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Guérir pour mieux revenir

Par Simon Valzer
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Publié le Mis à jour
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Le rythme du rugby français de haut niveau est tel que la blessure devient le seul moment dans la saison où les joueurs peuvent travailler physiquement de façon correcte. Un constat fou mais bien réel.

La blessure fait partie de la carrière d’un joueur. Presque un passage obligé, tant le rugby a gagné en intensité sur des saisons toujours plus longues. Ce constat est d’autant plus vrai en France, où certains de nos Bleus peuvent disputer jusqu’à 34 rencontres, comme ce fut le cas du Rochelais Uini Atonio. Un rythme effréné qui n’est pas sans inquiéter les préparateurs physiques du Top 14 à l’image de Gilbert Gascou, en poste au Racing 92 : "Les Irlandais jouent 21 matchs par an, les Néo-Zélandais 24 à 25 maximum, le tout avec trois mois de préparation. Nous, on a six semaines. On manque de temps pour préparer les joueurs, les aider à se protéger des blessures et encore plus pour les développer, les faire progresser. C’est terrible à dire mais la blessure est le moment de la saison où l’on travaille le mieux avec le joueur."
 
 
Le constat paraît presque invraisemblable, mais il est réel. Le rythme du rugby français est tel qu’il ne laisse même plus le temps à ses athlètes de se préparer correctement. En attendant que les choses changent, les acteurs s’adaptent. Et préfèrent identifier une blessure comme une opportunité de mieux travailler plutôt qu’un coup d’arrêt. Gascou encore : "Bien sûr, la blessure limite notre marge de manœuvre : par exemple, on ne va pas pouvoir programmer beaucoup d’aérobie si le joueur s’est rompu les ligaments du genou. Mais l’on peut prévoir de travailler sur les parties du corps non lésées, pour développer des points faibles ou entretenir des points forts. Ainsi, une fracture de la cheville n’empêche pas de travailler le renforcement le haut du corps, ou un travail fonctionnel au niveau des épaules s’il y a des fragilités à ce niveau." Ou quand la blessure devient presque nécessaire pour achever un travail de rééducation antérieur ou anticiper une autre blessure… Un raisonnement ubuesque, mais encore une fois bien réel.
 

Suivi et accompagnement, les clés de la réussite

 
Il n’en reste pas moins qu’une blessure est un moment critique : "Même si cela fait partie de notre quotidien et de celui des joueurs, une opération chirurgicale est un moment délicat. Quand on opère, on modifie des choses à l’intérieur du corps qui changent le schéma corporel. Après une opération du genou, un joueur doit apprendre à recourir. C’est là que la collaboration entre l’ensemble des intervenants dans le processus de guérison est déterminante c’est-à-dire le chirurgien, le docteur, les kinés et les prépas. Si le joueur sent que tout le monde communique bien autour de lui et que son programme est cohérent, cela va énormément l’aider psychologiquement. Cette partie psychologique n’est d’ailleurs pas inscrite dans nos missions de préparateurs physiques mais elle est essentielle : quand on réathlétise un joueur, on passe toute la journée avec lui. Le rapport à lui est très fort. Nous ne sommes ni psys ni préparateurs mentaux, mais on anime, on porte les individus même si certains ont plus besoin d’être pris en charge que d’autres."
 
 
Le Racing 92 compte trois Bleus en rééducation : Maxime Machenaud, Brice Dulin et Virimi Vakatawa. Les deux premiers ont été opérés des ligaments croisés du genou tandis que le centre tricolore a subi une opération au niveau des adducteurs et les préparateurs physiques se veulent prudents sur une date de retour : "Les "croisés" comme on dit peuvent prendre de six à quinze mois, selon la gravité de la lésion et la réaction du joueur au traitement. On ne veut donc pas fixer de date qui mettrait la pression au joueur", assure Gascou. En attendant, les trois hommes auront le temps de travailler d’éventuels points faibles par ailleurs pour revenir plus fort.

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