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Le défi d'une vie

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Le grand match, c’est le match de tous les superlatifs. Celui qu’on ne peut que perdre et que, parfois, on gagne. Le France - Nouvelle-Zélande qui se profile, samedi, fait autant envie que peur. Ce sera surtout l’occasion pour cette génération d’écrire son histoire, pour l’instant dépouillée.

Dix, quinze, vingt ou trente ans après, on ne leur parle toujours que de ça. Ils ont battu les Blacks. C’était en 1986, en 1999, en 2000 ou en 2007. C’était parfois en Coupe du monde, d’autres en tournée. Mais qu’importe le contexte : ils ont battu les Blacks. «J’ai 80 sélections, il y a donc le choix. Pourtant, aujourd’hui encore, on ne me parle que du match de 2007. Parce que c’était en Coupe du monde, en quart de finale. Mais, surtout, parce que c’était les Blacks», témoigne en ce sens Thierry Dusautoir, qui alignait 38 plaquages il y a dix ans pour aider les Bleus à renverser la montagne noire. Un récurrence du souvenir qui agacerait presque «Titou» Lamaison, entré à la postérité un soir d’octobre 1999, en demi-finale de Coupe du monde. «Je pense avoir fait d’autres bons matchs... Mais les gens n’ont retenu que celui-là !».

Battre les All Blacks, c’est le défi d’une vie sportive. L’exploit qui marque ou qui vous manque, dans une carrière internationale. L’Irlande a mis 100 ans à y parvenir et ne s’est extirpé de cette domination absolue que dans le contexte particulier d’un match aux USA. Les Ecossais n’y sont jamais parvenu de toute leur histoire. Les Gallois n’ont réussi l’exploit que trois fois en 112 ans et 33 confrontations. Les Anglais sept fois, pour 32 défaites. Et la France? Douze fois. Et on se souvient de chacun de ces exploits, quand on oublirait presque jusqu’aux Grand chelems dans le Tournoi. C’est le paradoxe de notre rugby, si instable et ponctuellement si brillant. C’est aussi son sel. «Vu de Nouvelle-Zélande, il y a aussi une histoire particulière avec la France» commente à ce propos Michael Jones, légende all black du premier sacre mondial (1987). «On vous respecte parce qu’on vous craint. Et inversement. Vous avez su nous faire tellement de mal, par le passé».

Le problème est là. Ce passé commence à dater. Avant celle qui sévit actuellement, d’autres générations ont connu des périodes de doutes, de déceptions et de franche disette. Mais presque toutes, dans l’ère moderne, ont connu leur exploit face aux Néo-Zélandais. De la tournée 1994 au Mondial 1999, où pas un turfiste n’aurait misé sur le canasson français. Idem en 2000, 2007 ou 2009. Nos Bleus d’aujourd’hui sont orphelins de cette ligne de prestige à leur CV, celle qui change tout. «Je ne comprends pas bien ce qui est arrivé à votre rugby» s’étonnait mardi Gary Whetton. «D’un côté, ça nous soulage un peu parce que clairement, vous êtes notre bête noir. Mais paradoxalement, le XV de France, celui qu’on aime et qu’on craint, nous manque».

C’est à ce défi que se trouveront confrontés les hommes de Novès, samedi soir dans un Stade de France qui risque de juger sur pièce avant de se positionner. Faire l’infaisable, accomplir l’improbable, face à «la meilleure équipe all black que j’ai vue, dans leur période de domination la plus élevée sur le rugby moderne» (Yannick Bru). Le dessin est tactique, stratégique mais avant tout humain. «Le rugby est un sport de combat, non ? Alors, ne racontez pas ce que je vais vous dire à vos enfants mais pour battre les All Blacks, il faut être agressif. Si personne ne leur gratte les yeux et leur écrase les couilles, on ne gagnera pas». C’est rustique, peut-être hors du temps actuel, mais cela a déjà fait ses preuves. Et si les Bleus ne sont jamais aussi forts que lorsqu’on ne les attend plus, ils livreront alors le match auquel plus grand monde ne croit.

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