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Du mythe à la réalité

Par Emmanuel Massicard
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    Du mythe à la réalité
Publié le Mis à jour
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Le Racing 92 a trop longtemps lutté contre les préjugés pour ne pas apprécier à sa juste valeur le vent portant qui souffle aujourd’hui dans sa voilure, quand une bonne partie du rugby français sera à son soutien en ce week-end de rugby basque et de conquête européenne.

Vous en conviendrez, ce n’est pas anodin pour qui fut, de longs mois durant, la cible préférée des critiques. L’adversaire à abattre même, quand les millions et l’ambition débordante de Jacky Lorenzetti firent trembler notre monde ovale comme Guazzini à Paris ou Boudjellal à Toulon lui avaient fichu la trouille quelques années auparavant. 

Les mouches ont changé d’âne, et c’est aujourd’hui le MHR de Mohed Altrad qui est dans le collimateur : l’ovni héraultais porte une bonne part de cet héritage commun et, à l’image de ses prédécesseurs, il devra gagner un titre pour casser l’image subversive qui lui colle à la peau et qu’il se plaît tant à cultiver.

Le Racing, lui, a déjà payé pour apprendre. Champion de France en 2016, il est rentré dans le rang, redevenu un club presque comme les autres avant de s’attaquer à l’ogre du Leinster en quête d’un titre européen qui pourrait finir d’asseoir sa légitimité. Ce n’est finalement que le juste retour des choses pour une équipe qui a tant changé cette année, passant du cloaque de Colombes au synthétique de l’Arena. Du mythe à la réalité, et du passé au présent.

En fait, tout fonctionne comme si le club francilien avait basculé dans une nouvelle ère, cassant ses propres codes rugbystiques pour s’ouvrir à un jeu nouveau et résolument moderne. Oubliant la rusticité et le poids de son pack pour embrasser le grand mouvement, en quête d’espaces et de passes, grisé par la vitesse, la puissance, le culot et le talent de ses joueurs. Tout cela ne doit rien au hasard : c’est ici le premier des retours sur investissement offert par la salle de spectacle qui accueille désormais les matchs du Racing à La Défense, quand les Stones, Beyonce ou Jay-Z ont arrêté d’y chanter.

Au chaud, sans les aléas climatiques et sur un terrain qui ressemble à un billard, le rugby change forcément de dimension : plus rapide, plus nerveux, avec un ballon parfois accéléré comme une boule de flipper… Si certains peuvent regretter qu’il soit ainsi « aseptisé », on se dit que ceux de nos dirigeants qui aimeraient tant voir valser les saisons pour en faire un sport d’été feraient mieux de le mettre sous cloche.

Le Racing semble enfin avoir trouvé son bonheur et l’on se dit qu’il n’a pas fini de nous surprendre même si, ce week-end à Bilbao, il jouera à l’air libre, mais sur une pelouse « hybride » qui ressemble à celle de Vannes et Clermont, où les partenaires de Nyanga l’ont emporté récemment. À l’air libre, et très certainement sous la pluie du Pays basque, comme rattrapés par la réalité du rugby de toujours. Mais pour toucher à son rêve et malgré toutes ses promesses, le Racing pourra compter sur cette défense qui reste l’atout maître du tandem Labit/Travers, son assurance tous risques. Parce que rien ne change jamais totalement et parce qu’il nous reste toujours quelque chose de notre histoire… Parce qu’au moment d’offrir la plus royale des sorties au maestro Dan Carter, il est trop tard pour calculer…

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