouer contre eux, on sait combien c’est difficile. Entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, c’est une formidable bataille de voisins mais c’est une chance de les affronter si souvent. Ce sont eux qui nous font mûrir et nous améliorer. Ce sera pareil pour le XV de France.

Seriez-vous prêt à miser une pièce sur les Bleus ?

 De manière générale, je ne me risque jamais à parier. Alors encore moins quand ce sont les All Blacks en face (sourires). 

 

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